Monterrey. Ce qui ne m'enchante guère, ils doivent bien se douter que je vais aller à Monterrey une fois au Mexique...
- Tu es dur, ça nous permettrait peut-être de passer une nuit supplémentaire ensemble, en amoureux en vacances au Mexique, t'imagines ? C'est peut-être dangereux mais l'occasion ne se représentera sûrement pas de sitôt ! Et puis pourquoi ils devraient plus se douter que tu irais à Monterrey qu'ailleurs, au contraire, Monterrey c'est une grande ville, ils doivent plus penser que tu vas passer par les petits bleds.
Elle parvient à conserver le sens de l'humour malgré la situation. Je crois que je l'aime vraiment bien. Je ne sais pas trop si elle s'est vraiment attachée à moi ou si ceci n'est qu'un prétexte pour la sortir de son quotidien. J'espère néanmoins que j'aurai l'occasion de la revoir une fois toutes ces histoires terminées. Si jamais elles se terminent... Nous ne nous attardons pas et repartons pour Monterrey. Nous n'y arrivons que tard et ne tentons même pas l'aéroport pour le soir. J'imagine que ni elle ni moi ne voulons vraiment nous quitter tout de suite. Ce sera peut-être une erreur mais qu'importe. Nous trouvons un petit hôtel tranquille en périphérie.
Je ne parle pas très bien espagnol. Mes cours du lycée et de mon école d'ingénieur sont un peu loin. Je pense toutefois le comprendre à peu près, même si ma compréhension dépend grandement de l'accent de mon interlocuteur, et de sa vitesse d'élocution. Deborah, elle, le parle couramment, et se charge de demander une chambre et d'en régler la note à l'avance, sachant que nous partirons de toute évidence très tôt le lendemain matin. Les dollars américains sont plutôt bien acceptés dans le coin. Mais en réfléchissant je me demande s'il y a un endroit où ceux-ci ne le seraient pas. L'hôtel n'est pas génial, pas plus que le quartier, mais nous devrions être tranquilles par ici, au moins par rapport à ceux qui me suivent. Je suis épuisé. La courte nuit précédente avec Deborah, et la journée des plus tumultueuses ont eu raison de moi. Je passe en éclair à la salle de bain, pour m'apercevoir que j'ai encore des taches de sang de l'homme qui nous a interpelés sur la 35 en direction du Mexique. Deborah en a reçu bien plus que moi, étant juste à côté de lui au moment où il a reçu la balle. Nous nous couchons ensuite, et nous nous endormons en quelques secondes, dans les bras l'un de l'autre, sans même vraiment profiter
de cette dernière nuit ensemble. Il n'est pourtant pas si tard, 22 heures tout au plus.
Mardi 10 décembre 2002
C'est Deborah qui me réveille en me secouant doucement au milieu de la nuit. Elle me dit à voix basse que quelqu'un vient de frapper à la porte. Le temps que je reprenne mes esprits on frappe de nouveau. Il est 5 heures passées du matin. Nous sommes le vendredi 15 novembre. Deborah s'est levée et est allée voir par la lorgnette de la porte qui pouvait bien frapper. Elle revient, et m'explique qu'il y a trois personnes devant la porte. Elles frappent une nouvelle fois, en insistant plus. Je vais à mon tour vérifier par la lorgnette. Il ne faut pas longtemps avant que notre ventre se noue et que nous soyons bien réveillés, nous avons peur tous les deux. Deborah m'indique que nous pourrions partir par la fenêtre, l'escalier de secours n'étant pas très loin sur la gauche, nous pourrions sans trop de mal sauter pour l'attraper. Les personnes frappent encore plus fort. Deborah répond en espagnol, faisant mine de se réveiller. Elle demande qui frappe et pour quelle raison. Un homme répond qu'il désire parler avec le dénommé Ylraw, que c'est urgent et important. Je me rapproche de Deborah, et lui parle doucement à l'oreille.
- Bon, on fait quoi ?
- Franchement ils ne m'inspirent pas confiance, moi je suis pour qu'on se tire en douce.
- Tu as raison, je n'ai pas envie de prendre de risques, on ramasse nos affaires et on se casse en vitesse. Fais-les un peu patienter en leur racontant je ne sais pas quoi.
Tout se passe alors très vite. Nous ramassons nos rares affaires et nous habillons en très peu de temps. Deborah leur demande de patienter quelques minutes, le temps de se lever et de s'habiller. J'ouvre alors la fenêtre, mais les escaliers sont plus loin que je ne le pensais quand Deborah me l'a dit. Malheureusement, la fenêtre de la salle de bain, qui se trouve plus proche, est trop petite pour que nous puissions espérer y passer. Deborah me presse et je me lance vers les escaliers de secours en métal, caractéristiques de tous les immeubles dans tout bon film américain, ou mauvais,