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dix mille kilomètres, mais pas très large, de l'ordre de deux mille kilomètres, quatre mille au plus large, avec de nombreux bras dans la mer, est favorable à un climat très agréable et tempéré. De plus, la présence de deux mers intérieures, qui ne sont plus qu'à peine visibles aujourd'hui, apporte un facteur supplémentaire de stabilité climatique. On devine encore les deux mers quand même avec quelques reflets plus argentés juste en dessous de nous, et surtout là-bas, reflétant les rayons du soleil.

Bref, les reptiles, dans leur nomadisme à travers les continents, emporte avec eux ces quelques singes à qui ils font faire les tâches ingrates. Mais en plus de les assouvir, les conditions terribles infligées par les reptiles, les stimulent, leur permettent de s'organiser, de s'entraider, d'apprendre plus vite, car les reptiliens pratiquent depuis longtemps le maniement des outils, la fabrication des huttes, la chasse, et la taille de la pierre. Les singes sont habiles de leurs mains, beaucoup plus que les trois doigts grossiers des reptiles. Les reptiliens le comprennent vite et assignent aux singes toutes les tâches requérant l'habileté qu'eux n'ont encore su développer, et ne développeront ainsi jamais, car justement les singes, presque des hommes, seront, en quelques sortes, "leurs mains". Les techniques de chasse et de pêche s'améliorant, certains groupes reptiliens s'établissent de manière permanente et ainsi les premières villes font leur apparition. Les reptiliens se chargent de la chasse et de l'approvisionnement en général, les singes, dociles, de la confection des habits, des armes.

Des centaines de milliers d'années s'écoulent encore, et la symbiose quelques peu ingrate entre les reptiles et les singes se maintient et se renforce. Les reptiliens changent peu, évoluant lentement, les singes énormément, et nous situons entre il y a un million trois cent mille ans et un million cinq cent mille ans en arrière l'apparition d'une forme primitive d'homme. Ceux-ci se tenaient debout, utilisaient les outils et savaient exécuter de nombreuses tâches. Ce sont encore sans doute les reptiliens qui tirent l'évolution à ce moment, et ce sont toujours les reptiliens, sans doute suite à une période climatique difficile, il y a environ un million d'années, qui découvrent et mettent en pratique l'agriculture. À partir de ce moment là les regroupement en villes, qui étaient l'exception auparavant, deviennent plutôt la règle, et ne subsistent que quelques tribus nomades dans les zones climatiques

difficiles, où l'agriculture n'est pas envisageable. Toutefois le nomadisme reste très fortement inscrit dans les traditions reptiliennes, et la sélection forte dans les tribus reptilienne entraînant l'exclusion fréquente de membres avait depuis longtemps permis une uniformisation de leur dialecte, à quelques exceptions près, notamment sur les deux continents plus équatoriaux sans doute peuplés à un moment ou le bras de mer le séparant du continent principal était asséché. La mise en place de l'agriculture provoque le fleurissement de nombreux petits villages sur toutes les rives des principaux fleuves. Tu ne les vois pas ici mais le continent, qui possède trois barres montagneuses principales, est traversé par des centaines de fleuves et de rivières, aujourd'hui masqués par les constructions. La forme de commerce primitive existant auparavant entre les tribus nomades se fortifie avec cette sédentarisation, notamment le commerce d'esclaves humains. Les plus doués d'entre eux se vendent au prix fort, et sont utilisés comme mâles reproducteurs. Ainsi les reptiliens accélèrent l'inévitable, le surpassement de leur intelligence par les hommes.

Il y a un million d'années, nous estimons que la population d'Adama était de l'ordre de quatre cent mille reptiliens et cent mille hommes. L'agriculture va rapidement tout chambouler, avec l'apparition des premiers villages et des premières communautés, qui font passer les tribus de quelques dizaines voire cent ou deux cents individus à des gros villages de plusieurs centaines, jusqu'à deux ou trois mille habitants. C'est il y a environ cinq cents mille ans que l'intelligence des hommes a dû dépasser celle des reptiles. Mais les hommes restent soumis, car les reptiles, en plus d'être des dizaines de fois plus forts que les hommes, qui rivalisent difficilement du haut de leur mètre cinquante avec ces molosses de plus de trois mètres, ne sont pas complètement stupides. Ils savent diviser les communautés humaines, pour toujours pouvoir les exploiter à leur profit et casser toutes tentatives d'évasions ou de rebellions. Ils utilisent pernicieusement certains hommes en leur offrant des privilèges en échange de leur coopération, créant le trouble et la zizanie dans les groupes.

Il y en a eu, pourtant, des communautés indépendantes humaines échappées du joug reptiliens, mais elles n'étaient que le gibier de chasse favori de ceux-ci, qui les massacraient allègrement dès qu'ils