Sarah bougeait ses petits bras dans l'air, elle n'avait pas faim, pas soif, elle bougeait ses petits bras, elle avait envie de bouger. De temps en temps, elle bougeait aussi ses pieds, mais elle arrivait moins bien à savoir ce qu'il se passait vraiment quand elle bougeait ses pieds, alors qu'elle voyait ses deux petits bras battre l'air.
L'artificiel de la maison observait attentivement la petite Sarah. Ce n'était pas le premier enfant de l'artificiel, lui-même en avait déjà materné deux auparavant, et indirectement, connecté à des millions d'autres artificiels présent dans la Confédération des fils d'Érimagel, des millions d'autres bébés. Il savait qu'il devait user de toute son attention envers la petite Sarah, pour que ses premiers jours, parmi les plus déterminant pour cette future femme, fussent les plus parfaits possible.
Melinawahasa était dans la pièce voisine, elle mangeait tranquillement des petits pains sucrés spécialement conçus pour elle, pour qu'elle puisse fournir à Sarah un lait de bonne qualité. Elle regardait, un peu énervée, Teegoosh en pleine conversation avec un de ses proches amis, encore, sans doute, à parler de politique. Finalement, par une requête à l'artificiel de la maison, elle le coupa.
- Vous savez, la politique c'est aussi savoir gérer correctement les priorités, et savoir prendre le temps pour les choses importantes. Jugez-vous vos tribulations politiciennes plus importantes que Sarah et moi ?
Teegoosh, d'abord surpris d'avoir perdu la communication avec son ami, s'apprêtait à demander à Melinawahasa ce qu'il se passait, mais elle prit la parole la première et il fut vexé de sa remarque. Il l'admit tout de même et se dit qu'elle avait raison, qu'il était la pour elle, pour elles, et que se laisser dépasser par les événements
était le plus sûr moyens de ne jamais arriver à rien.
- Je vous prie de m'excuser, vous avez entièrement raison.
- D'autre part il serait préférable que nous ne soyons pas détectés. J'ai confiance en Marouffasse, mais nous sommes ici, en un sens, plus vulnérable que dans la Congrégation.
Marouffasse, l'artificiel de la maison, témoigna de sa gratitude envers Melinawahasa et lui assura former une isolation parfaite autour d'eux.
Teegoosh vint s'asseoir aux côtés de sa bien-aimé, goûta un de ses pains qu'il ne trouva pas fameux, et en demanda des plus conforme à son goût à Marouffasse. Il embrassa Melinawahasa et la prit dans ses bras. Il aimait cette femme, il l'amait d'amour, il était amoureux, mais finalement ce sentiment le dérangeait, il pensait que l'amour physique, le sentiment amoureux provoqué par la sécrétion d'hormones dans son cerveau, était plus une faiblesse qu'un atout. Il aimait surtout Melinawahasa par sa raison, par cette admiration devant cette femme qu'il considérait bien plus que lui, qu'il considérait plus intelligente, plus raisonnée, plus forte, même. Mais il savait qu'un jour il pourrait devenir plus qu'elle, parce qu'elle avait une ambition limitée par ses valeurs humanistes, la sienne n'avait pas de limites...
Mélinawahasa regretta que Teegoosh fut encore si jeune et irréfléchi. Parfois elle sentait son ambition et elle lui faisait peur, parfois elle se disait qu'il serait prêt à tout pour le pouvoir. Pourtant il avait changé, depuis qu'elle le connaissait, elle se félicitait de lui avoir donné des valeurs, de lui avoir donné des repères, des limites. Mais il n'était pas prêt, il avait encore une vision trop floue des hommes, du bien et du mal. Elle pensait que Teegoosh était moins intelligent qu'elle, mais elle savait qu'il avait plus de volonté, plus la force de se relever sans cesse, plus cette obstination de ne jamais abandonner. Elle ne savait pas si elle, elle pourrait se battre jusqu'au bout.
- Vous savez, Teegoosh, je trouve que vous êtes encore un peu trop impulsif, votre heure viendra sans doute, mais il ne faut pas non plus prendre la vie trop au sérieux. Il y a des hauts et des bas,