ponchos et deux chemises, en espérant que personne n'ait l'idée saugrenue de les voler.
Je me rends au premier magasin, avec une jolie vendeuse, que je trouve, et je lui demande s'il elle pourrait m'indiquer où trouvait les adresses sur mon petit carnet.
- Mais ? Ce sont des adresses à Melbourne !
- Oui, euh, de toute évidence...
- Vous savez que vous êtes à Sydney ici ?
- Ah, oui, mais, hum, c'est loin d'ici !
Le fait qu'elle éclate de rire me fit me sentir plus que ridicule, mais elle est adorable et m'explique que Melbourne est à presque six cent miles de Sydney. Je ne sais pas trop combien fait un miles, mais je lui demande tout de même le meilleur moyen de me rendre à Melbourne.
- L'avion, à moins que vous ayez deux jours devant vous.
Je ne sais déjà pas combien de temps j'ai derrière moi, alors devant...
- À propos, quel date sommes-nous ?
- Nous somme le 26 juillet.
- Ah, merci... Et, hum, de quelle année ?
Elle éclata de rire, puis me dit que je ne devais pas trop rester là où son patron aller me mettre dehors. De toute évidence elle ne me prit pas au sérieux.
- Je ne sais vraiment pas en quelle année nous sommes, vraiment, vous ne voudriez pas me le dire, s'il vous plait, je m'en vais aussitôt après.
Elle rit encore, m'accusant de me moquer d'elle, mais je finis par le savoir, nous sommes en 2003.
2003, la dernière date inscrite sur mon carnet est le 20
décembre 2002. Juillet 2003 me laisse un trou de sept mois. Serais-je resté enfermé sept mois durant dans ce tube ? Je retourne pensif vers mon banc. J'accélère quand je vois deux personnes en train de regarder avec envie mes habits séchant. Je les somme de ne pas y toucher, ils s'éloignent en râlant.
Ah ! J'ai toujours ce fichu mal à la tête, et j'ai encore un peu froid. Je renfile toutes mes épaisseurs même si elles ne sont pas complètement sèches. Je me rendors même un moment sous le Soleil, c'est si bon... Sydney, Australie. Je ne sais même pas si je pourrais situer l'Australie sur une carte, pourtant je sais que je suis sur la Terre, mais je ne vois pas vraiment les détails. Je sens mon pays quelque part au Nord, près de la mer, je vois des montagnes, je vois la neige, le Soleil, le ciel d'un bleu pur et le froid. Le froid, j'ai l'impression que j'ai eu froid toute ma vie.
Je pourrais trouver un poste de police, dire que j'ai perdu la mémoire, ils m'aideraient sans doute, mais toutes mes blessures m'effraient. Qui étais-je ? Et puis je ne suis pas dans un si mauvais état, et j'ai de l'argent. Si je peux m'acheter un mars avec un de mes dollars, je dois pouvoir subsister quelques jours avec cinq mille d'entre eux. Il me faut aller à Melbourne. En avion dit-elle, six cent miles, deux jours si je ne prends pas l'avion. L'avion est sans doute plus cher, et je ne suis pas à deux jours près.
Je me lève finalement, bien décidé à trouver de quoi aller à Melbourne, je marche quelques instant pour m'éloigner du port et arriver en ville. Il me faudra deux heures et trois big-macs pour trouver un bus au départ de Sydney pour Melbourne. Ayant manquer le départ de 9 heures 30, j'attendrai patiemment celui de 16 heures qui arrive à Melbourne le lendemain matin à 6 heures 35, moins que les deux jours annoncés. Le tout pour la modique somme de 65 dollars, une bonne affaire à mes yeux.
Je relativise mon jugement quand je découvre que le vol Sydney-Melbourne n'est qu'à un peu plus de cent dollars, pas tellement plus cher que le bus. Après tout la majeure partie des gens doivent utiliser l'avion, le bus en devenant moins concurrentiel. Je n'aurai pas à cherche où dormir pour cette nuit, voilà déjà une satisfaction, même si j'ai la désagréable sensation de me sentir sale et une forte