page 364 le patriarche 365

sur d'imposants talus de limon sans doute lessivé de la montagne par les averses quotidiennes. Les lueurs du jours se laissent deviner à l'est, mais la nuit est encore profonde. Il n'y a pas de lune et les étoiles sont encore magnifiques. Je ne reconnais encore aucune constellation, si ce n'est la molletonneuse traînée de la Voie Lactée. Nous décidons finalement de nous arrêter alors et de retourner dans la forêt dormir un peu, pour aviser une fois le jour levé comment procéder. Il peut en effet être risqué d'entreprendre l'ascension dans le noir, d'autant que nous serons complètement à découvert.

Nouvelle confection rapide d'un petit abri, puis sommeil jusqu'aux fortes chaleurs de midi. Je suis le premier réveillé cette fois-ci et je me charge donc de partir en quête du repas. Je suis vraiment impressionné par la facilité avec laquelle nous attrapons ces petits animaux, moi qui me rappelle encore mourir de faim dans la brousse australienne... À mon retour Erik et Naoma mangent les fruits que nous avions ramassés la veille.

Je leur demande :

- Vous les avez entendu ? Moi pas.

Erik termine sa bouchée et confirme :

- Non moi non plus, ils ont peut-être abandonné.

Je me tourne vers la cime de la paroi rocheuse :

- Espérons, parce qu'une fois là-haut, on pourra difficilement se cacher.

Naoma termine son fruit et demande :

- Qu'est ce que l'on va voir là-haut ? Et si on ne voit rien ? Qu'est ce qu'on va faire ?

Je n'en sais pas plus qu'elle :

- Je n'en sais rien, de toute façon on est paumé alors, on ne pourra pas l'être plus. Si vraiment on ne peut rien faire on pourra retourner aux bâtiments et tenter autre chose, je ne sais pas, peut-être attendre que ces gars reviennent, ou tenter de faire marcher

les tubes, utiliser les bracelets, je ne sais pas...

Erik nous remet en route :

- On verra une fois en haut, en attendant, allons-y.

Nous profitons de deux bonnes heures de montée au Soleil avant que la pluie ne rende le terrain beaucoup plus glissant et difficile, même si les chaussures intégrés aux combinaisons sont de très bonne qualité. Nous arrivons même directement au niveau des nuages, et nous nous autorisons une pause à quelques centaines de mètres du sommet, alors que notre visibilité est quasiment nulle, et que la pluie battante nous a épuisés, tant physiquement que moralement. Nous trouvons un abri providentiel nous permettant d'attendre avant de profiter de la vue une fois les nuages dissipés et le ciel dégagé. Nous apprécions de ne pas être en bas à ce moment là, la pluie entraînant dans une multitude de ruisseaux se transformant en torrent des quantités impressionnantes de sable et de roche. Je m'étonne d'une telle érosion.

- C'est incroyable que la montagne existe toujours ainsi malmenée tous les jours par ces averses !

Naoma a bien une explication :

- Peut-être qu'elle pousse toujours ?

- Oui c'est possible, mais cette formation montagneuse est tout de même d'une structure assez bizarre. Mais tu as peut-être raison j'avais lu je ne sais où qu'il existe des massifs dont la croissance est juste compensée par l'érosion.

Erik propose une autre possibilité :

- Ou alors il ne pleut pas depuis longtemps...