- Papa !
- Tais-toi Deborah, retourne donc chercher les pouliches, si tu n'avais pas voulu faire la maligne à essayer de les monter, elles seraient toujours dans l'enclos.
Sur ce, Deborah vexée part à l'extérieur. Ce n'est pas bon pour moi de rester ici avec ce type.
- Bon, je veux bien vous garder pour le souper, mais il faudra le mériter, venez donc m'aider à sortir les bacs d'eau pour les chevaux, la pompe est en panne, et avant qu'ils ne la réparent, il faut se le farcir à la main.
Je me demande ce que c'est encore que ces histoires. J'ai un peu récupéré après avoir bu et être resté sur le cheval, malgré le mal aux fesses, mais je ne suis pas sûr que je puisse aller trimbaler ses bacs d'eau dont je me contrefiche.
- Ce serait avec plaisir, mais je n'ai pas mangé depuis un jour et demi, je ne sais pas si je pourrais vous être d'un grand secours.
- Eh bien, vous n'êtes plus à une demi-journée près ! Si on tient un jour et demi, on tient deux jours. Et puis l'appétit ça donne de l'énergie, allez venez !
Génial...
Dimanche 8 décembre 2002
Les trucs du vieux sont terriblement lourds... Ce sont de gros récipients que l'on remplit d'eau et que l'on transporte à une centaine de mètres dans une sorte de citerne. Rien qu'après le premier je n'en peux déjà plus et je suis un peu comme un zombi. Le vieux ne dit pas un mot, c'est déjà une bonne chose, au moins je suis tranquille ; je porte ses machins et c'est tout ce que j'ai à l'esprit. Le temps passe, il me semble qu'il s'écoule des heures et des heures ; j'en porte et j'en porte et j'en porte... Je n'en peux plus, j'ai sans cesse des petites étoiles dans les yeux comme dans l'ascenseur du Pentagone, si seulement je pouvais tomber dans les pommes au moins il me laisserait tranquille. Le temps passe et j'en porte encore, je ne sais pas si c'est vraiment l'appétit qui me donne des forces mais je ne comprends pas pourquoi je ne me suis pas encore
évanoui... C'est peut-être la volonté, ou plus sûrement mon orgueil, parce qu'il ne va pas m'avoir le vieux ! Tu vas voir ! Il fait son malin avec ses sceaux d'eau mais il peine lui aussi, je le vois bien, et ce n'est pas moi qui vais lâcher le premier ! On dirait que c'est la seule chose qu'il attend, que je lâche, que j'arrête, que j'abandonne, mais non ! Ha ha ! Tu commences à fatiguer ! T'as un tour de retard mon pote ! Non mais tu vas voir !... Je suis comme dans un rêve, j'ai mal partout, mais je ne peux pas arrêter, pas maintenant, pas avant lui. C'est comme si mon corps me disait qu'il n'en pouvait plus mais que je pouvais passer outre. Je décide même d'un peu accélérer pour l'achever. Eh eh ! Ma tactique fonctionne, elle l'énerve, il essaie lui aussi d'aller plus vite. Je m'arrange pour alors toujours garder un petit temps d'avance sur lui. Tu crois pas que tu vas m'avoir ! Même si j'ai pas mangé, je vais te la remplir ta citerne mon pote, elle va te déborder par les yeux ; crois-moi tu vas la réparer ta pompe !
- Bon, c'est pas tout ça, mais il va falloir penser à aller manger, Deborah a dû commencer à faire le repas, et puis tu dois avoir sacrément faim maintenant !
Tu abandonnes ! Mais tu ne vas pas t'en tirer à si bon compte, essaie pas de te la jouer charitable maintenant. Je vais te massacrer !
- Oh non, regardez, la citerne est remplie aux trois quarts, ce serait bête d'arrêter maintenant, finissons-en !
- Euh, bon, très bien.
J'ai touché ton orgueil mon pote, attends je t'achève :
- Mais j'ai l'impression que vous êtes un peu fatigué, laissez faire, je vais terminer, allez donc aider votre fille pour le repas.
- Non, non, je vais terminer avec vous.
Il n'en peut plus, il avance à peine, il transporte encore trois bassines et il lâche. Il prétexte alors d'avoir entendu sa fille l'appeler. Mais vu le temps qu'il a mis pour transporter la dernière, à faire des pauses tous les dix mètres, à mon avis c'est surtout qu'il