Dimanche 22 décembre 2002
Tout change si vite... Je me croyais hier presque déjà parti tellement tout avançait positivement, je suis désormais plus perdu que jamais... Mais reprenons, samedi, je quitte le cybercafé et utilise un bus pour me rendre dans le quartier de Naoma. Environ 20 heures 30, je suis un peu en retard. Il y a une centaine de mètres entre l'arrêt de bus et son appartement. Je marche tranquillement, savourant la fraicheur du soir naissant après la chaude journée. Je croise deux hommes. Je suis intrigué par la façon dont l'un d'entre eux me dévisage. Curieux je me retourne après leur passage. Celui m'ayant regardé murmure à son camarade ; il sort un papier de sa poche. C'est une photo, c'est ma photo ! Je la distingue quand ils se retournent dans ma direction. Ni de une ni de deux, je prends mes jambes à mon cou. Ils se lancent à ma poursuite. Avalanche de questions dans mon esprit, couplé d'une giclée salvatrice d'adrénaline, nul doute que l'organisation a lancé un avis de recherche à mon égard. Ils savent donc que je suis en vie, ou voulaient-ils le vérifier tout au moins. Les rues défilent et malgré le manque d'exercice de mes trois dernières semaines je n'ai pas trop de mal à les semer.
Que faire ? Ils m'ont retrouvé ! Dans peu tous mes anciens camarades de jeu investiront la ville, et je ne pourrais plus bouger sans prendre le risque de me faire attraper. Je dois partir au plus vite. J'ai bien le plus important sur moi, ma pierre, mais malchance, mon argent se trouve chez Naoma ! C'est un risque que de se rendre de nouveau là-bas, ils doivent encore y roder. Pourtant j'aurais suffisamment pour m'acheter un billet d'avion pour la France. Ou plus raisonnablement de quoi me cacher encore quelque temps dans une autre ville avant de pouvoir trouver les faux papiers indispensables à mon retour discret. Je marche dans la rue plein d'interrogations. Ma chance pourrait être de réaliser justement des faux papiers avec cet
argent et d'accumuler par la suite de quoi acheter un billet d'avion. À partir du moment où j'ai des faux-papiers je serais plus tranquille pour me déplacer. Toutefois leur confection n'est sûrement pas immédiate, mais je pourrais sans nul doute me cacher encore quelques jours dans une banlieue de Melbourne avant d'être de nouveau retrouvé. J'envisage d'autant plus cette hypothèse que Matthias White est la seule personne à même de m'aider et que j'aurais sans doute beaucoup de mal à trouver un remplaçant. D'autant qu'avec mon portrait qui circule, moins je me montre, mieux je me porterai.
Pour récupérer mon argent, je pourrais attendre le lendemain de voir Naoma à la boulangerie. Mais je pourrais aussi tenter de la retrouver ce soir. Mon impatience me convainc que le plus vite sera sans doute le mieux et je décide de retourner discrètement chez elle. En plus avoir mon argent pourra me donner par la suite l'opportunité d'aller directement à la rencontre de Matthias White. Je passerai faire un tour par l'auberge pour récupérer mes quelques affaires, plier bagages et quitter Melbourne pour une ville environnante. Je reviendrai plus tard chercher mes faux papiers et partirai alors vraiment de la région pour je ne sais quelle ville loin d'ici. Mon planning me satisfait et je décide de le mettre en action.
Ah, malchance ! Si seulement j'avais changé de tête, je suis vraiment idiot, j'aurai pu me couper les cheveux, prendre un nouveau look, ils ne m'auraient sans doute pas reconnu, mais penses-tu ! J'ai exactement la même tête que sur leur photo ! Quel débile je fais ! Quel naze ! Je mériterai de me faire attraper, tiens !
Bon, trop tard... Il me faut retrouver le chemin de chez Naoma, désormais. Je me suis un peu perdu en courant à l'aveuglette, et je dois retrouver un plan des bus pour me situer et retourner vers l'appartement. Naoma m'avait donné un petit gribouillis m'expliquant comment retrouver son immeuble, je l'avais recopié avec son adresse sur mon petit carnet. Je me suis racheté un petit carnet, comme je le faisait auparavant, pour noter tous les petits détails de la vie courante qu'on oublie trop souvent. Pour l'instant je le préfère à un assistant personnel, je les trouve encore trop lourds, trop fragiles et surtout bien trop cher en comparaison du dollar que m'a coûté mon carnet. Il y a encore du monde dans les rues et il fait très jour, ce