page 44 le patriarche 45

ne le trouvait pas spécialement beau, tout juste mignon, il n'était pas beaucoup plus grand qu'elle, peut-être un ou deux centimètres, mais il lui tenait tête, il était beaucoup plus fort qu'elle, et elle avait fondu dans ses bras, pour une des rares fois elle s'était sentie faible face à lui, faible et réconfortée dans ses bras...

Elle retourna à ses affaires, et rapidement elle fut de nouveau concentrée sur la gestion quotidienne de l'exploitation. La journée passa, la suivante aussi. Elle ne vit pas Billy, s'engueula avec son père pour un fournisseur qu'elle avait remballé en sachant très bien que son père était bien ami avec lui. Elle tomba à cheval, ce qui ne lui était pas arrivé depuis bien longtemps, et se foula une cheville. Le surlendemain matin, sa cheville était tellement douloureuse et enflée qu'elle décida d'aller voir un médecin pour vérifier que rien n'était cassée.

C'est ce matin là, juste avant qu'elle ne prît la voiture pour aller à Bryan voir son amie à l'hôpital, que la réponse vint :

"J'ai besoin de mon ancien passeport. Va chez moi le récupérer et retrouve nous à Melbourne chez elle. Ne rien dire à personne."

Son père l'attendait dans la voiture, elle eut juste le temps de lire le message, déjà préparée à ce qu'il lui ralât dessus de lui prendre de son temps à cause de ses bêtises alors qu'il avait bien d'autres choses à faire. Son père aimait bien sortir avec ses copains, aller faire des poker et prendre du bon temps, mais il n'enpêchait que c'était un bosseur, qu'il faisait sans broncher ses douze à quatorze heures par jour, ne prenait presque jamais de vacances et ne rechignait jamais à la tâche.

Ils ne parlèrent pas pendant tout le trajet. Deborah pestait intérieurement sur la malchance de cette entorse. Qu'allait-elle faire ? Partir dès son retour ? Elle pouvait à peine marcher ! Aller chez lui ? Où ? En France ? À Paris ? Non, sans doute dans son petit village, ses parents avaient déménagé son appartement de Paris. Trouvez son ancien passeport ? Mais comment, où pouvait-il être ? Chez ses parents, sans doute, mais comment le récupérer sans ne rien dire à personne ? Le voler ? Impossible, aucune chance de le trouver alors qu'elle n'avait pas la moindre idée de l'endroit où ses parent

avaient bien pu le ranger...

Une béquille et un bandage à garder au moins une semaine, voilà qui n'arrangea pas beaucoup les affaires de Deborah. Elle ne savait pas vraiment que faire, ni même que répondre, oui, non ? Devait-elle donner une date ? Devait-elle se débrouiller toute seule ? De retour chez elle, elle resta perplexe une bonne heure devant son ordinateur. Elle pouvait simplement répondre qu'elle ne pouvait pas, qu'elle s'était fait une entorse, cassée la jambe ? Qu'elle ne pouvait plus marcher ?

Peur ! Elle avait peur ! Elle attendait une occasion comme celle-ci depuis toujours et maintenant elle avait peur. Peur parce qu'elle ne savait pas quoi faire, peur parce qu'elle savait qu'Ylraw avait été poursuivi par des gens qui voulaient le tuer, peur parce qu'elle ne voyait pas comment se débrouiller seule en France, elle ne parlait pas un mot de français, peur parce qu'elle aurait voulu savoir exactement que faire, et ne pas être livrée à elle même.

Elle avait peur ! Non ! Deborah Brownwood n'avait jamais peur ! Elle irait ! Diable ! Elle prendrait son baluchon et partirait pour la France le jour même, entorse ou pas. Elle irait à Austin prendre l'avion, d'ici deux jours elle serait peut-être chez les parents d'Ylraw, trouver un moyen pour récupérer son ancien passeport, et dans une semaine maxi elle pouvait être chez Naoma.

Mais comment aller à Austin, comble de la malchance c'était son pied droit qui avait l'entorse, difficile de conduire dans ses conditions, ce n'était pas le moment d'avoir un accident. Elle pouvait demander à Billy, il pourrait même peut-être venir avec lui, il pourrait peut-être l'aider, peut-être que cette aventure le rapprocherait de lui, peut-être qu'elle lui donnerait la témérité qu'il lui manquait ? Non ! "Ne rien dire à personne". Elle devait se débrouiller seule, elle était assez grande, quand même ! Elle prendrait le bus pour Austin, il lui fallait juste trouver un moyen pour se rendre au départ du bus. Son père pourrait comprendre, elle n'allait pas partir en voleuse.

Elle pouvait toutefois dire qu'elle allait passer une semaine chez sa cousine à Austin. Son père se douterait sans doute de quelque chose, mais plus d'une escapade avec un amant qu'un voyage pour la