page 172 le patriarche 173

- Oui je n'ai pas très bien dormi, mais rien de grave, je suis allée faire un petit tour en attendant.

- Tu es un peu malade où quelque chose comme ça ?

- Non non tout va bien, ne t'inquiète pas, oublions ça. Profitons de ce petit-déjeuner ensemble.

Elle ne veux pas en parler, mais je crois comprendre à cette dernière expression :

- Ah !... C'est Naoma ? C'est le retour de Naoma qui t'inquiète ?

Sa voix ne me trompe pas, elle est redevenue la vieille femme d'avant, insensible et lasse de tout...

- Non non, je suis contente que vous retrouviez enfin votre amie, ça fait des mois que vous attendez ce moment. C'est juste que...

- C'est bien ça, c'est bien le retour de Naoma. Tu as peur que nous ayons moins de temps pour tous les deux ?

Tout en lui disant cela, je me lève et me place derrière elle pour la prendre dans mes bras et l'embrasser sur la joue. Elle redevient un peu plus la jeune fille que j'aime :

- Peut-être oui, je ne sais pas trop à vrai dire... J'ai toujours été assez solitaire, mais, après tout, nous n'étions pas si mal tous les deux... Enfin, moi au moins... Je... Ça fait longtemps...

- C'est vrai que je vais passer du temps avec elle je pense, surtout au début, mais que ça ne nous empêche pas de nous voir, et puis tu pourras toi aussi rester avec nous, je n'y vois pas d'inconvénient, après tout tu connais mieux la langue que nous et ça rendra son intégration d'autant plus rapide. Toi et d'autres d'ailleurs, il faut qu'elle rencontre le maximum de personnes pour ne pas se sentir isolée.

Pénoplée est à la fois jeune et vieille, c'est étrange comme je peux voir différemment les caprices de personnes âgées à travers elle. C'est étrange comme je m'aperçois qu'être vieux ça n'empêche pas

d'être encore fragile, enfant, presque. Et je comprends mieux alors tant de situations que j'ai connue sur Terre, tant de situations où je me rends compte, désormais, que si notre corps change nous gardons nos frustrations d'enfants, nos blessures et nos peurs... Pénoplée se serre contre moi :

- Je ne sais pas trop si j'ai vraiment envie de rester avec vous, je pense que c'est mieux si nous nous voyons séparément, et puis j'ai des tonnes de gens à qui je dois rendre visite, ça fait si longtemps, j'en profiterai.

- Comme tu veux, mais n'hésite pas une seule seconde si tu veux qu'on passe un moment ensemble.

- Ne t'inquiète pas, c'est bien que tu t'occupes d'elle.

Erik se présente au chalet avant même que nous n'ayons terminé notre déjeuner, lui-même n'ayant que peu manger, il s'attable avec nous, et Guerd nous rejoint quelques minutes plus tard. Tout le monde rassasié, nous nous rendons chez Moln, que nous dérangeons d'une partie de je ne sais quel jeu de réflexion, sans doute une sorte d'échec ou de go, qu'il menait avec son éternel collègue Ulri. Il est étonné de nous voir si pressés, il est vrai que tout se passe si tranquillement dans ce monde. Après vérification, il s'avère toutefois que la reconstitution corporelle s'est correctement terminée :

- J'avais indiqué de ne pas procéder à l'empreinte cérébrale, de façon à nous donner le temps de vérifier que tout est bon. Nous pouvons nous rendre au téléporteur et, si tout va bien, transférer l'image du bracelet.

Nous suivons Moln et quelques minutes plus tard nous contemplons, par l'intermédiaire d'images virtuelles, le nouveau corps magnifique de Naoma. Mais si celui-ci doit être sans doute plus parfait, son ancien corps terrestre, d'après mon souvenir, n'a que bien peu à lui envier. Elle était déjà très belle. Moln commente :

- Vous ne le remarquerez peut-être pas, mais les données complètes sur l'apparence physique n'était pas disponible, uniquement la version sommaire.