Dix heures passent, aucun changement, aucune visite, rien. C'est à en devenir dingue, coincés dans nos quatre mètres carrés, dans le froid, l'humidité. Énavila s'énerve un peu sur les grilles, par deux fois elle fait venir le garde qui lui siffle dessus. Je m'inquiète un peu pour Sarah, qui est entrée dans un mutisme depuis notre arrivée ici. Quelque chose semble la préoccuper, mais impossible de lui faire avouer quoi.
Une demi-journée plus tard, pas mieux. La viande commence à sentir vraiment pas bon, je me force à la finir et à jeter les restes. J'accompagne le tout d'un peu de bouillie pour faire passer, c'est vraiment infect. Il me reste à manger pour deux jours au plus, s'ils ne passent vraiment pas avant le prochain lever de soleil, ça va être dur.
Jour 402
- Il va falloir qu'il se passe quelque chose ! Hurle Énavila en tapant sur les grilles. Bordel !
Aucun réaction des gardes, ils ne sont peut-être même pas là. J'aurais préféré à la limite qu'ils viennent lui faire comprendre qu'elle doit se calmer tout de suite, parce qu'elle a continué à beugler pendant bien une heure, et finalement deux gardes sont arrivés avec chacun un seau. J'ai douté qu'ils allaient encore nous donner à manger, quoi qu'ils auraient pu croire qu'elle criait parce qu'elle avait faim, mais la réalité est beaucoup moins appréciable, leurs seaux contenaient des bêtes, des insectes, qu'ils lui ont lancé au visage. Des saloperies de petits insectes piquants, qui se sont ensuite répandu partout, nous obligeant pendant tout le reste de la journée à les tué le plus rapidement possible, ces fichus bestioles se ruant sur notre nourriture. En plus leur piqûre est extrêmement douloureuse, et démange dix fois plus que celle de moustiques.
"Bien vu Énavila ! Bien vue ! lui martèle Sarah pendant presque tout le temps que nous passons à tenter d'éradiquer les insectes."
Énavila s'est fait énormément piquer au visage, en plus ces insectes, tout petits se sont logés en masse dans ses cheveux. À l'entendre hurler j'ai cru qu'elle allait faire une crise cardiaque.
J'avoue que cette expérience nous a sacrément démoraliser. à la fin de la journée, complètement lessivé, j'ai peine à continuer à tuer les insectes qui restent, et dès que je m'endors je me fais réveiller presque aussitôt par un nouveau qui me pique, ou les démangeaisons insoutenables procurées.
Jour 405
Nous maudirons Énavila pendant les deux jours qui suivent. Impossible de dormir, impossible de faire abstraction des ces immondes minuscule calamités. Les démangeaisons vont en s'amplifiant, seule solution, couper le sens du toucher avec le bracelet, mais c'est très dangereux de dormir ainsi, on peut en effet facilement se mordre la langue ou se tordre complètement un bras sans même s'en apercevoir. Au début nous réprimandions Énavila, un peu avec de l'humour, désormais je crois que moi comme Sarah la haïssons doucement, même si nous savons qu'elle n'est pas vraiment responsable, même si nous savons qu'ils ont fait ça juste pour nous diviser, pour nous empêcher de recommencer, il n'empêche que nous l'avions quand même prévenue de rester calme, de ne pas s'énerver. Il faut toujours qu'elle pète un cable, qu'elle se rebelle, elle ne pourrait pas une fois dans sa vie tenter de prendre un peu sur elle et de ne pas tout faire subir aux autres ?
Six jours que nous sommes enfermés dans ces maudits cachots. Il doit faire nuit de nouveau. Ce pourrait être le bon moment pour tenter de nous échapper, mais nous sommes tout trois à bout de force. Je passe mes journées assis dans un coin, je me lève de temps en temps pour marcher, mais les déplacement me donnent l'irrésistible envie de me gratter, mon bras droit est en feu, j'ai eu le malheur de dormir deux heures en coupant les sensations, je me suis réveillé couvert de piqûres sur mon bras droit. Le pire c'est qu'une seule de ses bêtes peut piquer dix fois d'affiler
Jour 406
Nous ne nous sommes pas dit un mot de la dernière journée, je n'ai plus rien à manger depuis hier, je meurs de faim. Mon bracelet estime mon poids à cinquante neuf et demi, c'est trois ou quatre kilos de moins que mon poids normal. Ce n'est pas encore inquiétant mais c'est sans doute le poids le plus bas que j'ai connu. J'ai froid. Je me force à boire abondamment, je n'attends plus désormais que Sarah me