page 114 le patriarche 115

je n'ai pas le plaisir de voir le personnage, me contentant de parler avec lui au travers d'une porte. Mais s'il craint de se faire découvrir, je le crains tout autant, alors pas de blâme de ma part. Un passeport français est hors de prix, plus de dix mille dollars américains. Il faut compter tout autant voire plus pour un passeport britannique. Je ne peux guère briguer qu'à un passeport italien, plus facile à trouver dans le coin semble-t-il. Mais il m'en coûtera tout de même deux mille dollars américains, près de quatre mille australiens. Avec le billet d'avion, cela signifie que je dois réunir dix mille dollars australiens. À moins de cent dollars par jour, j'en aurai pour au moins quatre mois, autant refaire ma vie ici...

Je rentre doucement et profite du reste de la journée pour passer ma mélancolie en me promenant dans les divers parcs autour de Melbourne. Je suis si seul, comme mort, ne pouvant ni prendre ni donner de nouvelles. Je n'ai pas envie de rencontrer des gens. À quoi bon pour encore devoir les quitter ? Je suis triste. Si loin. Je ne comprends pas. Que m'arrive-t-il ? Quel est cette vie qui change du tout au tout ? Qui sont ces gens, cette organisation, cette fille ? Et moi, que suis-je là dedans ? Je pleure.

Mais Ylraw ne peut pas tomber ! C'est ainsi. Ylraw ne tombe pas. Je trouverai cet argent, et une fois en France j'irai voir cette journaliste dont m'avait parlée Fabienne. Ou je trouverai autre chose, mais ils ne m'auront pas, je ne vais pas passer ma vie à me cacher à cause d'eux ! Sur ce je me lève plein d'entrain et je recommence mon petit manège d'étudiant et de gala de remise de diplôme dans le parc. Je réunis soixante dollars, déjà pas si mal pour un dimanche. Je rejoins ma couche tôt, demain, entre la boulangerie et le cybercafé, sera une dure journée.