carrément un peu amoureuse de ces bêtes de course. À bien y réfléchir, je ne crois pas que j'ai fait grand chose d'intéressant à part l'école et piloter pendant ces années là, jusqu'à environ treize ans, quand nous avons déménagé.
Sur Ève papa ne faisait pas un travail très intéressant, maman occupait un poste plus important. Papa n'est pas né sur Ève, il était venu y travailler à l'époque où il fallait bouger pour trouver un emploi, et puis il avait rencontré une première fille dont il était tombé amoureux, alors il avait décidé de ramener son corps sur Ève pour la rejoindre, parce qu'il était interdit pour une personne téléportée d'avoir des enfants, c'est toujours interdit, d'ailleurs. Les clones sont modifiés génétiquement et il y avait eut des problèmes dans le passé, alors il avait été décidé de rendre tous les clones stériles. Manque de pot la planète d'origine de papa était assez loin, et dans les quatre cent ans qu'il a fallu à son vrai corps, son "initial", pour arriver sur Ève, ils s'étaient séparés et elle s'était déjà liée trois fois puis elle était finalement partie avec un autre à l'autre bout de la Congrégation. À défaut papa est resté sur Ève, puis il a rencontré maman. Je ne sais pas trop s'ils se sont vraiment aimés un jour. C'était peut-être plus pour avoir quelqu'un, et puis par facilité. Leurs vrais corps étaient maintenant tous les deux présents sur Ève, pas besoin encore de centaines d'années de voyages interplanétaires. Bref, malheureusement je fus leur seule et unique enfant. Papa a eut un accident avec son travail quelques temps après ma naissance et on a dû le réparer, les modifications étaient assez importantes et le médecin a considérer que c'était trop pour le laisser fertile. J'étais petite encore, je ne m'en rappelle pas, mais je ne crois pas que cette épisode affecta vraiment ma mère, je ne suis pas sûre qu'elle voulait d'autres enfants de toute façon. Je ne suis même pas sure après coup qu'elle en ait jamais voulus.
Sur Ève on ne faisait pas grand chose avec papa et maman, de toute façon sur Ève il n'y avait pas grand chose à faire. Au début, quand Ève a été colonisée, c'était un petit peu le nouveau monde, tous les aventuriers s'y rendaient, dans l'espoir de créer un nouvelle société, quelque chose qui leur ressemble plus, quelque chose qui n'était pas gangrené par la mentalité d'Adama. Rapidement Ève devint beaucoup plus puissante qu'Adama, mais c'était à un prix. Les gens travaillaient plus, il y avait plus d'inégalités, la nature était
moins respectée. Ève était très peuplée alors, et elle devint presque plus dense qu'Adama elle-même, sans plus aucun espace libre. Pendant très longtemps Ève fut la planète la plus influente, et puis petit à petit elle vieillit aussi. Quand je suis née, le rêve était fini depuis longtemps, toutefois il y avait encore énormément de monde, mais plus grand chose de passionnant à faire, comme un peu partout ailleurs...
Bref, vers mes treize ans, maman changea de travail et nous allâmes dans un autre coin, papa suivit. Il n'y avait pas de problème pour changer de travail, de toute façon le travail servaient tellement à rien que n'importe qui pouvait faire n'importe quoi du moment qu'il y mettait de la bonne volonté. C'est à ce moment que tous mes efforts d'intégration auprès de mes camarades furent anéantis, et que je suis arrivée dans un milieu nouveau où je ne connaissais personne. Et finalement je n'eus pas vraiment envie de connaître qui que ce soit, de tenter de nouveau de faire comme les garçons et de prendre le dessus, ou au moins de m'imposer, je m'en moquais, je me moquais des autres et de leurs idées. Je laissai un peu couler toutes ces histoires, j'avais deux très bonnes copines, un peu à part, un peu timides, comme moi, et nous restions ensemble en permanence, sans porter attention aux préoccupations d'adolescents naissantes de nos autres camarades.
Ce qui me plaisait encore et toujours, c'était le pilotage, j'aimais piloter, j'adorais ça. Ces sensations me permettaient d'être un peu loin de tout, avec mon vaisseau. Je me débrouillais pas trop mal, et je pus sortir seule dans l'espace plus tôt que tous les autres qui prenaient des cours en même temps que moi. Et quand nous avons déménagé j'ai tellement insisté tellement pour pouvoir encore piloter que papa et maman refusèrent un superbe appartement pour un beaucoup plus modeste mais beaucoup plus proche d'un centre de pilotage. L'école m'était toujours aussi indifférente, d'autant que j'étais toujours interdite de sujet de recherche relatif au pilotage, alors je laissais faire, je me moquais de notre histoire, de la science, de tout. D'autant plus que je ne comprenais absolument pas à l'époque pourquoi se fatiguer à apprendre toutes ces choses alors que dès que j'aurais accès au bracelet adulte je pourrais tout savoir instantanément. Bien sûr il y avait toutes ces théories comme quoi il était important que mon corps apprenne d'abord par lui-même, prenne