page 40 le patriarche 41

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Samedi 24 août 2001

Samedi 24 août 2001, 11 heures 41. Le Soleil brille, le monde tourne, mais où est-ce que je vais vraiment ? Le temps passe et s'en va et je souffre comme je m'amuse. Il est dur de faire confiance, il est dur de croire, il est tellement dur de ne pas savoir, et de devoir se rassurer, s'inventer des histoires, des raisons... La révolte est un choix facile. Où êtes-vous quand vous êtes loin de moi ? Que faites-vous, pensez-vous encore à moi ? L'égoïsme tue, tout autant que l'orgueil, la peur de ne pas être reconnu, de ne pas être aimé. Mais que m'importe, finalement, si tu m'aimes ? Qu'y gagnerai-je, irai-je plus loin, serai-je plus fort, ou perdrai-je mes forces dans des efforts vains ? Tous ces instants où je ne veux que te serrer dans mes bras ne seraient-ils pas mieux utilisés à construire autre chose, à aider d'autres gens ? Mais peut-on aider d'autres gens par simple dévouement, peut-on apporter l'amour sans le connaître ? Peut-on comprendre la souffrance si on ne la ressent pas soi-même ? Le mal est nécessaire en cela qu'il nous donne la force de l'appréhender.

La tristesse est indispensable, c'est un peu comme la nuit. Il n'y aurait pas de jour s'il n'y avait pas de nuit. Elle est peut-être même plus forte que la joie, car du désespoir naît la force de le combattre, d'avancer, de changer les choses. Au contraire, qui voudrait changer le bonheur ? Qui voudrait prendre le risque de tuer sa joie ? C'est souvent de cette tristesse que la force vient, que l'espoir existe, que la volonté se forge. Pleurer de temps en temps c'est comme se reposer après un long combat, cela donne des forces, cela donne de quoi repartir, recréer la volonté.

11 heures 58, le Soleil brille.

L'homme a besoin d'être triste, de temps en temps. Tout le monde est triste, à un moment ou à un autre. Le refuser, le cacher, ne pas le reconnaître revient à refuser sa nature.

Mais en quoi retrouver la force et l'espoir, quelle est cette voie qui fera se relever encore et encore, quel est ce but qui donne pour toujours la volonté de ne jamais céder, ne jamais baisser les bras ?

Qu'attendre du futur, qu'en vouloir ? Que m'importe le bonheur des autres, finalement ? Le mien y est-il si intimement lié ?

12 heures 13, le Soleil brille toujours, et les réponses et les questions vont et viennent.

La satisfaction d'essayer de faire de son mieux, de ne pas trahir, de ne pas avoir de rancune, de ne pas faire des choses par vengeance, est une joie qui, si elle n'est sûrement pas intense, apporte cette sérénité permettant de regarder en arrière, peut-être pas sans rien à se reprocher, mais au moins sans trop de remords...

12 heures 37, le temps me manque, la force de ne pas s'arrêter. Le temps me manque. Je ne t'oublie pas, et le temps me manque. Le Soleil brille pourtant, sûrement encore pour quelque temps, mais qui sait ? Quelles sont nos erreurs, nos faiblesses ? Combien de temps cela tiendra-t-il encore ? Les choses peuvent-elles réellement changer ? Que puis-je faire, que fais-je ? Qui m'écoutera, qui me croira ? Et ne suis-je qu'une âme perdue parmi tant d'autres ? Mais qu'importe, qu'importe après tout la vérité, personne ne l'aura jamais.

Me faut-il vraiment être seul pour voir cela, pour avancer, pour ne pas perdre de temps. Me faut-il vraiment être seul pour comprendre votre détresse. Le Soleil brille. J'ai peur, tellement peur que tout cela ne porte jamais ses fruits, que mes faiblesses, mes défauts, mon égoïsme, ne me laissent couché à terre alors qu'il me faut tellement de force. Dois-je perdre mon sang, dois-je tuer mes envies, mes plaisirs, mes vices, pour espérer être quelque chose, pour être écouté ? Mais qui écoute la perfection, je ne l'écoute pas, elle n'est pas moi, ne le sera jamais, à quoi bon ?

Peut-être me faut il un bourreau, peut-être me faut-il être puni pour comprendre. Peut-être que dans l'aisance ne naît que la futilité, que je ne comprendrai jamais votre détresse dans mon monde de luxe et de facilité, dans mon quotidien d'une routine aisée.

Peut-être que j'ai besoin de vous, peut-être que jamais sans vous rien de bon ne sortira de moi...

La trace du présent souvent s'enfonce dans le flou à trop s'y