partons, au pas de course, derrière Énavila qui continue à imposer son rythme effréné. Le paysage change légèrement, le relief est de moins en moins important, et de nouveaux types d'arbres apparaissent. Après plusieurs heures de marche nous devons faire un large contour pour pouvoir continuer à suivre le fleuve, un éboulement géant en a changé le cours, et cela semble assez récent. Des centaines d'arbres ont été déracinés et possèdent encore leur feuillage jaune, suggérant que la catastrophe s'est passés il y a peu. Le cours du fleuve a été barré par l'éboulement, créant une sorte de barrage entraînant la formation d'une retenue d'eau relativement conséquente. La vallée, pourtant large, est complètement sous les eaux, et il nous faut remonter sur les flancs de la montagne pour pouvoir passer par dessus le tas de roche et de pierres. C'est un pan entier de la montagne qui s'est effondré, et notre progression est beaucoup plus difficile dans l'immense pierrier ainsi formé, d'autant que des arbres déracinés bloquent souvent le passage. Finalement, nous arrivons à trouver un chemin vers le lit du fleuve, presque sec. Le fleuve n'a semble-t-il pas encore suffisamment remplie la vallée pour passer par dessus l'éboulement, et seul quelques filets d'eau s'échappe de ce nouveau barrage naturel. Espérons qu'il ne cède pas alors que nous suivrons le cours du fleuve...
Le temps perdu à contourner l'éboulement est gagné par la suite, car la marche dans le lit du fleuve est facile. Nous n'avons pas vraiment quoi que ce soit à rattraper, mais nous accélérons quand même naturellement le pas comme pour récupérer le temps perdu, pour ne pas prendre du retard sur la distance que nous aurions hypothétiquement parcourue si cet éboulement n'avait pas eu lieu.
Mais cette course ne fait que nous épuiser d'autant plus vite, et après six heures de marche Sarah jette l'éponge et s'arrête. J'aurais pu marcher encore une heure ou deux, mais dans la mesure où nous ne savons même pas où nous allons quel importance de s'arrêter maintenant ou plus tard. Énavila voudrait encore continuer, mais nous parvenons à la dissuader d'aller plus loin pour nous attendre ensuite.
- Il fera jour dans combien de temps, deux jours environ ?
- Oui, je pense, me répond Sarah. D'ailleurs il vaudra mieux qu'on remonte un peu vers les hauteurs, demain, pour trouver une
cache, il jamais je barrage cède, on sera en sécurité.
- Il peut céder à tout moment, lui réponds sèchement Énavila, c'est pour ça qu'on ferait mieux d'avancer.
- Je suis fatiguée, OK ? J'en peux plus, continue si ça te fait plaisir, mais moi je me repose un moment.
- Coupons la poire en deux, leur dis-je en tentant de calmer la situation, on mange un bout, on dort deux sixième, et on repart.
Qui ne dit mot consens, et avant que je ne décide, Énavila part déjà chercher à manger. Je récupère ou découpe du bois pour le feu, j'avoue que de transformer ces barres en épée pour découper des branches m'amuse comme un petit fou. D'un autre côté j'ai toujours eu une préférence génétique pour le coupage de bois, je pense que bûcheron est sans doute le métier qui me convient le plus, quoique je ne crache pas sur boulanger.
Nous reprenons un peu le moral, voilà trois jours que nous n'avons pas été attaqués, les barres et les combinaisons rendent la chasse et la confection du feu un jeu d'enfant.
- Ça serait cool qu'on trouve des trucs à mélanger avec ses bestioles.
- Comme ? demande Énavila.
- Je sais pas, du sel, des légumes ?
- On peut peut-être en récupérer dans nos urines, fait remarquer Sarah.
- Si on en mange pas tu crois qu'on en pisse ? lui lance Énavila.
- On doit bien en manger un peu dans ces bêtes, dis-je, mais de toutes façon c'est plus des fruits et des légumes qu'il nous faudrait pour améliorer notre alimentation.
- Je n'en suis pas sûre, rétorque Sarah, vous avez sur Terre un rapport à l'alimentation assez étrange, nous n'avons pas vraiment