envie de ne pas rester cet anonyme, envie qu'il y ait plus que la plate monotonie quotidienne, que le monde réel soit caché à mes yeux et qu'il me faille le découvrir. Je crois que si je pouvais provoquer les choses je le ferais...
Mercredi 4 décembre 2002
Environ deux heures de marche et sûrement huit ou neuf kilomètres plus tard me font relativiser mon entrain, et l'envie de faire demi-tour s'amplifie. Si Fabrice m'a dit que rien ne semblait avoir disparu, et que la porte n'était pas forcée, ce n'était peut-être pas si grave. Après tout ce n'est éventuellement que le propriétaire; il a lui aussi j'imagine un double des clés et il peut être passé pour une raison que j'ignore. C'est dans ce climat d'incertitude qu'une voiture s'arrêtant me tire de mes interrogations. Une R5 se place à ma hauteur pour me proposer de me prendre en stop.
- Bonjour, vous allez jusqu'où ?
- Euh, à la gare de La Rochelle.
- Ah, c'est que je ne quitte pas l'Île moi, mais je peux vous déposer au début du pont, peut-être que de là ce sera plus facile pour vous de trouver une voiture qui vous emmène à La Rochelle.
- Parfait, c'est très gentil à vous.
Je monte dans la voiture, c'est une femme pas très âgée, avec une gamine assise derrière, qui doit avoir dans les quatre ou cinq ans, mais je n'ai jamais su trouver avec précision l'âge des enfants.
- Comment ça se fait que vous alliez à pied à La Rochelle de si bon matin ?
- J'ai eu un coup de fil ce matin, je dois rentrer chez moi au plus vite, et, euh, nous n'avions pas de voiture sur l'Île, c'était les parents d'un copain qui nous avaient déposés pour le week-end.
Je n'aime pas mentir ! Mais trop tard je n'ai pu m'empêcher d'inventer quelque chose. Un jour je finirai bien par en retirer des problèmes.
- Ah, ça ne doit pas être très gai sans voiture par cette saison, il n'y a pas grand-chose à faire.
- Oh, nous ne sommes là que pour le week-end, et puis nous avons des vélos.
Encore un mensonge, décidément je raconte n'importe quoi !
- Et ce coup de fil qui vous fait partir précipitamment, rien de grave j'espère ?
- Euh, pas très grave non, enfin je ne sais pas vraiment, un ami pense que je me suis peut-être fait cambrioler.
- Oh, c'est bête de se faire gâcher ses vacances par une chose pareille !
- Je suis bien d'accord, j'espère simplement qu'il se trompe ou que rien n'a été dérobé.
- J'espère pour vous, décidément nous ne sommes plus tranquilles nulle part de nos jours...
Enfin bref je m'enlise pendant bien quarante minutes à raconter des histoires ou des banalités sur ce que je fais, où j'habite et tout le reste. Elle me laisse finalement un peu avant le pont, d'où elle peut encore faire demi-tour. Je sors et la remercie.
- Merci beaucoup, c'est vraiment très gentil de votre part.
- Ne vous en faites pas, c'est rien, je vous aurais bien déposé de l'autre côté du pont, mais après ça m'aurait coûté pour revenir. Mais en vous mettant là vous trouverez sûrement une voiture pour vous emmener.
- Oui oui sans doute, je vous remercie encore. Bonne journée.
Ceci fait je dois encore décider si je tente le stop avant l'entrée sur le pont ou si le traverse à pied. Je conviens de faire du stop quinze minutes et de continuer à pied si aucune voiture ne me propose. Quinze minutes s'écoulent et personne ne s'arrête. Je me demande si je n'aurais peut-être pas dû me raser et me couper les