page 46 le patriarche 47

Lundi 10 septembre 2001, 8 heures 45, frais matin parisien ; pour la saison, s'entend.

Un petit peu froid et un petit peu faim. Garder les notions de l'existence et du besoin. Ne pas se laisser aller à la facilité. Il est dur de résister à son plat favori, il est dur de résister à tourner le bouton du chauffage. Toutefois, un jour, l'idée que cela nous rende plus fort, qu'étrangement aucun rhume de l'hiver, ou pas de panique en cas de coupure d'eau chaude, pas de problème de cholestérol, pas de problème de poids, pas de problème de caries. Après c'est une question d'organisation, un peu comme si le plaisir se répartissait en quantité limitée, finie. Quelques petits efforts et sacrifices aujourd'hui, quelques soifs de plaisirs simples, ou plus espacés, et j'en profiterai d'autant plus, et d'autant plus longtemps.

La facilité est un mal qui me tue, et je n'accepte plus de l'aimer, d'aimer avoir chaud, de t'aimer toi, si tu n'es pas ce que je veux, je veux la lutte, la distance, la souffrance, l'effort, je veux juste passer du temps à construire, passer du temps pour trouver, passer du temps à t'attendre si tu ne veux pas de moi, passer du temps à être plus si je ne suis pas assez, passer du temps à devenir si je ne suis pas encore...

Mercredi 12 septembre 2001

Mercredi 12 septembre 2001, lendemain du 11 septembre. Les hommes se battent et meurent pour des causes, des causes qui sont créées, inventées. Ne croyez pas ce qu'on vous dit, ne croyez pas ceux qui vous montrent les méchants. Les ennemis des hommes, ce sont la misère et le désespoir, ce sont eux qui créent les guerres, qui créent la mort, qui créent la haine. Si vous avez besoin d'un ennemi, d'un responsable, d'un coupable, que ce soit cette misère, et si vous devez mourir pour une cause, que ce soit pour la combattre.

Lundi 17 septembre 2001

L'automne arrive, plus que quelques jours, déjà la fraîcheur du matin est au rendez-vous. Lente descente vers les jours pleins de nuit, vers cet hiver, ce froid dont on ne sait jamais si on va en réchapper. Point d'amertume non, car pas de plaisir plus grand que voir de nouveau les jours grandir, petit à petit, et de voir un nouveau

printemps, une nouvelle vie qui naît, et le Soleil qui revient.

Lundi 17 Septembre 2001, j'hésite entre laisser tels quels mes dires, ou retravailler, censurer, reformuler, changer un jour qui n'est plus le bon ce que le passé m'inspira.

Samedi 29 septembre 2001

Le monde est dur, il nous frappe souvent. Le monde est dur et impatient, le monde est dur et impassible. Il nous faut être forts et susceptibles, doux et résistants. Le monde est dur et nous rend ainsi. Indifférents jour après jour. Les choses nous touchent moins, la lassitude toujours, lassitude des autres, de leur violence, de leur absence, de leurs faiblesses, de leurs humeurs. Que de se battre pour construire, que de se battre pour d'autres. Où sont ces causes, où sont ces amours, où sont ces vies sans solitude ? Sensibilité tu t'envoles, reste encore un peu. Sensibilité, encore quelques pleurs. Avant que tout ne s'affadisse. Laisse-moi souffrir encore un peu du mal qu'ils me font, du mal qu'elle me fait.

Point de faiblesses, point de retard, point d'attente. Aller de l'avant sans attendre, sans comprendre, sans espérer. Rendre les autres des contraintes, des rendez-vous, du temps perdu, du temps passé, du temps gâché. La force est-elle vraiment, dans l'insensibilité ?

Samedi 29 Septembre 2001, Mandrake Linux 8.1 terminée, pour l'instant tout du moins. 8 heures 30, le temps de reprendre un peu ses esprits le matin grandissant. Mais les efforts sont récompensés, le dévouement, les concessions, la volonté, ne sont pas inutiles, les efforts sont récompensés.

Samedi 20 octobre 2001

Un peu de temps qui passe, un peu de recul qui s'accumule. Samedi 20 octobre 2001. Il pleut sur la ville comme il pleut sur mon coeur, citation dont je ne connais pas l'auteur qui correspond si bien à cette journée.