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mieux, j'en ai marre de voir tout ce sang !

Nous nous mettons au travail. L'opération est longue mais pas si délicate. Les pinces trouvées par Naoma, et abondamment désinfectées à l'alcool, conviennent parfaitement. Naoma tient Erik et je glisse doucement les pinces dans la blessure. Le plus dur est d'être sûr de bien toucher la balle, et pas un os ou une autre partie sensible, j'abandonne presque de peur de lui causer une hémorragie. Erik insiste et finalement je m'y remets en sondant tout d'abord doucement avec une petite tige pour trouver la balle sans prendre le risque de percer une artère. C'est très dur pour Erik et il pousse un profond et long soupir de soulagement quand finalement je lui montre l'objet de son supplice. Ensuite nous l'aidons à se rhabiller et il se glisse sous d'épaisses couvertures, malgré la chaleur, pour un sommeil réparateur.

Naoma insiste ensuite pour prendre soin de moi. Je me laisse soigner non sans un certain plaisir. Mais j'avoue que mes blessures étaient très douloureuses et nécessitaient attention ; j'arrive à peine à déplacer mon bras droit. Je m'accorde enfin un peu de repos ; je m'allonge aux côtés d'Erik. Naoma me pousse un peu et vient se serrer contre moi. Je fais un somme d'une vingtaine de minutes avant que mes inquiétudes et mes interrogations ne reprennent le dessus. Que vais-je faire désormais ? Fuir encore ? Mais où ? Comment m'en sortir ? Prendre un avion pour la France ? Mais après, lâcheront-ils si facilement l'affaire ? Sûrement pas...

Sans espoir de retrouver le sommeil, je remarque alors l'ordinateur de Martin, et surtout la petite boîte avec des diodes lumineuses qui est sans doute un modem, et qui laisse supposer que Martin a une connexion internet. Je me dis alors que de mettre tout ça par écrit pourrait m'aider à désembrouiller un peu mon esprit. Je me lève doucement en tentant de ne pas réveiller Naoma qui s'est aussi endormie. J'enfile mes jeans et mon tee-shirt, ayant peur malgré la chaleur que la fatigue et le manque de sang ne me rendent frileux. Les différents bips lors du démarrage de la machine ont raison du léger sommeil de Naoma, elle m'interroge sur ce que je fais, et me réprimande de ne pas prendre de repos. Je lui explique que j'ai un peu de mal à dormir et que je profite de ces quelques moments de répit pour mettre par écrit ce qu'il s'est passé entre hier et aujourd'hui, et tenter d'y voir plus

clair par la même occasion. L'ordinateur de Martin possède bien une connexion à Internet, et je complète mon précédent récit jusqu'à en arriver au point présent : dimanche 22 décembre 2002, environ 18 heures, dans la maison de Martin, avec Erik et Naoma, dans son attente. Une fois à ce point je peaufine quelque peu mes précédents textes en discutant avec Naoma des possibilités qui s'offrent à moi. Puis du bruit parvient du bas, ce doit être Martin qui rentre.