page 510 le patriarche 511

- Allez, avance.

Erik me demande en anglais ce qu'il se passe, je lui explique que j'ai convaincu Énavila de tenter d'utiliser les avis à notre profit. Il est perplexe mais reconnaît que l'évasion ne sera pas vraiment une solution meilleure. Je demande à Guerd :

- Guerd, qu'ont dit les artificiels sur ce qu'il s'est passé juste avant qu'Énavila ne s'enfuie ?

- Je ne sais pas, je n'ai pas eu le temps de demander, je suis partie pour rattraper Erik dès que j'ai pu me lever. Nous allons voir au retour.

Erik demande à Énavila :

- C'est toi qui a fait ça ?

Elle ne répond pas, reste silencieuse un moment, puis dit finalement :

- J'en sais rien, peut-être.

J'essaie de ménager son sulfureux caractère, mais je préférerais qu'elle n'en parle pas, de peur que les membres du Congrès qui nous accompagnent n'en retiennent trop, espérant qu'Énavila sera suffisamment maligne pour noyer le poisson :

- Il vaut mieux que l'on ne s'attarde pas trop sur ce point, et puis le Congrès posera sans doute plus de questions qu'il n'en faut.

Erik me parle en anglais :

- C'est quoi ces histoires, tu manigances un truc avec elle ?

- Non, pas vraiment, mais je ne voudrais pas que ceux qui nous accompagnent ne fayottent trop.

La troupe ne nous entoure pas vraiment, marchant en petits groupes de trois ou quatre personnes discutant entre elles.

- Tu crois qu'ils nous écoutent ?

- J'en sais rien, mais mieux vaut rester discret.

- Pas de plan, alors ?

- Si ce n'est d'espérer qu'Énavila parvienne à convaincre le Congrès de nous laisser partir, non...

- C'est pas gagné quoi, j'ai bien peur qu'on ne se retrouve comme deux ploucs à mater les poissons.

Je souris :

- C'est la même image qu'a utilisée Énavila tout à l'heure. Décidément ça nous a tous marqué...

- Oh elle n'est pas si mauvaise cette petite. Un peu comme toi, un peu plus énervée peut-être.

- Carrément !

Nous marchons en silence un instant, l'herbe est douce et rase, sans doute entretenue, comme le bois, qui n'avait que très peux de branches basses ou cassées. Toutefois dans la mesure où le parc n'est pas accessible aux artificiels et où les gens ne travaillent pas, je me demande qui l'entretient.

- Guerd, ce sont des artificiels qui s'occupent du parc ? Ils ont quand même accès de temps en temps ?

- Non, enfin je ne crois pas.

- Qui s'occupe de couper l'herbe, de ramasser ou couper les branches mortes ?

- Hum, personne je crois. Je vais vérifier une fois au Congrès, avant que la séance ne reprenne.

Nous arrivons de nouveau dans les arènes et reprenons nos places.

Guerd reste silencieuse un moment, puis répond à ma question :

- Non, personne n'entretient le parc, il s'entretient tout seul. Les arbres, l'herbe, tout en fait, sont des espèces spéciales