quoi il est bon de se donner des réflexes de temps en temps. Quoique, réflexion faite, elle ne va sans doute pas beaucoup m'aider à sortir d'ici. Je ne lui connais pas de vertu d'ouverture de porte... Après quelques instants sans idée, résigné, je décide d'inspecter plus en détail les deux cadavres.
Celui qui se trouvait dans le fond était recroquevillé sur lui-même, dans une position foetale. L'autre, qui était étendu sur moi, avait les bras repliés sous lui mais pas les jambes, comme si la combustion avait été plus rapide. Ce dernier est vraiment complètement carbonisé, alors que l'autre a une partie du bas des jambes encore en bon état, si je puis dire. Il semblerait que ce soient leurs bras qui aient le plus souffert. Un peu comme s'ils avaient touché quelque chose. C'est vraiment très impressionnant. Je ne comprends pas, comment se peut-il qu'ils soient dans cet état et que je n'aie rien, j'aurais dû brûler avec eux ? Peut-être sommes-nous trois prisonniers dont il veulent se débarrasser et à qui ils ont fait prendre un poison qui n'a pas eu d'effet sur moi ? Ou peut-être n'en ai-je pas reçu ? Ils n'ont simplement pas eu le temps de me l'administrer, et ils se sont contentés de me charger endormi à l'intérieur avant de nous emmener je ne sais pas où. Peut-être pour jeter le camion dans la mer ou dans un précipice ? Je ne pense pas qu'ils soient morts avant de monter dans le fourgon, ils n'auraient pas leurs vestes dans le coin si c'était le cas. Mais alors à qui sont ces pistolets ? Ce n'est pas logique de nous enfermer avec des armes si nous sommes tous les trois des condamnés. Mon interprétation ne tient pas. Ces gars-là devaient avoir des armes pour me surveiller ou même pour se débarrasser de moi. En effet l'un des revolvers a un silencieux vissé à son bout. Ils avaient peut-être un poison à m'injecter, et ont commis une fausse manipulation et l'ont respiré ou touché par erreur ? Ou alors n'étais-je pas endormi. Peut-être que je ne me souviens pas, mais que j'ai réussi par surprise à les prendre à leur propre jeu. Voir les choses ainsi expliquerait pourquoi une partie de mes habits sont brûlés. Pourtant je n'ai pas de brûlure sur ma peau. Le gaz était peut-être inactif sur moi, et m'a juste fait perdre la mémoire ? C'est vraiment incompréhensible...
Je retourne vers l'interphone, mes deux camarades n'étant décidément pas bavards du tout. Je parle en direction de ce que je pense être un microphone. Je n'ai aucune réponse. Je retourne vers la
porte arrière et tente un peu plus fort de tabasser dessus : aucun résultat. Je récupère alors ma pierre et m'assois contre la paroi du fond, en attendant de trouver mieux à faire. Le fourgon semble rouler à bonne allure, même si j'ai du mal à l'évaluer. Ma seule alternative désormais c'est d'utiliser ces pistolets, mais j'ai peur que ce ne soit dangereux de l'intérieur. Je conviens alors de ne pas les utiliser tant que le fourgon roule, les risques que le conducteur se jette avec dans le vide étant limités. Ce fourgon ne peut pas rouler éternellement, il devra bien refaire le plein à un moment ou à un autre... J'ai du mal à trouver une explication plausible à cette situation surréaliste. Et dire que j'étais à deux doigts de pouvoir retourner en France au Consulat de Sydney... J'ai vraiment la poisse...
Nous roulons sûrement encore bien plus d'une heure, peut-être deux. Au début le fourgon semble accélérer un peu, puis sur la fin l'allure est beaucoup plus faible, et le terrain beaucoup plus accidenté, appuyant mon hypothèse du précipice. Plusieurs dizaines de minutes passent encore avant que le fourgon ne stoppe. Je souffle et je me prépare alors, je me lève et saisis deux pistolets, un dans chaque main, en face de la porte, me préparant à tirer au moindre mouvement du camion. Quelques secondes passe, le camion ne bouge pas. Soudain quelqu'un ouvre la porte. J'ai un noeud au ventre et un frisson dans le dos, les doigts sur la gâchette. Il ne faut surtout pas que je tire si c'est quelqu'un que je connais. Il faut bien que j'analyse avant de faire une bêtise, je n'ai pas vraiment envie d'avoir un deuxième mort sur la conscience... Voire un troisième... Ah, bah ! Oublions ça ! Concentrons-nous... Je patiente un dixième de seconde avant de voir la personne qui a ouvert la porte, c'est un jeune homme type boys-band, caractéristique des membres de l'organisation. Je m'avance et crie, en anglais :
- Ne bougez pas, je suis armé, reculez-vous de la porte.
Mais il n'en fait rien.
- Tes armes ne fonctionnent pas, mon garçon. Allez, ne fais pas d'histoires, sors de là.
Je me demande comment il sait qu'elles ne fonctionnent pas. Était-ce vraiment une mise en scène ? Il tient lui aussi une arme