page 528 le patriarche 529

Nous restons sur cette idée, et nous dirigeons avec précaution vers les champs qui entourent le village. Plusieurs chemins s'éloignent, et nous suivons l'un d'eux à bonne distance. Il y a plusieurs hommes-oiseaux qui transitent un peu de partout. Nous tentons de rester le long des haies, nous cachant tant que faire se peut du regard des villageois. Après une heure de marche, nous repérons plusieurs groupes d'hommes-oiseaux qui travaillent aux champs.

Il nous faut un petit moment avant de dénicher l'endroit où ils ont entreposé leurs affaires, c'est Sarah qui se charge d'aller piquer en douce leur casse-croûte. Elle nous rejoint souriante dans le petit bosquet nous nous étions caché. Nous avons droit à une nouvelle sorte de pain, de la viande fraîche cette fois-ci, et un autre truc immangeable. Il faut dire que c'est déjà une veine que nous puissions manger une partie de leur nourriture, après tout rien n'indique que leur métabolisme est identique au nôtre. Il ne l'est pas, d'ailleurs, mais il n'est pas si différent semble-t-il.

Nous sommes des voleurs, désormais. Nous le sommes devenus sans même vraiment nous poser de question, comme si c'était naturel, comme si c'était normal. Certes ces hommes nous ont emprisonnés alors que nous n'avions rien fait, mais après tout peut-être avaient-ils des craintes justifiées. Ce ne sont pas des hommes, mais ils s'y apparentent tout de même beaucoup, ils sont plus petits, avec des plumes, parfois extrêmement colorées d'ailleurs, c'est surprenant ; leur maison ne sont pas tout à fait identique à celles des hommes, plus petites, plus en hauteur, après tout ce sont un peu des oiseaux. Toutefois ils sont intelligents et évolué, en tout cas suffisamment pour travailler la terre, construire des villes...

Nous sommes des voleurs, mais peut-on vraiment reprocher à quelqu'un de voler pour se nourrir. Jean Valgean en a fait les frais, nous aurions sans doute le même sort ici, mais diantre, ce ne sont que quelques galettes... Que nous soyons perdu sur une planète au bout de la galaxie nous fait toutefois un peu oublier nos valeurs morales, que m'importe ou pas la survie de ces hommes-oiseaux, après tout, quand la mienne ne m'est même pas assurée. Que m'importe de tué ces pauvres malheureux qui travaillent aux champs contre un peu de nourriture ? Finalement, l'idée ne me dérange pas plus que ça, peut-être parce que

ce ne sont pas des hommes, peut-être parce que je n'ai que peut d'empathie à leur égard, peut-être aussi parce que je suis trop perdu et désespérer pour me rendre compte de la portée de mes actes.

- Vous pensez que c'est mal de voler ?

- Voler quoi ? demande Énavila interloquée, la nourriture de ces salopards ? Je ne vois pas en quoi ça peut-être mal.

- Et bien, après tout ils travaillent tranquillement à leurs travaux des champs, ils n'ont peut-être pas grand choses à manger, et puis ils ne nous ont rien fait.

- Ils nous ont emprisonnés ! Il nous ont donné à bouffer leurs restes ! Nous non plus nous ne leur avions rien fait !

- Je pense que les avis nous seraient favorables, complète Sarah.

- Clairement ! s'exclame Énavila.

C'est vrai que dans la Congrégation il ne faut pas vraiment raisonner en terme de loi, mais en terme d'avis. Ce n'est pas vraiment interdit de voler, ça dépend de ce que dirait les gens si on leur présentait la situation. Et je consens que dans notre situation, voler un casse-croûte ne serait sans doute pas considéré comme déplacé, surtout que nous ne pouvons pas trop prendre le risque de leur demander poliment...

Nous finissons tranquillement notre déjeuner, puis nous tentons de trouver un endroit sec pour nous reposer, c'est peine perdue, tout est détrempé ! Nous aimerions entrer dans le village, pour nous trouver comme dans le précédent un coin au chaud et au sec, mais il fait maintenant jour, et nous nous ferions rapidement repéré. Pour une fois que les grillés nous avaient servi !

- On pourrait tenter de se planquer dans un de leurs chariots, comme ça on se retrouverait directement dans le village, ensuite il faudrait juste en sortir discrètement.

- Oui c'est jouable, c'est vrai qu'il y en a pas mal dans le coin, qui n'ont pas l'air trop surveillés.