derrière les arches en dessous la route. J'ajoute en surimpression la détection d'onde mentale du bracelet. Il y a deux personnes sur les remparts en face de moi qui scrute, il faut que je fasse très attention si je ne veux pas me faire repérer.
"Qu'est-ce que tu veux faire ? Si tu t'approches trop ils vont te voir."
"Je voudrais tenter de me coller à la muraille pour faire le tour de l'autre côté."
"C'est risqué, tu es à découvert de l'autre côté, s'il y a quelqu'un sur la route il va te voir."
"Qu'est-ce qu'il vaut mieux faire, alors ?"
"Peut-être est-ce qu'il vaut mieux qu'on se fasse repérer de loin, explicitement, pour montrer que nous ne sommes pas hostile. S'ils te trouvent ainsi, ils auront des doutes sur nos intentions."
"Tu es pour que nous nous faisions prendre directement, alors ?"
"On ne pourra pas faire grand chose d'autre."
"Bon, je reviens vers toi, alors."
"OK"
Je refais avec la même précaution le chemin en sens inverse, une-demi heure plus tard, je suis de nouveau avec Énavila. Nous parlons à voix basse.
- Ça serait mieux que tu y ailles toute seule.
- Toute seule ?... Et tu restes dehors au cas où. Oui c'est une bonne idée. Moi je ne pourrais pas faire grand chose de l'extérieur.
- Oui.
- C'est peut-être mieux que j'arrive d'une direction opposée de là où tu es, comme ça s'ils se lancent dans des recherches, ils ne te trouveront pas facilement.
- Le plus simple est peut-être que tu arrives par la route, tu pourras aller jusque là-bas ?
- Sans barre je ne sais pas.
- Tu penses qu'ils te la confisquerait ?
- Il ne nous en reste que deux, je ne voudrais pas prendre le risque.
- Mais s'ils te sont hostiles, c'est mieux que tu aies de quoi te défendre.
- J'ai la combinaison, elle devrait suffire, je ne pourrais pas les attaquer dès le début si je veux voir l'intérieur, et je ne pense pas qu'ils me laissent entrer avec une béquille s'ils veulent m'arrêter... Et puis je marche presque aussi bien avec la combi rigidifiée.
- Bon, OK, tu veux qu'on remange avant d'y aller ?
- Non c'est bon, je n'ai pas envie de perdre de temps.
Énavila m'ouvre son bracelet et je suis sa trajectoire de la forêt. Elle met presqu'une heure pour rejoindre un point éloigné de la route, et faire croire qu'elle vient de là. Ensuite elle avance doucement, à deux mètres de la route, presque dans les champs cultivés, vers le village. Elle s'arrête à plusieurs reprises, soit pour tenter de se faire remarquer, soit pour se reposer.
Ce n'est qu'à environ une centaine de mètre qu'ils la repéreront finalement. Toute de suite une activité se déclenche sur les murailles. Difficile de voir ce qu'ils font. Énavila s'est arrêtée, elle s'éloigne encore un peu de la route pour se trouver bien en évidence. Plusieurs personnes apparaissent sur la muraille, toujours masquées entre les dents de scies.
"Ils n'ont pas l'air très grands, me dit Énavila, le bracelet estime à un mètre vingt (une pierre et demi). Ils parlent entre eux, mais impossible de savoir d'ici quelle type de langue."
Énavila attend dix minutes puis recommence à avancer voyant