page 64 le patriarche 65

Le gamin partit en trombe avant même qu'ils n'aient pu le saluer une dernière fois. Stéphane se tourna vers Thomas :

- On verra avec ses parents pour une déposition plus détaillée.

Ils se dirigèrent vers la voiture et s'y installèrent. Thomas se répéta comme à lui-même.

- Une ferrari rouge... On est vachement avancés...

- Et encore, je suis sûr qu'il a dit Ferrari comme il aurait pu dire Porsche ou Lamborghini, à cet âge-là toutes les voitures de sport sont des Ferrari.

- Ça ne nous avance pas quoi...

Thomas redémarra, Stéphane s'exclama :

- Au contraire ! Nous n'avions rien. Maintenant nous savons qu'une personne est venue à l'heure présumée du meurtre ! Tu n'imagines pas, il y a toutes les chances pour que cette personne soit le meurtrier.

Thomas ne répondit pas. Un homme, une Ferrari, vers 15 heures ? Qui pouvait-il bien être... Stéphane trouva son silence suspect.

- Tu n'as pas l'air très emballé. Quelque chose ne va pas, tu penses que ce n'est pas une bonne piste ?

La voiture entra et se gara devant la maison de la mère de Thomas. Il sortit de ses rêves :

- Non non, enfin si, je pense que nous avons une bonne piste, je me demandais juste qui pouvait bien être cet homme. Je n'ai jamais vu Seth en compagnie d'hommes, et encore moins en compagnie d'hommes avec une Ferrari. C'était une fille simple, j'ai vraiment du mal à imaginer quels pouvaient être ses liens avec cet homme... Peut-être n'était-ce pas la première fois qu'il venait. Nous n'avons pas pensé à demander au gamin, d'ailleurs.

- Si, il a dit au début qu'il ne l'avait jamais vu dans le coin.

- Ah oui c'est vrai.

- Mais...

Ils se dirigeait vers la maison de Thomas. Stéphane eut une hésitation.

- Je comprends que ça puisse être dur pour toi... Peut-être que nous allons découvrir que Seth avait des amants, ou trempait dans des histoires louches. C'est vrai que tu as peut-être plutôt envie d'oubli...

Thomas le coupa, presque autoritairement :

- Non. Je veux savoir, je veux savoir qui elle était. Qui elle était vraiment.

Ils rentrèrent tout deux dans la maison de Thomas. Thomas resta un instant immobile, voilà plus d'une semaine qu'il n'était pas rentré. Il lui semblait toujours sentir l'odeur sucrée de la peau de Seth. Comme si les murs en transpiraient, en pleuraient. Stéphane avança doucement dans la pièce, rompit le silence :

- Elle avait beaucoup d'affaires ?

- Des habits, principalement, quand elle a emménagé ici elle n'avait rien qu'une valise d'habits.

- Elle n'avait pas de lettres, de courrier, de papiers, de livres ?

- Elle ne recevait pas de courrier. Elle n'en écrivait pas non plus, pas que je sache en tout cas. Quoi qu'il en soit je n'ai jamais lu sa correspondance. Je ne pense pas qu'elle en ait ici. À moins qu'elle ne l'ait cachée, mais de toute façon, comme je t'avais déjà dit, elle jetait tout.

Stéphane fut étonné :

- Elle ne recevait pas de courrier ? Aucune lettre ?

- Non, aucune.

- C'est pas possible, elle devait avoir une autre adresse !