page 466 le patriarche 467

Ils ne sont pas tous partis, les aventuriers, pas tous partis avec les hommes de l'Au-delà, il doit bien en rester parmi vous ! Les hommes de l'Au-delà... Parfois j'ai l'impression que c'est cela que vous voulez, que nous devenions les enfants de l'Au-delà. Et que tout comme eux, vous baissiez le regard en parlant de nous, comme honteux d'avoir laisser faire une chose pareille. Mais peut-être après tout n'en avez-vous pas honte, peut-être après tout seriez-vous rassuré, d'éliminer une fois de plus cette gangrène qui trouble votre éternité...

Mais pensez-vous vraiment que cela nous fait plaisir de devoir sans cesse nous battre contre vous, nous battre contre vos préjugés, vos règles, vos limites. Ne croyez-vous pas que nous préférerions passer du bon temps avec vous, vous, nos familles, nos parents, plutôt que d'être toujours et encore sermonnés ? Plutôt que de ne paraître à vos yeux que parias ?

Je n'arrive pas à vous comprendre, je n'arrive pas à comprendre pourquoi cet entêtement à notre égard ; nous ne sommes pas des voleurs, nous ne sommes pas des monstres, juste vos enfants qui rêvent d'autre chose que votre monde moribond...

Mais ne voyez-vous pas que vous êtes en train de mourir à petit feu, ne voyez-vous pas que vous vous enfoncez petit à petit dans quelque chose pire que la mort ! Vous ne faites plus d'enfants, vous vous croyez jeunes dans vos clones alors que vous n'êtes que des ombres, des esprits hantant un monde qui ne veut plus d'eux !

Je ne supporte plus ça ! Je ne supporte plus de sentir... Cette sensation de mort qui m'envahit... Je ne supporte plus cette Congrégation, ces règles, ça me tue ! Ça me TUE ! Vous comprenez, ça me ronge de l'intérieur, comme si c'était moi qui mourrait, comme si c'était moi qui sentait la gangrène me dévorer !

Mais est-ce mal de vouloir le bien de son peuple ? Est-ce mal de vouloir redonner la vie, est-ce mal de vouloir redonner le rêve, l'espoir, l'envie ? Vous n'avez plus tout ça depuis longtemps, ses sentiments sont enfouis dans un passé que vous ne regardez même plus. Vous n'êtes plus rien, et moi je ne peux pas vivre en sentant ça, je ne peux pas vivre autour d'hommes et de femmes qui n'en sont plus vraiment... Qui ne sont que des ombres...

Je ne peux pas, je ne pourrai pas, vous n'avez sans doute plus ce sentiment depuis longtemps, mais je suis bouffée par ce truc ! J'ai parfois envie de mourir plutôt que de ressentir ça ! Mais je ne peux pas mourir...

Je ne peux pas mourir !... Nous n'avons même pas le droit à la mort ! Trois fois déjà j'ai jeté mon bracelet dans des fournaises et mon corps avec, en espérant ne plus en revenir... Mais non ! Toujours je reviens, toujours vous me ramenez à l'amère réalité... Toujours vous voulez me voir subir mon martyr jusqu'au bout ! Je n'aurai donc jamais de repos...

Pourtant sentir son esprit s'envoler est une enivrante sensation, mais je ne sais pas comment vous vous débrouillez pour toujours me ramenez, pour toujours le rattraper, pour toujours le piéger de nouveau dans un de vos corps... Pourtant j'aimerais voler, voler pour toujours dans le vide et le calme, et ne pas avoir cette douleur de mort qui m'habite... N'est-ce pas étrange, hein, que vivante je me crois morte, et que morte j'ai l'impression de vivre ?

Vous ne comprenez sans doute pas tout ça. Vous ne comprenez sans doute pas que ce que je tente désespérément, c'est de vous ramenez à la vie, c'est d'attiser cette flamme qui s'éteint... Je suis fatiguée... Je suis tellement fatiguée...

J'en ai marre... J'en ai marre de me battre pour quelque chose dont vous vous moquez... Mais si vous ne voulez pas, après tout... Comme si j'étais un démon, comme si j'allais tout foutre en l'air, comme si je n'étais pas normale... J'en sais rien moi pourquoi vos bracelets et vos traceurs à la noix ils ne marchent pas bien sur moi... J'en sais rien pourquoi...

Goriodon ment. Vous ne croyez que vos bracelets sur paroles, mais croyez-moi, il ment, il sait, il sait de quoi il en retourne... Mais je m'en moque, maintenant. Je m'en moque. Vous ne voulez pas de moi, OK, pas de problème. J'irai me faire foutre au fin fond de la galaxie, et je n'en aurai plus rien à faire de vous, c'est bon j'ai eu ma dose... Et Gwénoléa est comme les autres, tu m'étonnes que ça se passe mieux entre le Congrès et les planètes rebelles. Qu'est-ce qu'on a eu depuis qu'elle est là ? Le droit de