- Mon Dieu, c'est affreux... Tu veux venir à la maison ?
Il soupira en regardant les policiers s'affairer à poser des banderoles, sans ménager les plantations que sa mère passait des heures à entretenir. L'espace d'un instant il eut envie de tous les envoyer balader, de leur crier dessus leur manque de minutie, puis il se dit que cela n'avait aucune importance, que Seth était morte. Il se tourna vers sa mère, elle attendait une réponse, le tirant doucement, déjà, en direction de la maison. Il dégagea son bras :
- Non il ne vaut mieux pas, je vais être suspecté moi aussi.
Sa mère se recula de surprise :
- Suspecté ! Mais tu es de la police !
- Oui maman, mais c'est la procédure, c'est normal, nous ne pouvons éliminer aucune piste.
Sa mère regarda les policiers, indignée :
- Quand même !
Thomas se retourna vers elle :
- Il vont t'interroger, aussi, tu devras répondre à leurs questions. Mais tu as bien déjeuné chez ton amie Rosie aujourd'hui ? À quelle heure es-tu rentrée ?
Sa mère sortit de ses rêveries, elle venait aussi de s'apercevoir que les policiers piétinaient sans aucune attention toutes ses fleurs. Mais elle se dit aussi, que, finalement, ça n'avait pas d'importance. Elle tourna le regard vers Thomas :
- Oui j'étais chez Rosie, je ne suis rentrée que vers 18 heures, pas longtemps avant que tu n'arrives, en fait. Je n'ai même pas sonné chez toi, tu rentres toujours tard et tu m'avais dit que Seth avait pris des vacances, je ne pensais pas qu'elle serait là. Comment ça se faisait, d'ailleurs ?
Thomas ne voulait pas en parler :
- Elle est rentrée hier soir, plus tôt que prévu.
- Tu crois que c'est parce qu'elle a eu un problème pendant ses vacances ? Mais pourquoi n'êtes-vous pas partis ensemble ? Où était-elle ?
Il savait que la discussion allait inévitablement revenir sur ce sujet de polémique entre sa mère et lui :
- Je ne sais pas. Dans les Alpes il me semble.
- Quand même, ne même pas savoir où part sa petite amie. Ah mon Dieu, si seulement tu étais parti avec elle, mais pourquoi ?... Déjà en novembre elle était partie toute seule à l'Île de Ré, franchem...
Thomas la coupa, agacé.
- On ne va pas reparler de ça maman, c'est comme ça, elle voulait être un peu seule, qu'est-ce que j'y pouvais ? Bon, peu importe, tu n'as rien vu, donc.
Sa mère regretta de l'avoir énervé, elle savait très bien qu'il n'aimait pas que ce sujet fut abordé, mais elle ne le comprenait pas. Elle ne comprenait plus les jeunes, se disait-elle :
- Non... Pour une fois c'est bête que les Martin soient partis en vacances, elle qui espionne toujours à sa fenêtre, ça aurait pu rendre service.
Thomas allait lui demander de retourner chez elle, mais il s'en garda finalement et rêva à autre chose en voyant arriver le corbillard. Sa mère continuait à parler :
- Les Piranocci non plus d'ailleurs, ils travaillent tous les deux, mais sait-on jamais, ça ne coûte rien de leur demander.
Thomas revint dans la discussion, sans vraiment y prêter attention, cela faisait si longtemps qu'il faisait de fausses conversations avec sa mère.
- Et les Simon ?