prends par la main, elle se laisse faire. Nous marchons vers mon Chalet. Une fois rentré, sans attendre, sans parole, je la plaque contre le mur, l'embrasse, la déshabille, elle se laisse faire. Je lui fais l'amour et elle en redemande.
- Qu'est-ce qu'on va devenir, François ?
- Restons, juste, c'est déjà bien, non ?...
Jour 182
Et voilà, sans doute plus de six mois... Jour cent quatre-vingt-deux.
En phase pour une nouvelle étape. J'attends, patiemment, allongé dans le tube du téléporteur. Première téléportation volontaire, dans quelques jours je me réveillerai sur Adama, avec un corps neuf.
Plus de six mois dont la totalité, presque, fut passée ici, sur Stycchia. Deuxième planète autre que la Terre que je foule, avec cette Lune dont je ne souviens pas. Ah Stycchia, te reverrai-je ? Tu resteras en tous les cas ce que je considère comme le plus proche du paradis. Certes Naoma perdit la vie chez toi, mais elle est revenue, désormais, et peut se vanter de parler comme nous la langue de cette nouvelle humanité, immense, gigantesque, trois cent soixante milliards de personnes, qui vivent dans le calme et le bonheur. Paradis oui, dès que nous rejoignîmes le village. Pas sans heurts, toutefois, j'ai encore le bleu de la bosse de ce fichu jour où nous décidâmes d'apprendre à voler par nous même avec ces combinaisons-abeilles. Ces maudits appareils réagissent au quart de tour ! Il ne m'a pas fallu longtemps, pour que, à peine enfilée et orgueilleux de ne pas vouloir me servir du stabilisateur, la moindre pensée de travers me fit virevolter en tout sens, sous les fous-rires de Naoma et d'Erik, et terminer ma course comme une vulgaire mouche s'écrasant nonchalamment sur le sommet de la salle du Conseil, restant accroché comme un malheureux jusqu'à ce que ma belle, qui ne l'était pas à l'époque, viennent me délivrer.
Ah Pénoplée... Nous eûmes quelques altercations suite à notre première séparation, ces remous lui rappelant sans doute sa houleuse relation avec Ragal... Les raisons en étaient différentes, sans doute, plus liées, littéralement, aux mondes qui nous séparent, autant ces
milliers d'années de temps que ces probables milliers d'années-lumière de distance. Autant de distance que de temps entre nous, il fut bien dur, la phase de la découverte s'estompant, de trouver passion commune. La sérénité mêlée d'indifférence de son âge à ma curiosité sans limite, sa vie tranquille et indépendante à ma soif de bouger, de lui faire l'amour, encore et encore, ma soif de révolte, de réponses.
Si différents et pourtant, si nous nous séparâmes, décidant que l'amitié serait sans doute plus appropriée à notre relation, nos résolutions ne duraient rarement que plus de quelques jours, et puis de nouveau nos corps s'entremêlaient, trop désespérés sans doute que nous ne puissions trouver quoi d'autre pourrait nous unir.
Je laisse mon corps petit à petit sombrer dans le sommeil, bientôt accompagné de mes sept camarades que je retrouverai sur Adama. Naoma et Erik, bien sûr, Guerd et Pénoplée, difficile de faire sans, Moln et Ulri pour leur implication dans l'étude du téléporteur à l'origine de la polémique, et Iurt, nommé par les villageois pour les représenter.
Le tube refermé, plongeant dans un profond sommeil, mes pensées s'envolent en quelques secondes... Au revoir, Corps, adieu peut-être...