J'ai vu ses yeux, dans le noir de la forêt...
Je les ai vus, brillants, une fraction de seconde avant qu'il n'attaque. Une sorte de léopard, du même type sans doute que le tout premier, le seul autre que nous ayons vu. Il se lance sur moi les deux pattes en avant, j'ai tout juste le temps de me protéger le visage avec le bâton, qu'il mort férocement. Il me griffe aux deux épaules avec ses pattes avant et au ventre avec ses pattes arrières. Je tombe à la renverse et je parviens à le projeter sur le côté. Je n'ai pas le temps de me relever déjà il s'élance de nouveau. Il me mort à l'avant-bras et me griffe au ventre. Ses griffures font horriblement mal, et je sens mes blessures saigner. Je suis épuisé et j'ai du mal à avoir des initiatives. Je lui donne plusieurs coups de bâton du bras gauche, mais je n'ai aucune force. Je m'écrie :
- Corps de merde !
Il me lâche finalement et quand il ressaute je place le bâton droit sous lui et le projette plus loin, mais une fois de plus je n'ai pas le temps de me relever et je ne peux que parer son attaque avec mon bâton. Corps de merde ! Je ne sens rien, je n'arrive à rien, je n'ai pas cette rage qui décuple mes forces, je suis tellement fatigué, je me sens impuissant, livré à la mort comme un agneau. Je ne vais tout de même pas finir bouffé par cette sale bête !
Je déjoue une nouvelle de ses attaques et par chance parvient à le frapper vigoureusement sur la tête. Mon bâton se brise mais il est sonné un instant. Je saigne de toute part et je sens mes forces s'en aller, mais dans un dernier regain de rage je soulève une lourde pierre et lui envoie avec toute l'énergie qu'il me reste sur l'épaule. Il roule au sol et se redresse difficilement sur trois pattes en crachant. Il recule doucement vers la forêt mais je ne vais
pas le laisser partir, oh non !
Je récupère rapidement ma pierre et alors qu'il se retourne pour s'enfuir il la reçoit directement sur la nuque. Il s'écroule à nouveau. Une troisième, quatrième et cinquième fois son crâne s'écrase sous ma colère, avant que, n'ayant même plus la force de soulever la lourde pierre, je me laisse tomber au sol.
Je reste quelques instants, allongé, à respirer profondément, pour reprendre mon souffle, et quelques forces. Puis je m'assois, je le distingue à peine dans le noir, à deux mètres de moi. Je suis salement amoché. Mais la crainte que l'un de ses confrères ne passe par là me fait me hâter, d'autant que je veux prévenir Erik et Naoma du danger. Je place le léopard sur mon dos, et me contente d'emporter trois fruits sur mon bras blessé. Il me faut encore un long moment avant d'arriver en titubant vers Erik et Naoma. Erik accourt :
- Ylraw, j'étais inquiet, mais je ne voulais pas laissé Naoma, j'ai l'impression qu'il y a des bêtes qui rod... Ah t'es au courant... Mais tu es blessé ! Tu saignes de partout ! C'est grave ! Attends, je vais t'aider à monter.
Erik attrape les fruits et le léopard, puis m'aide à grimper sur le rocher. Naoma dormait, elle est réveillée par le bruit.
- Mon Dieu Franck, mais tu saignes de partout ! Que s'est-il passé ? Ah ! C'est quoi cette bête !
- N'ais pas peur il est mort, et pas moi...
- C'est le même genre que celui que vous aviez fait fuir ?
Erik répond :
- Oui on dirait. Allonge toi Ylraw, nous allons regarder tes blessures, elles saignent toujours ?
- Je ne sais pas mais ça fait affreusement mal...
Je m'allonge en respirant profondément, j'ai la tête qui tourne, Naoma s'occupe de moi. Mais il n'y a pas grand chose à faire, nous