"Sortir" plusieurs fois avec insistance. Il voulait sans doute nous faire comprendre que l'endroit était dangereux, la belle affaire, j'aurais imaginé qu'il avait compris que ce n'était pas vraiment le genre d'endroit idéal ou nous aimions faire la sieste. Je devais lui demander de venir m'aider, et je n'avais pas beaucoup de vocabulaire pour le faire, j'ai tenté néanmoins d'utiliser "blesser", terme qu'il devait avoir appris quand je mimais pour avoir une arme. Après quelques secondes il comprit et vint me rejoindre. À nous deux, surtout lui pour être franc, nous avons réussi à descendre Naoma jusqu'au niveau des éboulis au fond du trou. Ensuite nous avons dû nous faufiler entre les blocs de roche pour arriver dans la zone d'où provenaient les quelques lumières que nous avions vues du haut de la paroi rocheuse.
Je respirais toujours autant pour ne pas m'évanouir. Il fallait rapidement sortir Naoma d'ici où elle allait s'asphyxier. Je suivais Bakorel dans un amoncellement de décombres, de restes humains, d'outils, de chariots, de bras robotisés. La zone devait être une mine dont l'accès avait été condamné sans doute après l'éboulement qui avait tout détruit. C'était un vrai cauchemar, entre les odeurs, présentes malgré la température, le froid, le manque d'oxygène. Notre marche me semblait durer des heures. Nous passions dans des couloirs et des couloirs... Enfin nous sommes arrivés auprès d'un ascenseur. Il y a eu un violent souffle quand la cabine est arrivée à notre niveau. La montée a été lente. Je pensais à Naoma mais je n'avais pas la force de m'en occuper. Quand la porte de l'ascenseur s'est ouverte, j'ai enfin respiré à grandes bouffées. Mais sans perdre de temps j'ai fait du bouche à bouche à Naoma. Heureusement après quelques dizaines de secondes elle s'est réveillée... "
Naoma reprend la parole :
" Je crois que ce n'est vraiment qu'à ce moment que je repris vraiment conscience. Je n'avais que des souvenirs très partiels de ce qui s'était passé avant, un peu comme si j'étais éveillée mais pas consciente. Tout était flou, un peu comme un rêve. Je crois me souvenir qu'Erik m'avait frappé, cela avait dû me marquer. Je me rappelais un peu mieux de la course puis du froid. Par contre je ne savais pas du tout qui était la personne avec nous et je le demandai tout de suite à Erik :
- Mais c'est qui lui ?
- Bakorel. Ne t'inquiètes pas, il est avec nous, enfin je crois.
- Mais c'est qui ?
- Je ne sais pas, je l'ai connu dans la cellule alors qu'il passait dans les conduits d'aération. Ce doit être un clandestin ou un prisonnier évadé, cela dit je ne sais pas pourquoi il reste ici. Peut-être que c'est un ancien SDF qui trouve à manger et de quoi s'occuper dans ces couloirs...
J'avais mal à la tête, très froid et j'étais toute essoufflée. Erik m'a expliqué alors ce qu'il s'était passé depuis deux jours pendant que nous nous reprenions. Bakorel s'est absenté pendant ce temps. Je crois que j'étais consciente que tu étais mort, mais je ne sais pas vraiment si je ne pensais pas encore que tout cette histoire n'était qu'une farce, tellement j'étais perdue. J'ai demandé à Erik que faire, je n'avais aucune idée de ce que nous pouvions bien entreprendre :
- On fait quoi maintenant ?
- Il faut qu'on se tire d'ici. Mais on doit être vachement profond, j'ai jamais eu un froid pareil, et il manquait de l'air, c'est incroyable, je pensais pas que c'était comme ça si profond... Enfin, il nous faut remonter.
- Ben oui plus près du centre de la Terre il devrait faire plus chaud ? Mais tu dis que l'on doit se trouver près d'une ancienne mine ?
- Oui, en tout cas par là où nous sommes passés ça y ressemblait, il y avait des outils, des chariots...
- Mais une mine en plein coeur de Sydney, c'est du délire !
- Les galeries sont peut-être très longues, ils nous on fait marcher vachement longtemps, et puis avec ces ascenseurs, nous sommes peut-être à plusieurs kilomètres du centre.
Bakorel est revenu à ce moment, en nous ramenant une pâte qui avait le même goût que les galettes que nous avions dans les cellules. Nous l'avons