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Sydney ! Australie ! J'y mets les pieds pour la première fois, et franchement je ne pensais pas y arriver par le Pacifique. Débarquement. Je n'ai plus d'argent, il va falloir que j'utilise ma carte bancaire, ne serait-ce que pour trouver un hôtel, de nouveaux habits et de quoi manger, je meurs d'envie de prendre une douche. Je trouve un distributeur, et alors que je suis sur le point de chercher mon portefeuille dans ma poche, quelqu'un s'approche de moi et me demande :

- Monsieur Ylraw ?

C'est pas vrai ! Je suis en face du distributeur, je m'appuie la tête sur mon bras contre le mur quelques secondes. On ne peut plus rester tranquille plus de cinq minutes... Si ça continue je vais bientôt être plus célèbre qu'une pop-star internationale. Bon, et bien mode bourrinage activé, je me prépare à en découdre. Je me retourne et demande :

- Vous êtes qui ?

- Cela n'a pas d'importance.

Cette réflexion a le don de m'énerver au plus haut point, et je passe en quelques secondes d'une profonde lassitude en rage sordide. Trois hommes sont là et m'entourent. Je donne un coup de poing dans le visage de celui qui m'a parlé. Il valdingue sur plusieurs mètres. Je lui crie en même temps :

- Si ! Ça a de l'importance ! Connard !

Je me lance alors dans les deux autres et tente de les bousculer, mais j'ai légèrement fait l'impasse sur mon épaule. La douleur s'était atténuée pendant mon trajet, mais la bousculade me fait de nouveau hurler de souffrance. J'ai un moment d'hésitation, qui m'est fatal. Je m'endors alors en quelques secondes, sous l'action

d'un somnifère qu'a dû m'administrer un des hommes...

C'est le froid qui me réveille plus que la voix forte qui semble s'adresser à moi. Je suis assis sur une chaise. Je n'ai pas de menottes ou d'attaches pourtant je ne peux pas bouger. Je suis comme paralysé. Je parviens à tourner la tête légèrement, à respirer, cligner des yeux, mais mes bras et mes jambes ne répondent pas, comme s'ils étaient endormis. Il fait très sombre, j'ai du mal à distinguer les choses. Je ne suis pas totalement réveillé, et si ce n'était ce froid, je crois que je me rendormirais volontiers pour quelque temps.

Mais je reprends assez rapidement mes esprits en comprenant l'urgence de la situation, et en me rappelant mes derniers souvenirs, à l'aéroport de Sydney. Je ne peux vraiment pas bouger. Et je ne distingue aucun lien. Ils ont du me faire prendre une drogue immobilisante. Je suis dans une salle, assis au milieu. Les murs semblent être en métal. Une lourde porte, un peu comme celle des coffre-fort dans les banques, ferme l'accès. Face à moi se trouvent huit personnes, sans rien de particulier, plutôt jeunes, sauf deux qui ont l'air âgées, mais je ne distingue pas vraiment les choses, j'ai comme un brouillard devant les yeux. Elles se trouvent assises derrière une rangée de tables en arc de cercle. Il y a six hommes et deux femmes. Les deux femmes semblent extrêmement belles.

L'une des personnes âgées, qui se trouve au centre, me parle. À vrai dire elle n'a pas cessé de me parler depuis que je suis réveillé. À moins qu'elle parle tout haut. Je ne comprends strictement rien à ce qu'elle dit. Elle semble utiliser encore et toujours cette même langue. Cette information me renseigne au moins sur un point, c'est que ce sont bien des personnes de l'organisation. À moins que ce ne soit encore un autre courant qui veut m'utiliser pour je ne sais quoi. J'attends quelques minutes, le temps de réfléchir un peu à la situation. De toute manière, paralysé sur cette chaise, les options sont plutôt limitées. J'ai vraiment très froid.

- Bonjour, quelqu'un pourrait-il mettre le chauffage et allumer les lumières s'il vous plaît ?

Je me suis exprimé en français, répliquant au fait qu'ils