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compris. Désormais il est de mon côté et m'a aidé à m'enfuir. Il nous faut simplement de quoi nous soigner puis quitter la ville. Des hommes sont à nos trousses et ils peuvent arriver d'une minute à l'autre. J'ai peur qu'ils aient mis un émetteur sur Erik et qu'ils ne nous retrouvent rapidement.

- Si tu veux je peux vous emmener chez moi. Je suis en dehors de la ville ils mettront peut-être plus de temps pour remonter jusqu'à vous. Vous avez de la chance aujourd'hui j'ai ma voiture pas loin d'ici, je ne viens pas en bus le dimanche. Une fois chez moi j'irai dans une pharmacie chercher de quoi vous soigner. J'ai déjà quelques affaires pour les premiers secours mais bien sûr pas de quoi soigner des blessures par balles !

- OK ne traînons pas, nous pouvons partir tout de suite ?

- Oui pas de problème. Mais tu ne penses vraiment pas que vous devriez aller dans un hôpital, vous m'avez l'air salement amochés.

À ce moment Naoma arrive. J'en profite pour traduire ma conversation avec Martin à Erik et mettre Naoma au courant. Nous jetons rapidement un oeil à nos blessures pour les nettoyer et appliquer des compresses. La blessure à la jambe d'Erik semble sévère, tout comme celle à mon bras droit. Ces quelques instants de calme favorisent la diminution de sécrétion d'adrénaline et la douleur se fait tenace et difficile à supporter.

Martin part chercher sa voiture, et nous récupère quelques minutes plus tard devant la boulangerie. Naoma vient avec nous et nous partons tous les quatre pour la maison de Martin. Il habite un pavillon à une vingtaine de minutes en voiture, quand le trafic est fluide, du centre de Melbourne. Il nous explique que nous avons de la chance car sa compagne n'est pas présente aujourd'hui, et qu'elle aurait sans doute appelé la police sur-le-champ dans le cas contraire.

La situation commence à être dur pour Erik et moi, et nous sombrons petit à petit dans une somnolence dangereuse. Je récupère ma pierre dans ma poche et retrouve le sentiment agréable de percevoir sa chaleur réconfortante en moi. Nous arrivons chez Martin et la marche jusqu'à la maison est très difficile. C'est une maison de taille

moyenne avec quelques mètres-carrés de jardin. Le quartier a l'air agréable. Mais je ne fais pas plus attention aux environs, assez peu enclin à faire du tourisme à ce moment précis.

Martin nous installe dans la chambre d'ami à l'étage qui lui sert aussi de bureau. Naoma et lui nous aident à nous déshabiller. Il indique à Naoma où trouver de quoi débuter à nous soigner en attendant qu'il revienne de la pharmacie. Il nous prévient cependant qu'il pourra être long, étant dimanche il ne trouvera sûrement pas une pharmacie ouverte rapidement et devra peut-être se rendre à l'hôpital.

Nous sommes désormais tous les deux presque nus étendus sur le lit, et Naoma panse et nettoie tant bien que mal nos blessures. Le plus inquiétant est la blessure d'Erik à sa jambe. La balle semble toujours à l'intérieur, nous allons devoir la retirer. Sa blessure à l'épaule est moins préoccupante, la balle n'ayant fait que l'effleurer. Retirer la balle sans morphine risque d'être une opération périlleuse. De plus nous ne savons pas combien de temps il nous faudra attendre Martin. Erik insiste pour que nous tentions de la lui enlever tout de suite, ce qui ne m'enchante guère. Quoi qu'il en soit la morphine ne se trouve plus en pharmacie et je doute que l'hôpital accepte de lui en fournir, il faudra donc faire sans. Quant à mon épaule et mon avant-bras, les balle ont traversé de part en part, mais seul les muscles semblent touchés, ce qui ne rend pas les blessures moins douloureuses. Après être pansé, je demande à Naoma de faire le tour de la maison pour trouver des ustensiles pour faciliter le retrait de la balle. Pendant ce temps je vais tout d'abord chercher de l'eau pour moi et Erik, nous avons perdu une quantité non négligeable de sang et il nous faut beaucoup boire. Ensuite je tente de localiser plus précisément la balle dans sa jambe. Erik souffre et se retient de crier quand j'exerce différentes pressions. Par la même occasion je jette un oeil à son mollet où il dit avoir reçu ce que je pense être l'émetteur. La blessure ressemble comme deux gouttes d'eau à celle que j'avais, une petite marque en surface mais la douleur est plus profonde. En attendant que Naoma revienne je tente de trouver du métal pour fabriquer une cage de Faraday rudimentaire autour de sa jambe et confiner les ondes électromagnétiques de l'émetteur. Je ne trouve rien dans la chambre et part moi aussi en direction du sous-sol, où j'espère trouver un atelier et des outils.