conscience me sonnent que je ne dois pas faire une chose pareille, ni même ne serait-ce que le tenter ou y penser. Après tout ce n'est pas mon monde, et dans quatre ou cinq jours je partirai d'ici, et n'y reviendrai peut-être jamais. J'ai plus intérêt à réfléchir quelle sera ma prochaine destination, et comment résoudre toutes ces énigmes qui s'accumulent.
J'avoue que je ne comprends pas tout ce qui se raconte pendant le repas, je ne m'y intéresse pas vraiment non plus. En plus de l'accent texan que je n'ai pas encore complètement assimilé, le vocabulaire qu'ils utilisent m'est plutôt inconnu... Il semblerait que le père de Deborah ait raconté l'histoire de la citerne et Ted a beaucoup de mal à croire qu'un pauvre garçon de mon gabarit ait pu réussir cet exploit. Je ne suis pas sûr de comprendre toutes les questions qu'il me pose. Je suis néanmoins ravi du compliment et rajoute une bêtise du genre que Deborah m'avait tellement chauffé dans le désert que c'est trois ou quatre citernes qu'il aurait fallu pour me refroidir. Gros rire texan de Ted, Deborah et son père, rire plus crispé de Billy.
Suite au repas, Ted, le père de Deborah et Billy doivent aller faire je ne sais quoi à une réunion avec d'autres paysans du coin. Deborah n'est pas intéressée pour y aller, pas plus que moi, mais Billy obtient tout de même un rendez-vous au restaurant avec elle pour le soir. Ted m'invite alors avec le père de Deborah pour un dîner entre hommes dans son ranch. Je sens que la soirée va être terrible...
Ils partent assez rapidement, le repas du midi est assez rapide, dans le coin, à peine si nous avons pris le temps de nous asseoir. Je ferai bien une sieste, comme il m'arrive souvent à Mandrakesoft. Ah Mandrakesoft, j'ai bien peur que vous devrez faire sans moi encore un moment... Mes repas de tofu et autres plats atypiques qui faisaient râler tout l'étage quand je l'empestais en les faisant réchauffer au micro-onde vers trois ou quatre heures de l'après-midi, mon heure habituelle de déjeuner...
Deborah et moi nous chargeons de débarrasser la table. Elle me félicite pour ma répartie concernant la remarque de Ted pendant le repas. Pour l'après-midi Deborah m'explique qu'elle doit préparer sur l'ordinateur plusieurs campagnes pour l'exploitation. Elle me raconte que c'est elle qui a forcé son père à s'informatiser, pas qu'elle s'y
connaisse particulièrement, ni qu'elle aime les ordinateurs, mais ils permettent de gagner pas mal de temps et surtout de visibilité sur beaucoup de points. J'en profite pour lui expliquer un peu plus en détail où je travaille, le matin elle ne m'avait pas posé plus de question. Je parle de Linux, de GNU, des logiciels libres, la philosophie. Elle est plutôt séduite par le principe et ne pensait pas trouver ce genre de chose de la part d'informaticiens. Son pragmatisme la rend tout de même assez perplexe sur la validité du modèle économique. Elle me permet, une fois terminé son travail, d'utiliser l'ordinateur pour vérifier mes mails et en envoyer quelques-uns. Elle va pendant ce temps faire je ne sais quoi à quelques kilomètres d'ici pour les chevaux. Je suis étonné de la confiance qu'elle me porte en me laissant seul ici, alors que je ne suis là que depuis deux jours et que mes conditions d'arrivée sont des plus suspectes. J'essaie dans mes messages tant que faire se peut de ne pas être trop alarmiste. Deborah m'avait conseillé d'appeler mes parents au téléphone, ce que je fais ensuite. Il est déjà tard en France, presque 23 heures. Mes parents sont complètement affolés de me savoir perdu au Texas, et je suis obligé d'écourter la communication pour ne pas avoir à détailler plus ce que je fais ici, et ce que je vais faire par la suite. D'autant plus que je n'en ai pas vraiment une idée précise. J'ai aussi un peu peur que la ligne des mes parents ne soit sur écoute, même si je suis conscient que toutes ces aventures réveillent sans doute en moi quelques relents de paranoïa.
Deborah revient à peu près deux heures plus tard, vers 17 heures 30. Elle a terminé en gros ce qu'elle devait faire d'important dans la journée, pouvant remettre le reste à plus tard. Elle devra encore passer quelques coups de fil aux employés le soir pour savoir comment s'est déroulé je ne sais plus trop quoi dans les champs de coton, mais que d'ici à 20 heures nous pouvons aller nous balader à cheval. J'accepte et nous repartons faire un tour dans le soir tombant.
Nous galopons un peu, jouons à chat, je crois que l'on s'entend bien, ou alors est-elle un peu lassée de toujours rencontrer les mêmes personnes. Bien sûr mes talents de cavaliers sont rudement mis à l'épreuve, et quand le jeu se corse un peu je finis par me casser la figure. Je tombe salement et je reste au sol un petit moment étourdi. Je me remets assis avant que Deborah ne s'inquiète. J'ai eu