Mercredi 20 août 2003, 11 heures 40, salle de réunion. Jean-Luc se chargea d'énumérer les documents :
- Récapitulons, les médecins diagnostiquent une heure de mort voisine de 16 heures. Pour l'instant aucun témoignage d'une visite à cette heure-là. La dernière personne sur les lieux était la mère de Thomas, qui est partie vers 11 heures du matin. La dernière personne ayant vue Seth est Thomas, le matin, vers 8 heures, quand il a quitté son domicile. Elle a passé la nuit avec lui, et revenait la veille de deux semaines de vacances dans les Alpes. D'après Thomas, elle est revenue en train, toutefois si c'est le cas elle ne voyageait pas avec un billet à son nom, aucun billet de SNCF n'a été vendu au nom de Seth Imah ou divers anagrammes dans les six derniers mois. Avant ces vacances Thomas la trouvait fatiguée, et cela depuis plusieurs mois.
Thomas manqua de se brûler en cessant de boire son café pour confirmer :
- Depuis le début de l'année elle allait de moins en moins bien, oui.
Stéphane, assis à côté de lui, l'interrogea :
- Elle était malade ?
Thomas répondit en regardant fixement son café, d'une voix rêveuse :
- Je ne crois pas, mais elle refusait ne serait-ce que le simple fait que je mentionne la visite d'un médecin.
Stéphane laissa porter son regard dans le vide :
- Étrange...
Jean-Luc reprit :
- Peut-être, mais il se trouve qu'elle n'est pas morte de maladie, mais assassinée. Alors euh, le fait qu'elle soit... qu'elle était malade... Enfin elle était peut-être malade et c'était peut-être important, mais ça n'explique pas qui l'a tuée et pourquoi.
Jean-Luc s'énerva passablement, il s'énervait toujours de ne pas trouver ses mots :
- Bref, il faut rajouter que Seth Imah est complètement inconnue des services de renseignements, pas plus les photos que les empreintes n'ont donné quoi que ce soit. Tu aurais d'autres photos, d'ailleurs ?
- Elle n'aimait pas les photos, ne supportait pas ça, je ne suis même pas sûr d'avoir une seule photo de nous deux. Elle les jetait quand elle trouvait une photo d'elle.
- Oui, on a même dû utiliser une de celles prises à la morgue, celle que tu nous a donnée n'était vraiment pas géniale... Tu dis l'avoir rencontrée il y a quatre ans, fin de l'été 1999.
Stéphane s'aperçut avec étonnement que ses critiques sur le manque d'initiative de Jean-Luc avait porté leurs fruits. Thomas lui aussi fut étonné que Jean-Luc menât la discussion, il se dit que le petit Jean-Luc grandissait ; c'était le plus jeune, en effet, n'ayant intégré le SRPJ que six mois auparavant, et il n'avait que vingt-deux ans. Thomas lui répondit :
- Oui, elle était orpheline, et venait de Nancy, je sais qu'elle a aussi séjourné à Grenoble, et auparavant dans un petit village dans les Alpes, je ne me rappelle pas du nom.
Stéphane compléta :
- De plus elle ne travaillait pas, et restait très discrète sur ses amis, en gros tu ne savais pas grand chose de sa vie.
Thomas retint un soupir avant de répondre :
- Non.