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riche en protéines. Mais ici le bracelet prend avantageusement le relais pour toute les limitations de notre bon vieux processeurs obsolète. Il nous indique quand nous avons trop ou pas assez mangé, parvient à contrôler nos envie et nos sensations de faim, de satiété ou d'envies particulières. C'est la raison principale qui explique pourquoi tout le monde conserve un corps en forme et athlétique, parce que certains des petites déviances de l'opulence sont masquées et éliminée discrètement.

Nous partons ensuite tous les quatre en direction de la mer. Je continue à raconter les deux mois et demi de présence au village, le conseil, le fonctionnement de la Congrégation, le problème du bracelet... Naoma fait beaucoup d'efforts pour apprendre la langue, et Guerd est son principal professeur.

Le midi nous déjeunons chez Iurt, auprès de qui nous nous informons de la suite des événements. Iurt nous apprend justement la tenue d'un conseil le lendemain, après le retour de Pénoplée. D'après lui la logique voudrait que Naoma soit intégrée au village jusqu'à obtenir un bracelet, puis se poserait pour nous trois le problème de notre admission comme membres à part entière de la Congrégation. Au dernière nouvelle le dysfonctionnement du téléporteur a fait beaucoup de bruit dans le Conseil d'Adama, et Guewour avait transmis la volonté du Congrès de lever le voile sur cette histoire au plus vite. Au plus vite étant une notion relative dans la Congrégation et signifiant une période pouvant tout de même s'étendre sur plusieurs mois.

Quoi qu'il en soit la première phase consiste à faire rencontrer le plus de monde à Naoma, pour lui donner son indépendance à l'intérieur du village. Nous passons donc l'après-midi avec cinq villageois à discuter de notre monde. Nous parlons dans leur langue et je traduis seulement quelques mots à Naoma pour la forcer à tendre l'oreille et tenter de reconstituer le discours. Elle fait beaucoup d'efforts mais tout ce travail est épuisant pour elle et peu après le goûter elle me fait savoir son envie de faire un break pour cette journée. Nous passons alors la fin de l'après-midi et la soirée avec Erik et elle à bavarder sur notre vie ici, sur ce que nous avons compris de leur mode de vie et d'autres considérations d'ordre pratique.

Nous nous couchons alors qu'il est assez tard, Erik et Naoma ne

trouvant sans doute pas de fatigue dans nos journées calmes et tranquilles. Pour ma part je n'avais pas si bien dormi la nuit précédente et ce sont mes signes d'endormissement qui mettent un terme à la soirée. Aussitôt rentré avant même que Naoma de soit couchée je m'endors comme une masse. Elle me reprochera plus tard de ne même pas lui avoir souhaité bonne nuit.

Un peu plus tard dans la nuit j'ai la sensation vague que quelqu'un me caresse. D'abord le sentiment de me trouver dans un rêve, puis la perception grandissante de la réalité. Je reprends lentement conscience ; Naoma glisse doucement sa main sur moi, elle se presse contre moi. Elle m'embrasse doucement sur la joue puis me glisse un "j'ai envie de toi" à l'oreille. Je peux difficilement ne pas réagir, et je la repousse calmement.

- Non Naoma, dors.

- Mais... Pourquoi ?

- Chuuut, parce que ce n'est pas raisonnable, je suis avec Pénoplée.

La nuit se terminera sans incident. Au matin elle s'excuse, qu'après tout je lui avais dit ne pas aimer Pénoplée, et que celle-ci revenant aujourd'hui, elle s'était dit, peut-être, pour une fois, une seule fois... Mais non, Naoma, non, pas encore, ne te méprends pas sur moi, je ne peux pas la trahir. Et ne pas aimer d'amour ne veut pas dire ne pas aimer, apprécier, ou être fidèle. D'autant que je l'aime sans doute un peu, mais que si loin, si perdu, si seul, comment savoir...

Pénoplée, justement, arrive dans la matinée, et je laisse Naoma aux mains d'Erik le temps du déjeuner pour le prendre avec elle. Elle refuse dans un premier temps mon invitation, puis se laisse dompter par mon insistance. Elle m'avouera finalement que la présence féminine chez moi la gêne un peu, et que celle-ci aurait tendance à la faire s'éloigner, prendre du recul, redevenir la vieille fille qu'elle est. Je lui raconte mes discussions avec Naoma, mais lui témoigne de ma fidélité, et, un peu avant la tenue du conseil, retrouve avec plaisir ses cris de jouissance caractéristiques.

Je n'assisterais pas au conseil, pas plus que Naoma et Erik,