Dans une petite chambre, un peu similaire à la mienne. Énavila dort calmement. La couverture est très mince et on devine dans la pénombre les courbes de son corps, décidément toutes ces femmes me rendront fou ! Le petit traceur par lequel nous parvienne les images vole doucement autour, divers petits histogrammes indiquent sans doute son activité physique et cérébrale. Son coeur bat lentement, tellement lentement, j'en suis jaloux. Trois images sont disponibles, une pour chaque traceur. Quand un passe à proximité de sa tête, je contemple ce visage d'ange qui me cause pourtant tant de malheurs. Elle a tout de même un beau visage, sous ses airs de démon. Je n'ai toujours pas remis la main sur la personne que j'ai connue qui lui ressemblait.
Elle ouvre les yeux, les petits traceurs s'affolent et accélèrent leur course au-dessus d'elle. Sur les différentes petites représentation des images en trois dimensions de son cerveau clignotent diverses couleurs indiquant les zones qui s'activent. Elle se relève et se place sur les coudes, regarde autour d'elle en plissant les yeux, puis se laisse retomber en soufflant.
- J'ai le droit de me lever ?
Elle s'adresse aux traceurs. Ceux-ci lui répondent par un sym.
"Il serait préférable que vous dormiez encore un peu."
Elle leur répond de vive voix :
- J'ai plus sommeil.
"Votre non coopération lors de la séance du Congrès ne nous poussent pas à vous laisser un degré de liberté important, en conséquence nous préférons que vous restiez ici. Dormez encore un peu,
il est très tôt."
- Je veux juste aller marcher un peu. La lune est presque pleine, je marcherai juste dans le parc.
"Plus tard."
Énavila se redresse sur les coudes et suit de la tête un des traceurs qui lui virevoltent autour.
- Putain ! Je veux juste marcher un petit moment, c'est pas la mort, je vais pas foutre le feu ou faire du mal à quelqu'un, de toute façon vous me surveillez et vous m'empêchez de bouger, alors qu'est-ce que ça peut faire ?
"Il est inutile et vain que vous vous énerviez. Il est plus sage que vous vous reposiez, vous pourrez vous promenez demain toute la journée."
- Chier...
Énavila se laisse retomber sur le lit et croise les bras. Les traceurs arrivent à retrouver la plupart de ses pensées. Ils laissent entrevoir les images mentales qui peuplent son esprit. Je la vois en train de s'imaginer dormir, feinter la surveillance des traceurs, se lever doucement. Elle semble maintenant se concentrer sur un des traceurs, et on voit comme des flashes électromagnétiques sur la représentation en trois dimensions de son cerveau. Elle s'écrit soudain :
- Petite saloperie, t'es en train de lire mes pensées, saloperie, t'as pas le droit de faire ça !
"Je vous rappelle au contraire que c'est votre manque de coopération qui a permis au Congrès de m'en donner l'autorisation."
Ses pensées s'emballent, elle comprend qu'elle ne peut pas penser à quoi que ce soit sans prendre le risque de dévoiler des choses, des images brouillées apparaissent, on ne distingue plus directement les images.
- Chier...
Une sorte de voile bleu apparaît, mais, surprise, je l'entrevoie près des bâtiments par lesquels nous sommes arrivés sur Stycchia, puis