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suivant le point de vue. Ce n'était finalement pas si loin, je devais être impressionné par la hauteur plus que par la distance réelle aux escaliers. Deborah se débrouille beaucoup mieux que moi, et ne se fait pas du tout mal, alors que je me suis pris un sacré coup au niveau des genoux. Elle me demande si je ne me suis pas trop fait mal, l'air de dire que je me suis moins bien débrouillé, ce qui m'énerve beaucoup mais nous n'avons pas le temps de nous chamailler. Durant notre descente rapide, nous entendons ce qui sans aucun doute est le bruit des hommes en train de défoncer la porte. Et quelques secondes plus tard ils sont à la fenêtre en train de crier que nous ne devons pas partir, que nous devons attendre. Nous n'y prêtons aucune attention et quelques dizaines de secondes plus tard nous sommes en train de courir en direction du 4x4 de Deborah.

Notre départ se passe sans encombre. Nous ne cherchons même pas à nous interroger sur ce que voulaient ces hommes, et nous filons en direction de l'aéroport. Aéroport de Monterrey qui se trouve, selon Deborah, parce que moi je n'y connais rien, au nord-est de la ville, vers Apodaca, à près d'une quinzaine de miles du centre ville de Monterrey, peut-être plus. Je suis impressionné par son sens de l'orientation, mais elle m'explique qu'elle est déjà venue deux ou trois fois à Monterrey, en avion la plupart du temps, et que par conséquent elle connaît un peu. De plus elle avoue ne pas prendre le plus court chemin, mais redescendre un peu vers le centre pour retrouver un itinéraire qu'elle connaît mieux. Elle pense pouvoir aller plus vite de cette façon plutôt que de chercher directement le meilleur itinéraire. Mais nous ne sommes pas extrêmement pressés, il semble en effet que nos visiteurs ne nous aient pas pris en chasse.

- Comment penses-tu qu'ils t'ont retrouvé ?

- Je n'en ai pas la moindre idée. Ils savaient que nous partions pour le Mexique, qu'ils aient pu deviner que nous irions jusqu'à Monterrey, soit, mais pour nous dénicher dans l'hôtel, je ne comprends pas.

- Si ça se trouve, au moment ou nous avons pris la fuite après que le type sur la 75 ait été tué, ils ont peut-être tiré un émetteur sur la voiture sans que nous ne nous en rendions compte. Peut-être même en avions-nous un depuis bien avant. Auquel cas ils peuvent nous suivre facilement.

- Ils ont peut-être aussi tout simplement transmis le descriptif de la voiture ou de nos portraits, ce qui expliquerait qu'il leur ait fallu toute la nuit avant de nous retrouver.

- D'un autre côté ça n'avait peut-être aussi rien à voir, peut-être devenons-nous complètement paranos et ne voulaient-ils que nous signaler un problème quelconque.

- À 5 heures du matin, en défonçant la porte ? J'en doute, de plus ils connaissaient mon surnom, et je te rappelle que tu as payé en liquide et donné un faux nom au gérant de l'hôtel.

- Ha oui tu as raison, je suis bête.

- Je ne te le fais pas dire !

- Ah ! Mauvais garçon !

Elle me file une tape sur la jambe. Nous rigolons un peu. Mais si de ne pas prendre les choses trop au sérieux est bon pour le moral, cela n'éclaircit pas pour autant mes idées sur ce qui se trame, et comment nous ont retrouvés ces gars-là. Deborah a peut-être raison, un émetteur se trouve sur la voiture... Nous arrivons à l'aéroport de Monterrey. Je prends un billet pour le premier vol pour Mexico, à 6 heures, dans quinze minutes. Je ne prendrai un vol pour Sydney qu'une fois là-bas, plus en sécurité. Les adieux sont brefs, ce n'est pas son genre, pas plus que le mien. Je lui dis de faire attention, que si la voiture est effectivement suivie, il se pourrait qu'elle ait quelques ennuis. Elle me répond que c'est à moi qu'ils en veulent, et qu'ils la lâcheront quand ils verront qu'elle est seule. À son tour de promulguer des conseils, puis nous nous embrassons, sûrement pour la dernière fois. Ses lèvres me manqueront...

- Salut cowboy, prends garde à tes fesses, et repasse dans le coin mettre un peu d'aventure, c'est vrai que ma vie va paraître bien monotone maintenant, à côté de tes péripéties... Tu m'écriras la suite, j'espère, et n'hésite surtout pas à passer un coup de fil ou un mail si tu as besoin que je t'envoie de l'argent.