page 536 le patriarche 537

Un non est un non... Je m'éloigne un peu, mais je laisse courir ma main sur sa hanche.

- Tu ne veux pas faire l'amour avec moi ?

Elle ferme les yeux et soupire :

- Bien sûr que si j'ai envie de faire l'amour avec toi ! Mais ce n'est pas ça... Je t'en veux, Ylraw...

- Tu m'en veux ?

Elle me regarde avec des yeux tristes :

- Tu ne t'en rends même pas compte...

Cette remarque me fait baisser les yeux. J'aurais envie de m'excuser, de lui dire que je ferais plus attention, que je serais plus proche... Mais est-ce vrai ? Et est-ce que je suis réellement en tord ? Est-ce que tout ce qui m'arrive me permettrait vraiment d'en faire plus, perdu comme je suis ?

- Je ne me rends compte de rien. Je ne me suis jamais rendu compte de rien, et aujourd'hui encore moins qu'avant, perdu au fin fond de la Galaxie dans un monde que je ne comprends pas...

- Ça n'excuse pas tout.

Elle m'énerve.

- Tu m'énerves.

- Toi aussi.

Nous restons silencieux un moment. Je m'allonge sur le dos. Elle se tourne vers moi. Elle laisse glisser ses doigts sur mon ventre pour descendre sur mon sexe.

- Pourtant j'ai quand même envie de toi.

Je ne réponds pas. Finalement elle s'allonge sur mon épaule.

- Je suis perdue, moi aussi, Ylraw. J'étais bien tranquille sur Stycchia, dans une vie simple, et maintenant je suis dans les

bâtiments du Congrès, un lieu où je n'aurais jamais cru venir, au milieu d'une crise dans la Congrégation, au centre d'événements qui vont peut-être tout remettre en cause, au milieu d'un chamboulement que tu as amené dans ma vie, et j'ai peur de ne pas le vouloir, d'être trop vieille pour accepter.

Elle se tait un instant, puis reprend :

- C'est trop tard, maintenant, Ylraw, c'est trop tard.

- Trop tard pour quoi ?

- Pour nous, j'ai... Je... J'ai tourné la page. Peut-être il y a quelques jours, mais maintenant, je suis loin.

- Il y a quelques jours ? Tu plaisantes. J'étais coincé ici, qu'est-ce que tu voulais que je fasse ?

Je me suis un peu emporté, elle reste silencieuse. Se relève doucement et se rassoit sur le bord du lit, à moitié nue. Elle remet doucement ses vêtements. Je me redresse aussi et lui caresse le dos.

- Laisse-moi te faire l'amour.

Elle se retourne vers moi, me regardant de haut.

- C'est fini, Ylraw, fini. Je vais partir sur Stycchia, et vu la tournure des événement nous ne nous reverrons sans doute jamais. Tu comprends Ylraw, tu vas sortir de ma vie et moi de la tienne...

Quelque chose que je n'avais même pas vraiment envisagé, que je ne puisse plus la revoir.

- Mais... Non, pourquoi ? Pourquoi veux-tu que ce soit fini comme ça... Je...

- Tu vas partir, Ylraw, dès que tu sauras comment le faire, tu partiras, et même avant. Et, que je te suive ou pas, tu partiras, alors autant en rester là.

Je me rapproche encore d'elle, ma main glisse sur son dos, effleure ses hanches, caresse sa cuisse puis remonte vers son