connais le trajet.
- Mais, vous ne prenez pas le chemin habituel pour la gare ?
- Euh, non c'est toujours bouché à cette heure-ci, je prends une autre route un peu plus longue mais on y gagne au final.
J'aurais du apprendre le plan de toutes les villes du monde par coeur ! De manière plus réaliste, je me demande si je ne suis pas un peu trop paranoïaque, après tout pourquoi ne serait-il pas de bonne foi ?
- Mais, au fait, quand vous vous êtes arrêté tout à l'heure, comment vous saviez que j'allais à la gare ?
Il sort soudainement une arme, la pointe vers moi et dit d'une voix énervée :
- Parce que tu poses trop de questions, connard !
Je n'avais pas fait attention mais il avait déplacé sa main droite du levier de vitesse vers le volant, et sa gauche vers sa jambe. Il devait avoir dissimulé son arme sur le côté de son siège. Tentant le tout pour le tout, je lève brusquement mon bras pour tenter de dévier le sien ; je le pousse juste avant qu'il ne tire. Je m'aperçois alors que ce n'est pas une balle mais une petite fléchette qui vient se planter dans la portière. Il est désavantagé du fait qu'il doive continuer à conduire. Je panique, je dois trouver quelque chose à faire. Je ne réfléchis pas plus et serre le frein à main à fond, on ne roulait pas trop vite mais la secousse est tout de même forte et il lâche tout pour reprendre le contrôle de la voiture, surpris. Je lui subtilise son pistolet et dodo mon ami, un coup dans la jambe, et un coup dans le ventre, il s'endort sur le champ. Les gens klaxonnent à outrance derrière ; la voiture est arrêtée sur la voie de droite. La circulation était peu fluide, elle est désormais presque complètement bloquée. Heureusement que nous n'avancions pas très vite sinon mon coup sur le frein à main aurait été potentiellement très dangereux. Je me demande tout de même si j'aurais tenté quelque chose d'aussi risqué si notre vitesse avait été supérieure ; j'ai le frisson de ne pas avoir eu l'impression d'en tenir compte dans l'action. Peu importe je renvoie à plus tard le temps de l'autocritique. Il me faut agir rapidement car je ne peux pas
rester ainsi ! Ce serait stupide de partir alors que j'ai un véhicule à ma disposition. Première chose à faire je détache mon agresseur. J'hésite quelques instants sur le sort que je vais lui réserver. Je ne peux tout de même pas le laisser sur la route. De plus en agissant ainsi dans la minute quelqu'un derrière appellera la police. Je décide au bout du compte de tenter de faire croire qu'il a eu un malaise et que je dois aller à l'hôpital rapidement ou une histoire de cet acabit.
Je descends et contourne le véhicule. J'ai caché le pistolet dans la boîte à gants. Une fois de l'autre côté je retire tant bien que mal l'homme de la place du conducteur. Pendant ce temps le trafic reprend tout doucement sur la voie de gauche, et les voitures derrière nous nous doublent lentement. Une passant à ma hauteur s'arrête pour me demander ce qu'il se passe, alors que l'embouteillage que nous avons créé continue de s'intensifier. Tout le monde klaxonne sans retenue, je me croirais rue de Rivoli ! J'explique que c'est mon oncle et qu'il a parfois des crises d'endormissement subites, que normalement il n'a pas le droit de conduire mais qu'il ne peut pas s'en empêcher. L'homme me sermonne que c'est terriblement dangereux, en plus d'être inconscient et illégal. Je feinte l'impuissance et le joug de l'autorité de mon oncle pour satisfaire mon détracteur, et j'arrive pendant ce temps à tirer ce gros balourd de la place de conducteur pour le disposer sur les places arrières, non sans pester intérieurement sur son poids. Je remonte dans la voiture et reprends le volant. Sacrebleu je me dis que j'ai de la chance que les gens soient si crédules, il ne va sûrement même pas appeler les urgences ou les gendarmes. La pierre ! De nouveau dans la bataille je l'avais perdue. Je la retrouve alors par terre, au devant du siège passager. Mais je n'ai pas eu la même réaction de manque, l'action et l'adrénaline ont sûrement atténué les effets. Je la reprends toutefois dans ma main.
Je m'insère rapidement dans la circulation pour mettre un terme à cette exposition gênante. Il me faut trouver où aller et que faire. Je devrais sans doute fouiller l'homme et la voiture, à la recherche d'indices ou d'informations. Le plus simple, me dis-je, serait de trouver une aire d'autoroute tranquille, mais il faut quand même que je me dépêche ne sachant pas combien de temps le somnifère fera effet. En tout état de cause je prends la direction de Paris,