dorénavant haute sur les pentes douces. Je prends le premier tour de garde, et, sans aucun incident ni bête dans les environs, nous prenons le risque de dormir tout deux jusqu'au petit matin, en préparation de la journée empreinte d'inconnu qui s'annonce.
Aux premières lueurs du jours nous levons le camp. Je devance Erik dans la forêt traçant la route, coupant les buissons quand je le peux, ou trouvant le meilleur détour en tentant de conserver le cap. Un providentiel petit animal, une sorte de fourmilier, couplé à de juteux fruits nous incitent à une pause au plus chaud de la journée. Nous sommes tous deux anxieux de ce que nous allons découvrir. Allons-nous devoir nous battre ? Quel accueil pouvons-nous espérer ? Ces gens sont-ils les mêmes que ceux de la lune ? Notre espoir de pouvoir retrouver Naoma a-t-il vraiment une justification ?
Je ne parle plus à Erik, me contentant de répondre à ses questions et de lui donner des informations si nécessaire. Soixante-deuxième jour, Naoma est morte depuis une semaine. Avec la chaleur humide, son corps et en décomposition rapide. Nous l'avons enveloppée dans le maximum de peaux et de protection pour prévenir des insectes ou des mouches de l'attaquer. Insectes qui étrangement ne sont pas si présents, pas plus que nous n'avons subi de piqûres de moustiques depuis notre arrivée, même si nous en avons vu quelques uns.
Nous reprenons notre route, et celle-ci est facilitée à mesure que nous progressons par la forêt qui devient plus débroussaillée, sans doute entretenue à proximité du village. Village dont nous atteignons la première maison alors que la lumière du jour s'estompe. Nous ne nous arrêtons pas à cette habitation, un grand chalet sans doute construit avec le bois de la forêt, qui semble vide, aucune lumière ne s'en échappe. Nous sommes rassurés de trouver un simple chalet en bois qui ne comporte rien susceptible de nous rappeler une arme ou une protection. Nous faisons une pause pour boire et manger, prendre des forces si nécessaire, mais nous préférons continuer rapidement jusqu'à un endroit que nous pensons représenter la place du village, un grand espace en terre battue. Mais tout semble désert. Les bâtisses sont toutes différentes les unes des autres, toutes faites de bois toutefois. Nous nous trouvons au centre d'une place ou large rue entouré d'une dizaine de chalets. Nous en avons croisé cinq ou six avant d'arriver ici, et le village s'étend encore
un peu en avant.
Erik s'arrête et dépose le travois. Il est épuisé est regarde en silence autour de lui. Il soupire.
- C'est foutu il n'y a personne, le village est désert, c'est foutu...
Il s'assoit près des restes de Naoma, pose une main sur le travois et repose sa tête sur son autre main, à bout de force et de courage. Nous qui pensions peut-être devoir nous battre ou affronter des hommes, nous voilà bien perplexes. Finalement je prends l'initiative de crier, d'appeler. Quelques secondes passent, je réitère mes appels. Soudain une douce lueur se laisse échapper d'une des maisons, une de celle tout au bout du village, un peu à l'écart. Nous en sommes un peu loin mais nous ne bougeons pas, apeurés par ce que nous allons découvrir, Erik se redresse. Une forme s'en dégage, que le soir tombant nous rend difficile à distinguer à cette distance. Elle se rapproche, doucement. C'est une femme ! Elle est vêtue de sorte de rubans qui virevoltent autour d'elles. Elle n'est plus qu'à quelques dizaines de mètres, nous intégrons sa superbe silhouette, rapidement complétée par un visage d'ange. Je ne lui donnerais pas plus de vingt ans.
- Moyoto.
Je suis étonné par Erik, mais bien vite je me souviens que c'est la façon dont les hommes de la lune saluaient. Elle répond.
- Moyoto.
Sa voix est aussi angélique que tout le reste. Elle ne s'est pas approchée à moins de cinq mètres. Elle parle, elle nous pose sans doute une question, mais nous ne comprenons pas et mimons que ce qu'elle dit nous échappe. Erik lui montre la civière. Elle reste immobile. Erik se baisse et retire les couches de peaux qui protégeaient le corps de Naoma. Voilà plusieurs jours que nous ne l'avions fait, et il s'en réchappe une forte odeur de corps en décomposition, j'en ai la nausée. Le corps de Naoma part en lambeaux... Erik pleure de nouveau, il se redresse et se tourne vers cette femme, tente de lui faire comprendre qu'il attend quelque chose d'elle, qu'il lui demande de l'aider. Elle se rapproche d'un mètre pour voir le corps, mais reste à