très malin de sa part car Énavila l'attrape et lui arrache des mains, le garde hurle, d'autres gardes arrivent.
"Rend-lui la lance, ne fais pas d'histoires, pas encore, tu as un bras et une jambe cassés, s'ils te tabassent ils peuvent compromettre ta guérison."
Énavila m'écoute et rend la lance au garde, et se recule en signe de soumission.
"Salopard, je me ferai cet enfoiré, je lui embrocherai le cerveau par le trou du cul !"
Une fois Énavila calmée et les gardes repartis, je reprends mon activité de triage, récupérer la nourriture et l'entreposer dans un coin à peu près sec. La bouilli n'est pas qualifiée de trop mauvaise par le bracelet, même si elle a un goût prononcé de papier mâché.
"Il vaut mieux manger la viande d'abord, c'est ce qui va se perdre le plus vite, commente Sarah, la bouillie semble à base de plantes, de céréales ou de racines, elle devrait se conserver plus longtemps."
Nous nous efforçons alors chacun de classer et protéger les restes qui ont été lancés. Je rechigne un peu à récupérer dans l'eau cette immonde bouilli, mais je me dis que je n'aurais peut-être plus que ça à manger dans quelques jours. Une fois mon garde-manger constitué, je passe presque autant de temps à nettoyer le sol de ma cellule, pour garder un minimum de propreté et éliminer toute les traces de nourritures que je n'ai pas pu ou pas voulu ramasser. J'évacue le tout par la rigole, en poussant de l'eau pour que tout soit emporté.
Cette nourriture est infecte, et ma faim ne suffit pas pour me forcer à manger ces os puants. J'en ai la nausée.
"On ne tiendra jamais ici s'ils ne nous filent que ça à manger."
"J'ai déjà tenu quatre jours, mon pote, alors prends-en de la graine."
"Eh oh ! J'ai pas glandé en quatre jours, j'ai fait que courir, je me suis fait attaquer par ces cons de singes, alors ne la ramène
pas trop."
Quatre heures s'écoulent, Énavila marmonne de rage dans son cachot, Sarah ne dit pas un mot, et moi je tente de m'occuper tant bien que mal, mais mis à part tenter de dormir ou faire un peu d'exercice, je n'ai guère d'imagination. Énavila a tenté à plusieurs reprises de tenter d'ouvrir la serrure, avec la barre, celle-ci devrait pouvoir prendre la forme de la clé adéquate, mais apparemment le système est un peu compliqué, et le bruit du fer ne manque pas de faire venir siffler le garde a chaque fois ; c'est mal barré...
"Il va falloir qu'on se casse d'ici ! nous répète sans cesse Énavila, moi je vais devenir folle !"
"Tant qu'il fait jour c'est une mauvaise idée, et puis où irons-nous ? lui réponds finalement Sarah."
"J'en sais rien, mais on ne va quand même pas crever ici ?"
"Maintenant nous avons la certitude qu'ils ne veulent pas nous laisser mourir, lui dis-je, ils nous nourrissent."
"Ils nous nourrissent tu parles ! Leur bouffe gerbante ! Leurs restes ! Qu'ils crèvent ! Ah si seulement je n'avais pas mon bras et ma jambe cassé, je resterai pas comme vous à glander !"
"Ah ouais ! Et tu ferais quoi, tu défoncerais les grilles ?"
"Déjà je ne serais pas venu m'enfermer connement ici ! Ah si seulement je vous avez laisser crever ! Au moins je me serai pas fait attaquer par ce foutu dragon, et je serais loin alors."
"Tu serais exactement au même point, dans ce cachot, idiote !"
"C'est ça ouais ! Connard, minable !"
J'arrête là notre conversation constructive et retourne à mes occupations...
Jour 401