l'importait. Ils étaient arrivés devant la première adresse, mais la porte était toujours fermée.
- Non, rien... Bon, on va faire un petit tour sur la plage ?
Carole avait plus envie de ne pas perdre de temps.
- Tu ne préfères pas qu'on rentre, les documents de Fabrice doivent être arrivés, maintenant.
- Il fait tellement beau, ce serait bête de ne pas faire juste un tour, non ?
Carole en avait envie, même si elle était aussi impatiente d'en découvrir plus sur cette histoire :
- Bon, OK, ça me laissera le temps de prendre mes notes, je n'ai pas voulu trop écrire devant Élisabeth, et puis j'étais tellement passionnée par son histoire.
- Oui, l'histoire d'Étienne est vraiment bizarre, cette histoire de guerre, c'est dingue.
- Surtout d'imaginer que cette Seth a vraiment participé aux mutineries, et le fait qu'Étienne ensuite soit allé à Paris. C'est des trucs comme ça qui me font penser que ce n'est pas banal, il y a trop de choses pas normale pour que ce soient juste des coïncidences.
Thomas et Carole se dirigèrent vers la plage, demandant à un passant le chemin le plus court vers la promenade des Anglais. Il y avait un peu de vent mais il faisait très beau, et même chaud. Thomas ne put résister à s'acheter une glace, et Carole insista pour qu'ils s'arrêtent un moment, de façon à ce qu'elle puisse prendre des notes. Ils s'assirent sur l'un des nombreux bancs en face de la plage, à deux pas d'un groupe de jeune qui s'exerçait aux rollers en sautant avec un petit tremplin une barre déjà au moins aussi haute que Carole.
- Tu as vu ça, les gamins n'ont pas dix ans et ils sont déjà capable de faire des trucs dingues !
- Oui, bah, ils font ça toute la journée, rien d'étonnant, avec un peu d'entraînement on devient vite balaize, d'autant qu'ils sont
jeunes, ils apprennent vite.
- Oui, c'est d'autant plus dommage que cela ne leur servira probablement à rien, et qu'ils seront peut-être nuls à l'école pour finir dans un métier minable, alors qu'ils sont capables de prouesses.
- C'est clair, mais on a pas vraiment besoin de millions de champions de roller.
- C'est sûr, mais ce que je veux dire c'est que si l'École fournissait à ces gamins de quoi s'éclater, ils pourraient se donner à fond et faire des choses géantes plutôt qu'à être considérer comme des cancres et des minables.
Thomas s'était allongé sur le banc, il était si bien sous le soleil.
- Qui te dit qu'ils sont des cancres ou des minables ?
- Oui, j'en sais rien, mais c'est plus l'image que donne l'école aujourd'hui, soit tu rentres dans le moule, soit tu n'es qu'un bon à rien. Alors que je suis persuadée que la plupart des gamins pourraient être extrêmement doué si on prenait le temps de comprendre ce qui les motive et ce dans quoi ils excellent.
Carole resta pensive un instant...
- Tu étais bon, en cours, toi ?
- Moyen, disons que je me débrouillais pour passer dans la classe supérieure.
- Passer dans la classe supérieure, c'est tout ce qui importe, en effet, comme si nous étions tous identiques dans le gentil troupeau qui doit suivre la voie toute tracée...
- Tu étais bonne, toi ?
- Oui, j'étais bonne, très bonne même, j'étais toujours première, sauf en prépa, mais je me débrouillais quand même. J'ai bossé, bossé, bossé en espérant que ça me mènerait quelque part, et finalement je fais un métier que j'aurais pu commencer à 16 ans. J'ai