page 378 le patriarche 379

- Vous êtes chiantes à toujours vous énervées bordel ! Vous pouvez pas rester cool un peu ! C'est quoi votre problème, mince, à vous les nanas de la Congrégation, à toujours vous prendre la tête, les filles de la Terre sont plus cools.

Je me rassois près du feu, y rajoute quelques branche et me met à griller un nouvel oiseau. Après tout qu'elle fasse leur vie ! Énavila reprend sa brochette et se remet à manger avec appétit. Sarah s'approche aussi du feu, et s'assoit sans dire mot. Nous restons silencieux pendant une dizaines de minutes, les bruits de la nuit, partiellement masqués par le crépitement du feu et le bruit de la rivière, nous rappelle que nous sommes entourés d'inconnu, de hululements étranges, de grognement inquiétants... Mais il ne nous faudra pas trop tarder, si nous voulons avancer avant le lever du jour, même si nous ne savons pas vraiment où aller :

- Étant donné que nous avons du feu, on pourrait peut-être faire cuire de la nourriture en avance, pour pouvoir marcher plus longtemps, en plus si nous devons nous cacher pendant les quatre jours où il fera jour, il nous faudra des réserves.

- Il vaut mieux qu'on marche le plus léger possible, reprit Sarah, il doit rester encore deux jours de nuit, on peut tenter de marcher le plus possible, et de simplement trouver une cachette et faire des réserves quand le jour commencera à se lever.

- Oui, tu as raison, c'est sans doute plus malin, je lui consens.

Énavila ne dit rien, elle approuve sans doute en silence. J'ai vraiment du mal à comprendre pourquoi elle est toujours autant sur les nerfs, et pourquoi elle considère que je suis responsable de tout ce qui nous arrive. Qui ou quoi a bien pu lui ancrer cette idée dans le crâne aussi fortement ? Bref, la fin du repas se fait sans de nouvelles altercations. Nous récupérons nos affaires, Chien-lézard termine joyeusement nos restes, et une fois qu'Énavila a terminé de manger, nous nous mettons en route sans tarder. Nous ne sommes pas trop chargé, nous transformons les barres de façon à pouvoir les porter facilement. Sarah et Énavila les portes autour de la taille ou autour des cuisses, moi, plus habitué à mes randonnées, je préfères les utiliser en bâtons pour m'aider à marcher.

Nous marchons plusieurs heures sans dire mot, Sarah et moi tentant de suivre le rythme effréné d'Énavila. Après six heures de marche ininterrompue, nous arrivons enfin à négocier une pause de quelques minutes. Le paysage ne change guère, nous suivons la rivière, qui prend de plus en plus l'allure d'un fleuve désormais, serpentant au milieu des grands arbres. Nous avons pratiquement contourné la barre montagneuse sur laquelle nous nous sommes écrasés, mais notre horizon reste une succession de colline et de petite montagne. En regardant derrière nous, nous avons tout de même l'impression que nous avançons vers les plaines, les hautes montagnes laissant place à un relief plus doux.

Nous n'avons droit qu'à guère plus de vingt minutes de pause, déjà Énavila se remet en route. Ma blessure est presque guérie et elle ne me handicape plus vraiment. Je reste néanmoins avec Sarah, un peu derrière, histoire de forcer Énavila à modérer un peu son allure. À plusieurs reprises elle part devant, nous ne la voyons pas pendant plusieurs heures, puis nous la retrouvons assises sur un rocher à nous attendre. Ça me fait sourire parce que je faisais un peu de même quand nous faisions de la randonnée avec Damien, Pixel et Guillaume.

J'aimerais bien discuter avec Sarah, mais nous devons fournir pas mal d'efforts pour avancer, et je me dis que nous aurons tout le temps, pendant les quatre jour de soleil, pour nous raconter nos vies, terrés dans notre cachette. Je me demande d'ailleurs bien où est-ce que nous allons pouvoir nous cacher, il nous faudrait trouver une grotte, parce que si nous montons dans un arbre, les chiens-lézards grillés pourront nous atteindre, sans parler du dragon électrique. J'ai quand même du mal à croire que cet animal existe vraiment, ce truc énorme, volant, lançant des éclairs, c'est difficilement crédible, est-ce qu'il pourrait être une machine ? Pourrait-on se trouver dans un virtuel ? Est-ce que le géant bleu ne nous aurait pas téléporté ailleurs mais simplement tués ou capturés et enfermé dans un virtuel ? Je fais part de mon hypothèse à Sarah, mais il est vrai que l'envisager ne nous avance pas à grand chose, virtuel ou pas nous sommes dans de beaux draps, et je ne crois pas qu'aucun d'entre nous ne soit près à se tuer pour confirmer ou infirmer cette éventualité.