- Oui, le sixième entier.
- Merci beaucoup, mon homme, vous me manquiez, vous savez.
- Vous étiez déjà beaucoup pour moi, ma chère, mais je crois que je sous-estime encore votre valeur, j'ai sans doute plus à apprendre à vos côtés qu'entouré des meilleurs politiciens d'Ève.
Mélinawahasa embrassa Teegoosh, son homme, et resta un long moment dans ses bras, avant de le tirer doucement pour aller voir sa fille.
Sarah entendit de nouveau ces sons graves, elle sut qu'il venait de cette nouvelle personne. Elle le voyait mieux désormais, elle voyait son regard, elle pouvait le suivre des yeux. Elle tendit les bras, elle avait envie que cette nouvelle personne la prît dans ses bras et lui parle encore. Elle pouvait désormais tourner facilement la tête et bouger les bras. Teegoosh changea de voix et lui parla doucement, mais Sarah préférait les sons graves. Elle poussa un petit cri de désarroi. Teegoosh rigola et elle aimat ce rire, elle poussa de nouveau un petit cri identique.
- Elle aime votre rire, mon cher, elle aime le rire de son papa.
- Me comprend-elle, désormais ?
- Non, pas encore, il faudra encore deux sixièmes pour qu'elle commence à comprendre le sens de certains mots.
- Peut-elle tout de même retenir certains éléments de notre conversation ?
- Non, pas encore, la cohérence d'onde de son cerveau est encore imparfaite, et elle se désynchronise encore fréquemment, empêchant une mémorisation réflexe efficace, mais cela devrait disparaître d'ici à un sixième, et alors sa mémorisation deviendra très efficace.
- Rêve-t-elle ?
- Pas encore au sens ou nous l'entendons, ses nuits sont peuplées d'images, mais elles ne sont pas encore complètement une forme de classification et de mémorisation. Ses rêves ne sont pas construits,
elle ne maîtrise pas encore suffisamment ses sens pour que son cerveau puisse construire des situations oniriques pseudo-réelles.
Mélinawahasa regarda Teegoosh s'amuser avec Sarah. Sarah semblait heureuse, Mélinawahasa l'était aussi, mais elle avait peur que Teegoosh reparte. Elle en avait tellement peur qu'elle n'osait même pas lui demander s'il allait vraiment rester quoi qu'il arrivât. Elle s'étonna de cette crainte, elle s'étonna, elle, qui avait subi tant d'épreuve, de ne pas avoir le courage de demander cette simple chose. Elle en conclut finalement que c'était plus un rêve qu'une crainte, se laisser l'opportunité de croire qu'il resterait vraiment un peu plus que quelques jours. Elle sourit en réalisant qu'elle aimait cet homme, alors qu'elle avait cru ne plus pouvoir aimer. Elle s'approcha de lui et se colla contre son dos pour le prendre dans ses bras.
- Aviez-vous quelques autres affaires à régler sur Fra pour vouloir rester si longtemps ?
- Oui.
Mélinawahasa regretta d'avoir posé cette question, elle se dit qu'elle aurait pu simplement imaginer, se persuader, quelques jours au moins, qu'il n'était là que pour elle. Elle ne dit rien.
- J'ai une enfant à éduquer et une femme à choyer.
Mélinawahasa sourit et se serra contre lui.
- Je vous aime, Teegoosh.
Teegoosh fut surpris d'une telle parole. Il reposa Sarah et se tourna vers Mélinawahasa. Il l'embrassa longuement. Il eut envie d'elle et elle de lui. Maroufasse baissa les lumières et ils s'allongèrent sur leur lit. Un cocon pudique les entoura et ils se retrouvèrent avec plaisir.
Mélinawahasa aimait faire l'amour avec Teegoosh, elle était auparavant très réservée et considérait l'acte comme une certaine forme d'irrespect, comme un simple assouvissement des plaisirs primaires. Mais Teegoosh lui avait appris à en faire un moment d'échange, un moment de parole, un moment de découverte du corps de