page 40 le patriarche 41

Parfois oui quand elle se sentait faible, femme, triste, comme ce matin, elle aimerait se serrer dans les bras de cet homme... Elle pensait à Ylraw dans ces moments là. Et de penser à lui la dérangeait, car il n'était pas du tout comme elle aurait voulu, il n'était pas très grand, pas très beau, mais il avait quelque chose qu'elle n'expliquait pas, mais qui la rassurait. Une arrogance, une sûreté de soi, une volonté qui la faisait se sentir bien, se sentir protégée, se sentir femme.

Pourtant combien de temps l'avait-elle vu ? Cinq jours... Cinq petits jours, que connaissait-elle de lui ? Qu'avait-elle bien pu connaître de lui en cinq jours qui ait pu faire qu'elle pensât à lui si souvent ? Pas grand chose, et c'était sans doute plus la raison, l'inconnu, l'imagination. Elle rêvait sans doute plus de ce qu'était Ylraw que ce qu'il était vraiment. De ce qu'avait été Ylraw. Ylraw était mort, Ylraw était enterré, elle l'avait vu, elle avait vu son cadavre. Naoma était folle.

Et si elle ne l'était pas ?

Deborah, qui avait rangé les restes du déjeuner et se préparer à commencer sa journée dans le bureau, d'où elle gérait l'ensemble de l'exploitation, fit un détour par la salle de bain pour prendre une douche, qui dura un peu plus qu'elle ne l'eut prévu, puis elle regarda longuement, en retournant dans sa chambre, la carte de Naoma qu'elle avait laissé sur sa table de nuit.

La pierre... Où était-elle d'ailleurs, cette pierre, perdue ? Sans doute quelque part au Mexique ou en Australie ; retournée dans l'océan, peut-être... Et n'était-ce pas encore qu'un délire, cette histoire toute entière ne l'était-elle pas, après tout ? Que savait-elle d'Ylraw, que savait-elle pour être sûre ?

Quelle était cette pierre sur la carte, d'ailleurs ?

Une adresse !

Oui ! Une adresse électronique, inscrite en tout petit à côté de la description de la carte. Une inscription manuscrite, toute petite. Cela ne pouvait être que voulu, un moyen de donner un indice pour recontacter Naoma !

Deborah en laissa tomber sa serviette pour courir dans le bureau et tout de suite répondre au mail, pour ne pas perdre plus de temps, déjà une journée... Mais que dire ? Qu'importait ! Rien et tout, juste qu'elle était là, présente, prête. Elle se retint avant d'envoyer un simple "Bien reçu, prête" en concédant que toutes les précautions prises par Naoma pouvaient être mises à mal si elle répondait avec l'adresse électronique qu'elle utilisait habituellement. Elle alla donc se créer une adresse sur un site générique de courrier électronique sur Internet. Elle reformula un nouveau message de la même veine avec sa nouvelle adresse et bénéficia d'une bonne dose d'adrénaline quand elle l'envoya, légèrement tremblante et le ventre noué. Elle se rassit un peu plus profondément sur la chaise et eut déjà voulut avoir la réponse. Elle regarda les courriers arrivés depuis la veille et revint dans des préoccupations plus quotidienne sur ce qui l'attendait pour la journée en cours. Elle téléphona tout de suite à deux personnes qui se plaignaient d'une commande non conforme, et passa plus d'une heure au téléphone avec un fournisseurs récalcitrant.

L'heure tourna, ses tracasseries habituelles reprirent le dessus et elle en oublia son mail, Ylraw, et Billy. Billy. lui, ne l'oublia pas, et à 10 heures 20 il arriva devant le ranch de Deborah. Deborah qui fut doublement prise de panique, d'une part parce qu'elle avait complètement oublié qu'elle devait rappeler Billy, et surtout parce qu'elle réalisa qu'elle était encore nue, et que même si c'était Billy elle préférait éviter de se présenter ainsi devant lui.

Que lui dire ? Oui, non ? Peut-être ? Ah mince ! Pourquoi les choses allaient-elles toujours si vite, pourquoi fallait-il toujours devoir se décider à la seconde. Elle n'avait pas envie, pour l'instant, de se marier avec Billy, soit, mais pas forcément pour toujours, elle sentait bien qu'un jour elle voudrait gérer cette grande exploitation et faire la nique à tous les autres exploitants du coin, parce que c'était elle, parce qu'elle était une fille, une femme. Mais était-ce une raison bien suffisante ? Que ferait-elle une fois qu'elle y serait parvenue ? S'ennuierait-elle comme elle commençait déjà à s'ennuyer ? Voudrait-elle toujours aller plus haut ? Finirait-elle par tomber ?

Pour l'instant elle décida de faire croire qu'elle venait de se