comprends absolument rien du tout et que je suis à mille lieux de la vérité. Mais ils doivent bien se douter que je ne laisserai pas tomber l'affaire aussi facilement, maintenant que je suis là, perdu au beau milieu du Texas. Peut-être aussi veulent-ils se servir de moi comme appât, et qu'ils me suivent pour trouver les traîtres au sein de cette organisation dont il est question dans les cahiers. Toujours est-il que toute l'affaire semble partir de ces bracelets ; ils reviennent en permanence dans l'histoire, à moins que ce ne soit que la partie émergée de l'iceberg.
Je sens que ma tête commence à tourner, il faut que je m'arrête. Je me mets à genoux par terre.
- Peut-on faire une pause, je n'en peux plus.
- Non, monte derrière moi, c'est bon on ira plus vite.
- Tiens donc, tu me fais confiance maintenant, tu aurais pu te décider plus tôt.
- Tu préfères continuer à pied ?
- Non non, c'est bon.
Je monte avec peine derrière elle, son cheval est vraiment très grand.
- Eh bien dis-donc, tu n'es pas très bon cavalier.
Je suis extrêmement vexé parce que Virginie m'avait appris à monter à cheval et faire deux ou trois petites choses l'année dernière.
- Oh ça va pas de commentaires ! Je viens de marcher une journée entière durant, et je n'ai pas mangé depuis hier 11 heures.
- Oui, mais tu as bu, et tu pourrais dire merci.
Elle est vraiment charmante.
- Oui c'est vrai, merci.
- Attention, on galope.
Moi qui voulais dormir tranquille derrière elle sur le cheval, j'en ai pour mon fessier. Nous arrivons au ranch environ cinquante minutes plus tard, j'ai le cul détruit. Elle appelle son père :
- Papa ! Papa !
Son père répond de derrière la maison, ou d'une autre pièce.
- J'ai trouvé un gars perdu dans le désert, pas loin de là où la route a été coupée, je l'ai ramené.
Nous rentrons dans la maison. On n'entend son père crier :
- C'est pas un gars que je t'ai demandé de me ramener ! C'est mes pouliches ! Il est pas noir au moins ? Ah bon sang ! J'ai perdu mon après-midi avec Mike, son incapable de fils avait encore foutu le 4x4 dans un biaou ! Il a fallu qu'on s'y mette à deux tracteurs pour le sortir ! Satané !
Voilà qui s'annonce bien ! Le père arrive de la pièce d'à côté. C'est un bon gaillard d'une cinquantaine d'années.
- Je m'appelle Peter Brownwood, et vous, comment vous vous appelez ?
- François Aulleri, mais la plupart des gens m'appellent Ylraw.
- Ylraw ? C'est pas indien ça au moins ?
- Papa !
- Tais-toi, Deborah, je me fiche de tes avis sur les noirs et les indiens, ici c'est chez moi et je pense comme je le veux.
Deborah, donc... Je précise pour le père :
- Euh, non, c'est français, je suis français.
- Français ? Et qu'est ce que vous venez faire ici, pourquoi vous ne restez pas chez vous ?