sans doute plus de quarante minutes, une heure peut-être, j'avoue que je n'ai plus trop de mesure du temps, mais il ne m'a pas semblé plus long que l'un de leur trente-sixième, qui fait moins d'une heure. J'avais essayé de mesurer en comptant les battement de mon coeur, en espérant qu'il battent aussi aux environs de soixante pulsations par minute quand je suis assis, comme sur Terre. Mais si Iurt a parlé longtemps, Guewour en semble satisfait et pose même de nombreuses questions pour compléter son point de vue. Guewour exprime sa stupéfaction sur notre arrivée par un téléporteur normalement hors d'usage, et d'autant que celui-ci ne conserve pas de trace de notre passage. Il s'exprime confiant quand à la récupération du bracelet, expliquant qu'il faudra tout de même en référer à un regroupement d'avis plus représentatif sur ce sujet sensible. Concernant notre intégration, ce cas ne s'étant pas présenté depuis bien des centaines d'années, depuis un peu après le Libre Choix, pour être plus précis, il pense que celle-ci sera dépendante de l'élucidation du mystère de notre arrivée, de notre capacité, qui a l'air d'être déjà tout à fait convenable, à accepter les règles de la Congrégation ; le tout devant bien sûr être validé par les autres membres de la Congrégation, ou par leur représentant. Il pense donc que l'équivalent d'un référendum est nécessaire pour cette question, ce qui ne manque pas de m'étonner. Toutefois le cas ne s'étant pas produit depuis très longtemps, une telle disposition peut se justifier, et après tout chaque membre de la Congrégation peut avoir avis sur l'intégration de nouvelles personnes comme concitoyen.
Bref, Guewour explique que quoi qu'il en soit plusieurs avis seront nécessaires à différents niveaux. La première étape sera de prendre contact avec les artificiels responsables de la téléportation pour leurs explications et le déblocage du bracelet de Naoma, qui ne pose a priori pas de problème et devrait pouvoir se faire rapidement. Pour le dernier point, d'autres réunions du Conseil sont à prévoir, tout en sachant que si un référendum est considéré comme nécessaire, il faudra sans doute un certain temps avant que notre présence comme citoyen soit pleinement validée. Dans un premier temps néanmoins, Guewour pense que nous pouvons recevoir des bracelets de type enfant, et ainsi nous habituer à leur maniement, et pour rendre notre vie de tous les jours un peu plus simple. Iurt s'inquiète de l'avis que pourraient avoir les gens s'ils décident simplement au niveau du conseil du village de l'octroi de bracelet enfant, Guewour
rétorque que ceux-ci étant plus une méthode de surveillance supplémentaire qu'un réel pouvoir, il n'y a absolument aucun problème. De plus cette mesure permettra plus facilement d'avoir l'historique de notre progression, qui sera un élément important quant à aider à la formulation d'un jugement à notre égard. J'ai quelques craintes sur la notion de protection de la vie privé, mais cette notion est sans doute un peu différente ici, et puis je n'ai guère le choix.
Guewour termine en détaillant qu'il ne sera pas disponible pendant deux ou trois jours, mais que ce temps nous sera nécessaire pour regrouper suffisamment d'avis pour prendre contact avec les artificiels et demander la libération du bracelet. D'autre part il en profitera lui-même pour trouver de nouveaux avis et prendre recommandations sur les différents points auprès d'autres personnes du Conseil d'Adama, où il espère pouvoir exposer succinctement le problème avant une semaine, vu son caractère inhabituel. Tout le monde salue alors respectueusement Guewour, qui disparaît du milieu du cercle quelques secondes plus tard.
Nous restons encore quelques minutes à discuter, plutôt satisfait de cet entretien. Iurt nous prévient tout de même que tout risque de prendre du temps, et que nous devrons avoir de la patience avant d'être membre à part entière de la Congrégation. Les gens, après les recommandations de Guewour, discutent alors de la mise à notre disposition de bracelet enfant, et rendez-vous est pris pour le surlendemain et une discussion générale des villageois sur ce point. Nous nous quittons, l'après-midi laissant petit à petit place au soir naissant. Guerd nous propose un balade et un pique-nique au bord de la mer, nous acceptons.
Bien malin qui pourrait dire que nous ne sommes pas sur Terre, alors que nous marchons dans le sable créé par les artificiels sur les dix kilomètres, à la louche, de plage faisant face au village, bercés par le remous de la mer sous le ciel bleu s'assombrissant à mesure qu'apparaissent les étoiles. Guerd brise les quelques minutes de silence que nous nous étions octroyés en contemplant les mille reflets du couchant.
- Le ciel est aussi beau, chez vous ?
Erik répond :