Si ce n'est pas la Terre, cette planète lui ressemble beaucoup, tant par sa nature magnifique que par les rythmes de pluie et de Soleil, les nuages traversant le ciel bleu si pur... Nous avons nourriture et logis sans effort, qu'espérer de plus ? l'Éden ne devait pas être très différent...
Deux jours s'écoulent, nos explorations ne donnent rien de bien probant. Nous envisageons de plus en plus sérieusement notre départ, sans doute notre isolement commençant à peser. Combien de temps depuis mon départ ? Des mois, depuis début novembre, fin décembre à Sydney, et puis ? Nous sommes sans doute déjà bien avancés en 2003... Et qui sait peut-être sommes-nous restés des mois dans ces tubes, comment savoir ? Mes cheveux et mes ongles n'ont pas l'air d'avoir poussé pendant mon sommeil prolongé, mais rien n'indique que le processus n'est pas une sorte d'hibernation... Naoma me parle souvent, qu'elle a peur, qu'elle s'inquiète... Je la rassure comme je peux, je n'ai pas plus d'éléments qu'elle, mais il est vrai que je suis un peu la cause de toutes ces mésaventures, et qu'elle serait sans doute tranquillement en train de vendre le nouveau pain au levain de Martin si je n'avais décidé d'aller à la boulangerie ce dernier jour... Erik est plus discret, c'est sans doute le personnage qui veut une telle attitude, impassible et indestructible, je ne sais vraiment si nous pourrons être amis un jour, où s'il gardera cet éloignement...
Ah, et vous mes amis, que pensez-vous donc ? Vous m'imaginez sans doute tous mort... Et cette histoire ? Qu'est-ce que toutes ces incroyables choses, ces hommes, ces vaisseaux, ces téléporteurs, ces bases lunaires ou je ne sais... Mais où est la vérité ? Où est le réel ? Que croire ? Soleil oh mon Soleil ! Toi, je ne sais même plus si c'est toi qui est là-haut, je ne sais même pas te reconnaître avec certitude, je ne sais même pas si ta douce chaleur caressant ma peau m'est familière...
Nous sommes tous un peu inquiets, inquiets que subitement des hommes arrivent par ces téléporteurs pour nous récupérer. Mais partir ainsi, à l'aventure, sans savoir si aller vers le sud ou vers le nord, sans d'autres outils que ces barres de fer, je crois que cette perspective nous étonnait un peu. Peut-être aurions-nous voulu un signe. Il ne tarda pas.
Comme tous les matins depuis cinq jours nous partons tous trois en forêt pour la ration quotidienne. Nous innovons un peu de jours en jours en capturant de nouveau petits animaux, inconnus jusqu'alors. Nous n'avons curieusement plus été embêtés par un quelconque léopard ou autre félin peu avenant depuis que nous emmenons ces barres de fer avec nous. Sur le chemin du retour, je suis un peu en avance et porte les proies, Erik et Naoma finissant de remplir une cage avec des fruits. Soudain j'aperçois dans l'allée que nous avons tracée, à une cinquantaine de mètres, une fille, plutôt une femme. Une femme ! Là, devant moi ! Elle me regarde, je ne sais que faire, je pose mon fardeau et m'avance vers elle. Elle se recule et part en courant dans la direction opposée. J'hurle à Naoma et Erik :
- Erik, Naoma, venez ! Vite, j'ai trouvé une meuf !
Nous devons nous trouver à deux ou trois cent mètres de la clairière, mais je ne parviens pas à la rattraper, elle court vraiment très vite ; ce qui ne manque pas de me rappeler quelque chose... Bref, quand j'arrive à la clairière, je trouve un groupe de cinq personnes en train de piétiner notre feu, tandis que la fille les rejoint. Ils se retournent, il y a trois filles et trois garçons, habillés de manière à peu près identique, aux couleurs près, en combinaisons ressemblant aux nôtres. Je ne sais que faire. Quelques secondes plus tard arrive Erik essoufflé :
- Qu'est ce qui se pass... C'est qui eux ? Bordel le feu !
Au moment ou Erik crie, les six hommes s'élèvent dans les airs dans un gros bourdonnement. Ils ont comme des ailes d'abeilles dans le dos, c'est incroyable, ils se sont envolés au quart de tour ! Nous nous approchons, je tente de calmer le jeu, pour qu'ils ne partent pas, mais ils s'envolent plus haut et tels des insectes disparaissent