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longtemps expliquer toute les interrogations que nous avons toujours, l'unification de la relativité générale et de la mécanique quantique, les origines de l'univers, la nature profonde de la matière... Mais je suis tellement préoccupé par Naoma et le fait de ne pas comprendre, ne pas comprendre pourquoi je suis ici, pourquoi moi... Peut-être devrai-je réellement prendre le temps de me détendre en portant ma confiance dans le Congrès, mais comment le faire maintenant que Yamwreq et Guewour eux-mêmes m'ont fait part de leurs inquiétudes ? Comment puis-je rester là à attendre quand dehors cette fille, peut-être, nous échappe ? Comment puis-je laisser Naoma sans aide. Par ma faute elle est déjà morte une fois... Oh mon Dieu, si loin de toi que suis-je donc ? Oh mon Soleil tu me manques tant...

- Ylraw ?

Pénoplée pose doucement sa main sur ma jambe, le repas est servi. J'étais replongé dans mes rêves. Je me retourne vers elle et lui souris. Je lui fais un nouveau bisou sur la joue et prends un petit pain multicolore. Je n'ai pas très faim. Je ne parle pas beaucoup du repas, Erik non plus. Je suis sans doute un peu fatigué.

Iurt, Moln et Ulri animent le repas de leur discussion sur les changements notable d'Adama depuis qu'ils connaissent la planète. Mais somme toute de ce que j'en ai retenu, Adama n'a pas vraiment changé depuis plusieurs milliers d'années. À vrai dire je me demande si la Congrégation elle-même a changé depuis tous ces siècles. Je n'ai pas la force de demander, aspirant d'avantage à me glisser au plus vite dans un lit chaud en serrant Deborah dans mes bras. Oh ! Lapsus ! Je le conserve dans le récit... Oh mon Dieu, je crois que je ne sais plus où j'en suis...

Je ne m'attarde pas trop à table. Je me sentais en forme après la discussion pour repartir à la recherche de cette fille, mais le fait de m'asseoir et le manque de moyens sont venus à bout de moi. Iurt propose une rétrospective virtuelle de l'histoire d'Adama, mais je n'ai pas la tête à ça et je vais me coucher. Sur Stycchia je serais couché depuis longtemps, il est presque trente trente-sixièmes, heure que je n'ai jamais connu là-bas... Je ne suis pas vraiment épuisé, je sens bien qu'il est encore tôt à mon horloge biologique, confirmant que les clones doivent bien avoir une initialisation en fonction du jour local, mais d'une part je n'ai pas vraiment encore

une notion claire de leur heures, jours, rythmes de sommeil et d'éveil ; pour être franc je n'ai jamais trop fait l'effort de m'y plier, prenant plus simplement l'habitude de dormir quand j'ai sommeil ; et puis d'autre part je crois que c'est mon esprit qui fatigue, la journée fut dense, et je sens qu'il me faut prendre le temps, au calme de remettre tout en place dans ma tête et de digérer ce premier jour adamien chargé en nouvelles...

Je passe par les toilettes, je portais aujourd'hui comme souvent un vêtement assez ample sans couche intégrée ; puis je vais dans notre chambre, celle que nous avions choisie Pénoplée et moi, je me déshabille et m'enveloppe dans la couverture, je me bouge un peu et me tourne pour me nettoyer, me passe un coup dans les cheveux, et, une fois propre, je m'allonge sur le dos pour m'endormir. Mais je ne m'endors pas, tout tourne dans ma tête. Naoma, cette fille, le Congrès, Yamwreq, Deborah, Pénoplée...

Sans doute plus d'une heure s'écoule, où je vogue entre somnolence et rêve, avant que Pénoplée n'arrive. Elle se déshabille, et dans la faible lueur de la pièce je contemple ses douces formes avant qu'elle ne se nettoie elle aussi puis s'avance doucement pour se mettre sur mon épaule. Elle remonte un peu pour me faire un baiser et se retient quand elle voit que je ne dors pas.

- Je t'ai réveillé ? Je suis désolée...

- Non je ne dormais pas, je n'ai pas réussi encore à m'endormir...

- Tu es soucieux, oui je l'ai remarqué depuis que tu es sorti de l'entretien... Qu'ont-ils dit pour t'inquiéter autant ?

- Ce n'est pas vraiment ce qu'ils m'ont dit, il n'y avait rien d'extraordinaire, c'est plus que je ne vois pas comment faire pour m'en sortir.

- Tu n'as pas confiance dans le Congrès ?

- C'est plus que je ne sais pas comment réagir dans votre monde. Je me sens tellement incapable, tellement stupide face à vos règles. Je ne contrôle rien, je suis comme un enfant qui ne comprends