- Qu'est-ce que ça peut te faire ?
Je crois que ma remarque ne lui a pas plu :
- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu m'en veux parce que j'ai tenté de m'évader, tu crois que c'est mieux de rester là à pleurnicher ?
Cette réflexion m'a mise hors de moi, j'ai hurlé en pleurant :
- Je t'en veux parce que tu nous as laissés sans même t'en préoccuper ! Tu n'en as rien à faire de nous, tout ce qui t'intéresse c'est sauver ta peau !
- Oh calme-toi petite ! Depuis quand on est potes toi et moi ? Ylraw m'a sauvé la vie et j'ai une dette envers lui, OK. Mais ce n'est pas parce qu'il est mal en point que je n'ai pas le droit de tenter quelque chose. C'est bien aussi ce qu'il avait fait à l'aéroport, non ? Et c'est pas pour autant que je vous aurais laissés tomber, même si je ne vois pas trop à quoi tu nous sers.
Je n'ai même pas eu la force de lui répondre, tellement il me dégoûtait. Et je crois qu'il m'a fait un peu peur, et j'ai préféré l'ignorer. Oh mon Dieu j'aurais tant aimé pouvoir te réveiller et partir rien qu'avec toi... Mais tu n'avais pas bougé depuis que cette chose t'avais jeté son sort ou son maléfice. Après quelques temps Erik s'en est aussi inquiété.
- Il a parlé depuis ?
- Non.
- Tu as essayé de le bouger ?
Erik s'est approché et s'est agenouillé près de toi pour prendre ton pouls et tenter de te faire réagir, mais rien, bien sûr... Il t'a ensuite tourné pour t'allonger sur le dos. Je n'étais pas très confiante dans ce qu'il faisait, c'était plus une personne qui devait tuer les gens plutôt que les soigner. J'avais peur qu'il ne soit trop brutal.
- Il ne faut peut-être pas le bouger.
- Et tu veux qu'on le laisse crever dans cette position ? Et
arrête de chialer bordel !
Sa remarque n'a fait que provoquer le redoublement de mes larmoiements. J'en avais trop marre, je me suis levée en m'éloignant un peu, au cas où il s'énerve, pour lui crier dessus.
- Je pleure si j'ai envie ! OK ! Tu ne me prends pas la tête ! Je pleure pour un rien, c'est comme ça ! Alors m'embête pas avec ça !
Il m'a regardé d'un air curieux, comme une gamine qui fait son caprice, puis s'est retourné vers toi, me prenant sans doute pour une folle ou une hystérique.
- C'est bon, c'est bon, fais pas un cake, pleure si tu veux... Il a vraiment l'air dans un sale état, il ne réagit plus à rien. Merde, putain, mais qu'est-ce que lui a fait ce machin ?...
J'ai attendu trente seconde pour me calmer un peu, sécher mes pleurs, et je me suis rapprochée :
- Il avait raconté que lorsqu'il était prisonnier au Pentagone puis à Sydney il avait ressenti une douleur terrible au cerveau, et que c'est grâce à sa pierre qu'il s'en était sorti. C'est peut-être la même chose ?
- Mouais, j'ai pas vraiment cru à ces histoires, mais finalement, c'était peut-être vrai, de toute façon ce mec en bleu n'était pas normal, je n'arrivais plus à bouger, j'étais paralysé, toi aussi ?
- Oui, je n'ai pu bouger que quand il est sorti.
- Ouais, c'est vraiment bizarre... Aide moi, nous allons l'appuyer contre le mur, peut-être n'est-ce juste qu'un état comateux qui va passer.
J'ai aidé Erik à te tirer et t'appuyer dos à la paroi. Ensuite je t'ai parlé, mais tu avais toujours le même regard vide. Je ne sais pas du tout combien de temps nous sommes restés à te parler. Nous n'avions vraiment aucune idée de l'heure. Nous étions toujours dans la même faible pénombre transpercée seulement par une petite lumière au plafond. C'était un peu comme si le temps s'était arrêté.