puis soudain le silence s'est brisé. Il est brisé par un cri, un hurlement même. J'étais quasi hypnotisée et il m'a fallu quelques instants avant de revenir à la réalité, avant de comprendre que c'était toi, c'était toi qui criais, hurlais même. Tu est tombé à genoux puis sur le côté au sol. Tu te tenais la tête entre les mains, tu semblais souffrir affreusement. J'ai voulu m'approcher de toi mais je ne pouvais pas, j'étais paralysée. Je ne suis parvenue que difficilement à tourner la tête pour te voir agoniser... C'était terrible... Terrible... "
Naoma s'arrête de raconter. Depuis qu'elle a commencé ce passage de grosses larmes coulent sur ses joues. Je tente de la réconforter, même si j'ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi je ne me rappelle de rien. Je la prends dans mes bras.
- Allons, c'est pas grave, je suis là non ? Tout s'est bien terminé finalement.
- Oui, enfin pas tout à fait comme tu le penses. Mais il ne faut pas trop t'inquiéter si je pleure. Dès que j'ai une émotion ou me rappelle un moment fort, je ne peux rien contre, je fonds en larmes.
- Je crois que j'ai trouvé des fruits !
Erik, qui était un peu en avant, moins intéressé par l'histoire de Naoma, nous interpelle près d'une sorte de grand buisson, un arbuste, recouvert d'un type de fruit jaune orangé, de forme ovoïde, de la taille d'une petite pomme. Je prends un fruit dans ma main :
- C'est comme une sorte de mangue, mais en plus petit.
- C'est vrai, mais quant à savoir s'ils sont comestibles ?
Naoma est toujours un peu prudente, Erik est plus pragmatique :
- Il faudra bien que l'on se débrouille pour manger, de toute façon... Je goûte.
Il essuie son fruit sur sa combinaison et mord à pleines dents à l'intérieur.
- Hum, c'est plutôt bon, c'est vachement sucré.
- Tu devrais faire attention, tu ne devrais en manger qu'un petit bout et attendre pour voir si ça ne te fait pas mal...
- Naoma a raison, Erik.
Erik acquiesce et ne termine pas, à regret, son fruit. Il le jette alors au loin, en direction d'un fourré. Bien mal lui en a pris, car en bondit alors un fauve, une sorte de léopard. Nous paniquons, je crie à Naoma :
- Attention, il nous fonce dessus, Naoma, cours !
Naoma part en courant en direction des bâtiments, mais nous avons marché une bonne vingtaine de minutes, et la clairière n'est pas toute proche. Le léopard se lance à la poursuite d'Erik qui se fait rapidement rattraper, mais il a au passage réussi à casser une branche morte et le léopard se voit asséner un violent coup au moment où il saute sur Erik. Il se retrouve propulsé au sol où il roule habilement pour se remettre en position d'attaque. Malheureusement pour Erik sa branche s'est brisée au moment du choc et il ne lui reste plus qu'un court bâton avec lequel il tente désespérément de tenir en respect le léopard qui tourne autour de lui, s'apprêtant à lui sauter dessus. Je fais de mon mieux pour ramasser une grosse pierre enfouie sous la mousse que je lance de toutes mes forces sur le léopard. Il est sévèrement touché au garrot, tombe mais se redresse aussitôt et se prépare à se lancer vers moi. Erik, qui s'est trouvé une nouvelle branche, prends son élan et le frappe de toutes ses forces sur la tête. Sa branche est sans doute beaucoup plus solide que la précédente mais le léopard n'en est pas assommé pour autant, il recule simplement de rage en boitant légèrement du côté où je l'ai blessé. Je trouve alors moi aussi un solide morceau de bois. Le léopard observe tête baissée, en crachant de rage vers Erik et moi. Notre dernier assaut simultané est vain, il ne demande pas son reste et se retourne pour bondir dans les profondeurs de la forêt.
Erik et moi retournons en courant en direction des bâtiments, en espérant que Naoma est saine et sauve et n'aura pas fait de mauvaises rencontres. Nous la retrouvons en chemin, alors qu'elle revient avec