page 340 le patriarche 341

qu'elle connaît depuis plus de quinze ans, et pour qui elle semble avoir beaucoup d'amitié même si d'après ce que je comprends elle ne le voit pas souvent. Je ne peux que difficilement refuser, je n'ai plus désormais d'impératifs et je crois que je la suivrais au bout du monde sans hésitation.

Mais alors que nous rentrons dans le fast-food-bar et que celui que je pense être l'ami de Deborah nous aperçoit, il se dirige droit vers elle et nous attire tout de suite dans les cuisines. Deborah ne manque pas d'exprimer sa surprise, tout en rigolant :

- Et oh c'est bon ! Je vais te les rendre tes cinquante dollars ! Et puis tu pourrais dire bonjour ! Qu'est-ce qui te prend ?

Lui n'a pas l'air de rigoler, il tiens Deborah par le bras, le visage inquiet.

- Je me fous de mes cinquante dollars, tu le sais bien. Excuse-moi de te tirer comme de la sorte à l'écart, mais hier un gars est passé dans le coin et il en avait après ton copain. Il avait une photo de lui et demandait si nous l'avions déjà vu.

Le copain de Deborah fait un signe de la tête en ma direction pour montrer que c'est de moi dont il parle. Je lui demande à quoi ce type ressemblait.

- Difficile à dire, un grand type avec un costume gris, la trentaine sûrement, mais pas de signe particulier. Il n'a rien dit d'autre. J'ai demandé pourquoi il te cherchait, mais il a répondu que ce n'était pas important, m'a remercié et il est reparti.

- Aïe ! Ça veut dire qu'ils sont encore sur tes traces, à moins que ce ne soit quelqu'un d'autre, qu'est-ce que tu en penses ?

Mon moral fait une chute de quarante étages.

- Boah ! Pfff ! J'en pense pas grand-chose... Je ne sais plus trop quoi faire, moi qui me faisais une joie à l'idée que tout cette histoire soit terminée. En tous cas s'ils traînent dans la région cela signifie qu'ils ne mettront pas longtemps à me dénicher, et qu'il vaut mieux que je parte d'ici au plus vite. En plus je te mets en danger toi et

ton père en restant au ranch. Quelles que soient leurs raisons il est plus prudent que tu me ramènes à Bryan et que je prenne un bus de là-bas.

Deborah est plus optimiste :

- Je ne suis pas sûre qu'ils te trouvent si facilement, tu n'as pas rencontré grand monde dans le coin. Mais c'est peut-être plus prudent que tu partes, en effet. Cela dit, je préfère t'emmener moi-même à la frontière mexicaine, comme ça au moins je pourrai te dire au revoir et te souhaiter bonne chance quand je sais que tu seras un peu plus en sécurité. Tu as toujours ton passeport ?

- Oui, mais tu ne penses pas qu'ils ont reçu des consignes pour m'arrêter à la frontière ?

- Je n'en sais rien... Il semble quand même qu'ils essaient de faire le tout discrètement, il n'est donc pas impossible que les gardes ne soient pas au courant. De plus c'est peut-être encore plus risqué de se faire attraper à essayer de passer la frontière en douce. Je ne suis pas une experte de ce genre de truc.

Le copain de Deborah intervient.

- Moi je connais un gars qui a fait passer des gars, mais c'est plus dans l'autre sens.

- Laisse Michael ce n'est pas une bonne idée de toute façon, enfin qu'est-ce que tu en penses, Ylraw ? Tu voudrais passer la frontière en douce ?

- Je sais pas trop, non il ne vaut mieux pas, mieux vaut compter sur le fait qu'ils veuillent rester discrets. Mais il faudrait quand même que je ne traîne pas trop, même que je parte aujourd'hui, mais tu as des réunions cette après-midi, non ?

- Je peux les reporter ce n'est pas un problème, c'est tout de même moins important que tes soucis.

Le copain de Deborah essaie tout de même de comprendre et s'interroge sur ce qu'il se passe et qui je suis. Elle lui explique en gros que des gens en ont après moi pour des raisons inconnues, et