enfin d'un peu de calme. Il fait un peu froid comme dans tous les avions mais je me tiens bien au chaud sous mon poncho. J'accepte avec plaisir les boissons chaudes qui me sont proposées, ainsi qu'un frugal encas. Je remets un peu d'ordre dans ma tête. Comme si je digérais avec beaucoup de temps de retard ce que m'a raconté Juan et le reste de la journée. Pauvre Juan. Moi qui était censé l'aider, je crois que je lui ai plutôt porté la poisse.
Je n'ai finalement pas appris grand-chose sur cette organisation par rapport à ce que je savais déjà. J'ai toutefois désormais la certitude qu'elle tente bien de contrôler d'une certaine façon le pouvoir établi, et se trouve dans de nombreux pays, comme le suggéraient les cahiers traduits par David. Pauvre David. Je me rends compte à quel point toute cette histoire devient tragique... Je continue néanmoins ma synthèse. Heureusement je suis maintenant persuadé que je possède dans cette organisation des alliés, des personnes qui pensent que je peux les aider à la démanteler. Par contre, je ne sais toujours pas en quoi je suis vraiment utile, ou en quoi ils pensent ou croient que je peux l'être. Ils risquent de ne plus trop me venir en aide s'ils s'aperçoivent que je ne sais rien. L'organisation de son côté aura sans doute tout aussi intérêt à me liquider maintenant que je commence à avoir plusieurs informations à son sujet. Je devrais peut-être alors à l'avenir jouer le jeu si je suis de nouveau en contact avec des personnes qui pensent trouver en moi leur sauveur. Je reste pensif quelques instants, puis ressasse le reste des événements. Je suis très intrigué par cet homme qui m'a attaqué après la fusillade. Qui était-il ? Juste un maraudeur qui voulait piller les corps de Juan et de ses camarades, et qui ne voulait pas que je le reconnaisse ? Ou un de mes poursuivants, qui voulait s'assurer que j'étais bien mort ? Je regrette de ne pas avoir pris le temps de le fouiller avant de partir. Il n'est pas très vraisemblable qu'il fût juste un maraudeur, peut-être plus justement un gars de la même trempe que ceux qui nous ont attaqué et qui devait s'assurer que le boulot était bien terminé... Mais pourquoi ne pas avoir utilisé d'arme ? Mystère...
Plongé dans mes pensées je pense subitement à ma pierre. L'ai-je toujours ? Elle me sort plus facilement de l'esprit depuis que je peux me passer du bracelet sans avoir à la tenir continuellement dans ma main. Je farfouille dans ma poche et la retrouve avec soulagement. J'imagine sans aucun doute que ce n'est que le pur fruit
de mon imagination, mais en la serrant fort dans ma main, j'ai comme une bouffée de chaleur, de réconfort. Mes douleurs s'estompent, et je m'endors alors rapidement, avec elle, en oubliant un peu tous mes soucis.
La descente vers Los Angeles me réveille. Je me redresse et range ma pierre dans ma poche. Je me sens un peu mieux, mon court sommeil et le goûter servi par les hôtesses m'ont redonné un peu de forces. J'ai toutefois encore très mal à l'épaule. Les soubresauts de l'atterrissage me réveillent tout à fait, je retiens quelques exclamations de douleur. Au changement d'avion à Los Angeles, je me dirige rapidement vers la porte pour le vol vers Sydney et je fais en sorte de me faire tout petit pour les quelques heures d'attente. Je pourrais faire un tour dans les boutiques, et changer mes habits complètement souillés de sang, mais je n'aspire qu'à une seule chose, c'est monter dans l'avion dès que possible.
Ah mais cela aurait été trop beau... Je sommeille plus ou moins quelque temps, tentant tant bien que mal de rester un peu attentif aux mouvements de la foule, quand soudain je suis tiré de mes pensées car je remarque, un peu trop tard, deux personnes en costume gris se dirigeant dans ma direction, l'air plus qu'inamical. Ce ne pourrait être qu'un hasard mais je prends peur et par prudence je me lève pour partir dans la direction opposée. Manque de chance un de leurs camarades posté là me saisit. Je me débats, lui donne un coup et crie à l'aide. Les gens se retournent. Alors un des hommes montre sa plaque et explique que tout va bien, qu'ils procèdent simplement à une interpellation. Les deux hommes me tiennent, et j'ai beaucoup de mal à bouger avec mon épaule gauche qui m'est très douloureuse.
Je me concentre quelques instants, laisse s'apaiser un peu la douleur pour me préparer à avoir de nouveau très mal quand je vais me décider à tenter de m'échapper. Mais à ce moment-là deux autres hommes arrivent. Ils n'ont rien de particulier, deux civils, plutôt grands. Ils s'approchent des trois hommes, qui étaient en train de m'emmener, et leur demandent de me laisser. Les trois hommes sont surpris et font signe à ces deux personnes de s'éloigner et de les laisser faire leur travail. Les deux hommes refusent et leur redemandent de me laisser. Énervé l'un de mes agresseurs sort sa plaque et explique qu'il fait partie de la CIA et que s'ils ne se