page 338 le patriarche 339

cachant derrière moi et Erik, qui tournions le dos, en espérant que les hommes n'y verraient rien, dans la mesure où nous portions des combinaisons similaires aux leurs. Nous avons attendu quelques secondes au niveau inférieur puis nous sommes remontés, et la voie étant libre nous avons marché rapidement jusqu'à un second ascenseur. Mais Bakorel ne l'a pas utilisé après un rapide coup d'oeil et nous l'avons suivi jusqu'à trouver une salle vide dont la porte était ouverte ; Bakorel est entré et nous l'avons suivi. Il a fermé la porte et nous a expliqué alors qu'il y avait quelques ascenseurs avec une caméra, il fallait donc faire très attention. Il a dit qu'il y avait beaucoup de caméras aussi dans les couloirs, mais que la plupart étaient cassées. Par contre celle des ascenseurs l'étaient plus rarement. Il nous a aussi indiqué que nos combinaisons étaient normales et que tout le monde en portait ici, par contre notre visage, je pense qu'il voulait dire notre couleur de peau, n'était pas normal. Il était vraiment très fort pour mimer tout ces messages, et au passage apprendre quelques mots de plus. Je pense qu'il t'aurait plu.

Une fois ces éclaircissement faits, Bakorel a jeté un oeil au dehors et nous sommes repartis. Il nous a fait trottiner dans plusieurs couloirs, à croire qu'il connaissait tout par coeur, puis nous avons dû monter un plan incliné pendant un bon moment. C'est là que soudain une voix s'est faite entendre derrière nous, nous avions été repérés ! Bakorel nous a crié "sortir ! Sortir !". Sans doute voulait-il que nous courrions du plus vite que nous pouvions, de toute façon nous l'avions bien compris. Courir en montée n'est pas chose aisée et les hommes à nos trousses semblaient entraînés. Heureusement que nous avions un peu d'avance car ceux-ci gagnaient du terrain. Cette avance nous a permis, au détour de quelques autres couloirs, de prendre plusieurs intersections et finalement d'entrer dans une salle sombre pour nous cacher. J'espérais de tout mon coeur que ces hommes auraient perdu notre trace. Nous sommes restés de nouveau plusieurs minutes sans dire mot, à l'affût du moindre bruit. Mais ce n'a pas été de l'extérieur qu'est venu le danger, mais de la salle même quand la lumière s'est allumée et que nous avons compris que nous étions dans une salle de repos. Un homme était en train de se réveiller. Fortuitement avant qu'il ne le soit complètement nous avons quitté discrètement les lieux et nous avons repris notre marche. Nous avons enfin trouvé un nouvel ascenseur, Bakorel semblait satisfait et nous sommes montés encore de cinq

niveaux.

Mais c'est à ce moment que les choses se sont vraiment compliquées, quand les portes se sont ouvertes, trois hommes nous faisaient face, et nous n'avons guère pu les éviter, Bakorel a réagi au quart de tour et leur a foncé dedans, il en a renversé un et est parvenu à passer. Erik lui aussi ne s'est pas fait attendre et il a poussé les deux autres en rajoutant un puissant coup de point. Quant à moi, j'ai sauté et j'ai marché sur le premier qui se relevait avant de partir au pas de course à la suite de Bakorel. Mais il ne leur a pas fallu longtemps pour nous repartir après, et la situation est devenue critique, les lieux étant beaucoup plus habités que ceux que nous avions traversés jusqu'à présent. Nous fûmes ainsi bientôt la cause d'une véritable débandade, des dizaines d'hommes nous courant après.

Jusqu'alors nous trouvions une voie de libre aux intersections rencontrées, mais à celle-ci nous avons dû choisir celle avec le moins de personnes, et nous préparer à les affronter. Ingénieusement Bakorel a retiré sa veste pour leur lancer à notre approche, et il a glissé au sol pour les déséquilibrer. Erik a profité de l'effet de surprise, tout comme moi, et un crochet de sa part assorti d'un grand coup de pied de la mienne nous a permi d'en envoyer deux à terre alors que le troisième tentait de maîtriser Bakorel qui se débattait comme une furie. Erik lui est tout de suite venu en aide et nous sommes repartis de plus belle, quelques secondes seulement avant que la troupe de nos autres poursuivants n'arrive.

J'ai eu bien peur à ce moment que nous ne soyions faits, je ne savais pas trop où nous emmenait Bakorel, mais la situation ne faisait qu'empirer, et lui-même semblait dépassé. Nous ne pourrions jamais tenir tête à tous ces hommes, ils allaient finir par nous coincer, nous avions eu de la chance, mais ça ne durerait pas... Je me voyais déjà de nouveau en cellule... Mais c'était sans compter sur l'imagination de Bakorel. Après un tournant, celui-ci accélèra brutalement pour sprinter du plus vite qu'il pouvait, il nous a crié "sortiiiiir" en même temps ; si la situation n'avait pas été aussi critique j'en aurai exploser de rire. Bref nous l'avons imité et ainsi nous sommes parvenus à une sorte de ponton sans que personne n'ai le temps de nous voir. Bakorel s'est alors jeté sous la barrière en s'accrochant à l'un des piquet la soutenant. Nous n'avons guère eu le temps de comprendre