Guerd. Pénoplée ne souhaite pas se joindre à nous, elle me prend juste en aparté un moment pour m'indiquer qu'elle profite que je sois occupé pour aller rendre visite à sa mère pour les trois jours suivant. Elle me quitte sur un baiser, que je fais prolonger en la retenant un instant. Elle sourit et s'en va, me faisant un dernier signe de la main. Nous étions à l'écart et Naoma n'a pas assisté à la scène, mais elle se pose déjà des questions :
- C'est qui cette nana, pourquoi elle te parle en privé ?
- C'est Pénoplée, c'est elle que nous avons vue en premier en arrivant ici, et ensuite nous sommes restés proches.
- Proches comment ?
- Je te raconterai toute l'histoire, mais pour l'instant, je pense qu'il est temps que tu prennes tes premiers cours de langue.
Le repas est consacré aux premiers mots de vocabulaire de Naoma. Elle est curieuse d'apprendre, et le repas se prolongeant, elle connaît déjà les formules de politesse principales et deux trois phrases quand, sans doute presque trois heures plus tard, nous quittons la table pour une balade sur le bord de mer. Le temps est couvert et il ne fait ainsi pas trop chaud, appaisé par une petite brise rafraîchissante.
L'après-midi est de nouveau consacrée au récit, ponctuée par quelques baignades et autres batailles dans l'eau chaude de la mer, un peu moins chargée en poisson que celle proche de notre cratère d'accueil, mais tout aussi bleue et magnifique. Arrivée au bout de la plage de sable, nous nous asseyons pour continuer l'histoire, jusqu'au soir naissant où nous reprenons la route du village. Le soir Naoma est presqu'au fait de toute la partie où elle était encore là. J'ai volontairement occulté la discussion que nous avions eu en nageant elle et moi quand nous avions rejoint la mer la première fois. Et sur un accord via une communication privée avec Erik, je lui ai expliqué que je détaillerai la discussion que j'avais eu avec elle avant notre départ un peu plus tard, sans mentionner comme il me l'avait demandé sa déclaration à Naoma. Ces bracelets sont tout de même un merveille, pouvoir discuter en seul à seul avec une personne sans que personne
autour ne le sache, c'est formidable. Un peu dérangeant, toutefois, d'avoir l'impression de cacher des choses, mais Erik et moi ne voulons que le bien de Naoma.
Pour le dîner, que nous prenons chez Erik, en compagnie de Guerd et deux autres villageois que nous avons invités au passage, Naoma récite ce qu'elle a retenu de son cours du midi, mais elle s'emmêle un peu, ce qui est plus que compréhensible après cette journée quelque peu dense en information. Elle est en forme, toujours aussi attendrissante, je suis vraiment heureux de la retrouver, Erik aussi, et finalement je me demande nous ne pourrions pas nous accommoder tout trois de ce petit coin de paradis.
Nous nous quittons à une heure somme toute correcte, Naoma laissant entrevoir des signes de fatigue. Nous laissons tout ce beau monde et traversons les dix mètres qui nous séparent de mon chalet. Nous avons convenu que Naoma dormirai chez moi ce soir, Erik fait un peu durer la séparation puis rentre chez lui. Nous nous retrouvons tous les deux, au calme.
- Dis moi, Guerd et Erik, il y a quelque chose entre eux ?
Je feinte la surprise et passe pendant ce temps un coup de fil à Erik. Naoma poursuit :
- Et bien j'ai l'impression que Guerd, en tous les cas, elle est assez proche de lui, et il m'a semblé qu'ils se sont pris par la main à un moment avant le repas.
Erik n'est pas opposé à ce que je dise la vérité à Naoma, il ne veut pas se cacher de toute façon. Je reste néanmoins assez flou.
- Oui je crois qu'ils sortent ensemble, peut-être, mais c'est plutôt du ressort de Guerd qui tourne autour d'Erik depuis que nous sommes arrivés.
- On voit qu'elle ne le connaît pas vraiment, franchement je ne sentirais pas de sortir avec un voyou pareil.
Ah, ironie du sort ! Voilà donc à quel point nos avis peuvent changer du tout au tout en quelques jours... Sa remarque me fait sourire, elle m'attriste aussi un peu pour Erik...