J'ai repris un peu confiance en toi :
- Je ne sais pas trop Frank, enfin Ylraw... Il faut que je m'habitue à t'appeler comme ça ! Mais tu comprends je suis un peu perdue... Et puis tu m'as déjà menti, justement, sur ton nom, sur ton histoire.
- Oui c'est vrai. Mais je ne t'ai menti presque que sur mon nom. C'est juste que j'ai gardé mon histoire pour moi au début. Je n'aurais peut-être pas dû aller chez toi ce jour-là, finalement, tu serais peut-être tranquille avec Martin à l'heure qu'il est...
J'ai eu des remords et l'impression de t'avoir blessé. Je me suis approchée et je t'ai pris dans mes bras :
- Non ne dis pas ça. Je suis désolée si j'ai douté. Je suis contente que tu m'aies raconté ton histoire. Et puis qu'aurais-tu pu faire de plus ? Comment prévoir ? C'est peut-être une chance pour nous, après tout. Peut-être allons-nous sauver la planète d'un dangereux complot !
Tu m'as décoché un sourire.
Erik est resté plus pragmatique, comme d'habitude :
- Complot ou pas, en attendant c'est mes fesses que je voudrais sauver.
Nous avons passé un peu de temps à regarder plus en détail la salle dans laquelle nous étions, mais à part des petits trous dans le plafond, sûrement l'aération d'après Erik, il n'y avait pas grand chose. Mais en fait nous n'avons pas vraiment eu le temps de nous impatienter, quelques minutes plus tard des voix se sont faites entendre dans le couloir, et rapidement plusieurs hommes sont apparus à la grille. Ils l'ont ouverte et sont entrés dans la pièce, bien en rangs. Ils n'avaient vraiment pas l'air gentils et vu leur nombre je ne pense pas qu'aucun de nous n'a eu l'envie de tenter quelque chose, je me suis serrée contre toi, je t'ai pris par le bras.
Ils sont restés immobiles pendant un petit moment, puis ils se sont écartés, pour laisser la place à un homme, enfin... Je ne sais pas trop ce que c'était, il avait l'apparence d'un homme en tous
cas.
Samedi 29 janvier 2005 jour 648
Une exception, je m'accorde une exception en rajoutant ce paragraphe alors que je me relis, en bafouant l'ordre chronologique.
Jour 648, 29 janvier 2005. Je ne me rappelle de rien et c'était Naoma qui racontait, mais je sais que c'était lui, lui que je voyais pour la première fois. Il est entré, majestueux sûrement, si grand, légèrement bleuté, ne conservant que la perfection du corps humain, sans défaut, sans d'autres courbes que de lisses et douces lignes, et prenant plaisir à provoquer les pauvres hommes de leur laideur. Il m'a parlé sans doute, comme il le fera encore plus tard. Il s'est adressé à moi, rien qu'à moi, dans mon esprit. Ni Naoma ni Erik ne pourront me dire ce qu'il m'a confié. J'avoue que je serais curieux de savoir ce que tu m'as dit, alors...
Fin de l'exception
Jour 131
Naoma continue son histoire :
" Il était très grand, plus grand qu'Erik, plus grand que tous les autres, il devait mesurer largement plus de deux mètres. Il n'avait pas vraiment de visage, comme s'il portait un masque. Son corps entier était bleu, tout lisse. Il n'avait pas de sexe, pas d'yeux, pas d'oreilles, pas de poils. Je ne sais pas trop en fait s'il portait une combinaison, ou une armure... Mais je ne pense pas, c'était trop, je sais pas, trop uni pour être un habit ? À vrai dire c'est un peu comme si toutes les parties habituellement peu harmonieuses du corps humain étaient remplacées par des courbes douces et parfaites. De plus, mais je ne sais pas trop comment te décrire, il y avait comme une lumière, comme un rayonnement, une sorte d'aura bleutée qui l'enveloppait, ou qui se dégageait de lui. Quand il est arrivé les hommes ont mis un genou à terre. Je sentais de la force qui émanait de lui, et je crois que l'espace d'un instant je pensai être devant Dieu... Je suis tombée à genoux, sans le vouloir, toi tu es resté debout. Je... Je ne sais pas trop ce que je croyais, peut-être que je voulais me faire pardonner, comme si nous étions morts et dans l'attente du jugement... J'ai pensé à tellement de choses en si peu de