Jean-Luc se permit un commentaire :
- Perso moi je cherche toujours un minimum d'info sur mes copines, mais bon, je suis peut-être un peu parano.
Stéphane le regarda avec un regard noir, Jean-Luc le vit et fit un "Quoi ?" silencieux en écartant les mains et en haussant les épaules. Thomas n'y prêta pas attention :
- C'est vrai que je n'ai jamais regardé, mais de quoi aurais-je dû me méfier ? Elle était si gentille, si simple, si sans histoires...
Jean-Luc reprit la suite :
- Enfin passons, apparemment cette affaire est plus compliquée que ce qu'on aurait cru. Le commissaire dit qu'il aimerait quand même qu'on ne traine pas là-dessus, parce que comme il le dit un meurtre dans une bourgade huppée où les précédents soucis se ramenaient à un chien perdu ou écrasé, ça fait tache d'huile. C'est peut-être un ancien voyou du coin, on pourrait regarder qui Thomas a mis derrière les barreaux et qui pourrait s'être vengé. Il faudrait aussi interroger toutes les personnes susceptibles d'avoir vu Seth ou d'avoir vu quelque chose, les gares, les stations de métro. Et ça serait bien qu'on trouve le nom de ce village où elle était en vacances, dans les Alpes, là. Il nous faudrait aussi un peu plus d'info sur elle, pour l'instant c'est assez maigre. Le commissaire m'a dit qu'il sera en vacances à partir de la semaine prochaine pour deux semaines, et il m'a bien fait comprendre qu'il n'aimerait pas que le procureur le dérange trop souvent. En gros il voudrait qu'on ait une piste sérieuse d'ici à la fin de la semaine.
Stéphane prit la parole, s'adressant à Thomas, d'une voix calme et posée qui contrasta avec le débit rapide et haché de Jean-Luc, sans doute un peu stressé de mener la discussion.
- Tu n'as vraiment aucune idée de qui pourrait lui vouloir du mal ?
Thomas resta plus d'une minute sans rien dire, le regard sur Stéphane, à tel point que ses deux collègues en furent gênés. Puis il répondit en levant les deux mains :
- J'ai aucune idée, non, et je m'aperçois que je ne savais presque rien d'elle, presque rien...
- Tu avais parlé de sa nourrice.
- Oui, mais... Elle est décédée, en tous cas c'est ce que Seth disait.
- Mais tu n'avais pas son nom ?
- Non, je ne crois pas que Seth me l'ait dit, ou alors je l'ai oublié.
Les trois hommes restèrent silencieux un moment, se demandant sans doute par où commencer. Jean-Luc et Stéphane espéraient bien quelques indices de la part de Thomas, mais celui-ci n'en avait pas, ou n'en donnait pas. Devaient-ils conseiller au commissaire de mettre Thomas en vacances, ou l'éloigner de l'affaire ? En avaient-ils le droit, et puis le meurtre datait de la veille, comment pouvaient-ils lui reprocher d'être ailleurs ou de ne pas faire d'effort ? Stéphane lui proposa finalement de prendre un peu de repos :
- Tu sais Thomas, je pense vraiment que tu devrais prendre au moins un jour ou deux, ne serait-ce que pour passer ces moments difficiles, et aussi mettre un peu d'ordre dans ta tête. Nous pendant ce temps on dépouillera les trucs qu'on a, si ça se trouve ils finiront par dénicher quelques chose aux RG.
Jean-Luc approuva sur-le-champ, il avait depuis le début peur de parler de cette histoire sans prendre le risque de blesser Thomas, de le savoir un peu à l'écart lui semblait une très bonne idée :
- Oui, Stéphane a raison, ça va être trop dur pour toi sinon, prends quelques jours, passe ta peine.
- Et quand tu reviendras nous aurons fait toutes les démarches compliquées et difficiles pour l'autopsie et les tests, et tu auras les idées plus claires sur le sujet, peut-être que des événements anodins te reviendront et nous mettrons sur une piste.
Thomas pouvait difficilement refuser, tout en sachant qu'il