respectives. Je ne lui demande pas pourquoi il est venu en Australie. Suite au repas je vais rapidement me coucher. Je m'endors sans délai malgré ma sieste de l'après midi. Je me réveille de nouveau plusieurs fois dans la nuit pour boire.
Lundi 25 novembre. Grasse matinée. Voilà plus de trois semaines que je suis parti. Et j'ai déjà plus à raconter que dans toute ma vie antérieure... La lumière traverse les interstices des volets ; il fait déjà chaud et le Soleil doit sans doute briller dans le ciel. Je me sens en sécurité ici. Je suis persuadé, ou me suis persuadé tout du moins, qu'ils n'ont aucun moyen de me retrouver. Je suis bien, malgré toutes mes meurtrissures. Les bleus des coups reçus au Mexique et à l'hôpital de Sydney sont en passe d'être guéris. J'ai toujours toutefois une douleur à ma blessure par balle de l'épaule, et mes deux jambes me font souffrir ; ma cheville reste douloureuse quand je marche. Et pour terminer j'ai une souffrance tenace dès que je contracte les abdominaux, à cause de la seringue plantée lors de la bagarre à l'hôpital. Je quitte un peu mon corps pour penser à mon futur proche. Le plan de Patrick de repartir discrètement en France me séduit, mais j'ai vraiment très peu d'idées pour amasser la somme nécessaire. Je pourrais la demander à quelqu'un. Deborah s'était proposée de m'aider si besoin. Cependant la contacter par message électronique ou téléphone me fait un peu peur. Au moindre signe de vie de ma part j'ai le pressentiment que tout va recommencer. De plus s'ils parviennent de nouveau à m'insérer un émetteur, je serais bien incapable de le retirer, je n'ai pas d'appareil comme cette mystérieuse fille, sauf à me couper la jambe, et cette pensée ne me convient guère. Et puis je ne peux pas toujours me reposer sur cette fille, même si elle semble toujours présente pour me sortir d'affaires, quitte à tarder un petit peu, comme dans le désert. Le souci concernant Deborah est qu'ils doivent sans aucun doute la surveiller, comme ils doivent surveiller mes parents et les personnes avec qui je pourrais prendre contact en France. Mais je suis conscient aussi qu'il est peu crédible qu'ils parviennent à filtrer tous les messages électroniques, les coups de téléphone et les lettres qui transitent dans le monde. Pourquoi ne pas envoyer une carte postale anodine à Deborah, en me faisant passer pour un cousin, et lui demander de m'envoyer un peu d'argent ? Mais tout bien réfléchi ce n'est en tout et pour tout pas si difficile pour eux de filtrer mes messages. En ayant accès à mes anciens relevés téléphoniques en France
par exemple, et à mes derniers échanges sur Internet, ils connaissent par conséquent la plupart des personnes à qui je serais susceptible de demander de l'aide. Il ne leur reste plus qu'à vérifier leurs courriers, leurs messages électroniques et leurs coups de fil et je serai repéré au moindre signe de vie. Je décide alors de tenter seul dans un premier temps de trouver l'argent indispensable à mon retour, et en dernier recours de faire appel à une personne extérieure. Mais dans un premier temps, je vais donner un coup de main à Patrick, j'entends qu'il s'est levé.
Patrick est toujours très gentil, et nous plaisantons un peu en préparant le petit-déjeuner. Il me demande si je sais désormais ce que je vais faire. Je lui confirme que je m'oriente plutôt vers son idée de trouver de faux papiers et de tenter de rentrer en France en faisant le moins de vagues possible. Mais je m'interroge sur le moyen pour trouver l'argent requis. Je lui pose la question de savoir s'il pourrait y avoir des petits boulots pour moi dans le coin. Il est sceptique, Lake Cargelligo étant une petite ville de mille trois cent habitants dont les emplois sont principalement consacrés aux activités touristiques autour du Lac. C'est là qu'il travaillait auparavant. Mais si ce type de boulot peut vous permettre de vous faire oublier assez facilement, il rapporte assez peu d'argent, même Patrick serait en mesure de me faire embaucher pour quelque temps grâce à ses anciens collègues. Selon lui le plus judicieux pour moi serait d'aller à Melbourne ou Canberra directement, et de chercher du travail sur place. Bien sûr sans papiers ce serait sûrement un travail clandestin, mais ce sera sans doute mieux payé que ce que je peux trouver dans le coin. Je lui dis y avoir pensé, mais qu'il me faut un minimum d'argent pour m'y rendre et y rester au moins quelques jours avant d'hypothétiquement trouver un emploi. De plus je ne sais vraiment pas comment chercher. Il me rassure sur ce côté financier et me promet qu'il peut me donner mille dollars australiens. Cette somme devrait me permettre de trouver une auberge de jeunesse et de survivre pendant au moins quinze jours. Quand à trouver un travail, il me fait confiance, on n'est pas capable d'échapper à une organisation du crime comme je le fais, dit-il, si on ne l'est pas de trouver un travail n'importe où. Je suis flatté bien que dubitatif et je lui répète que je ne veux pas qu'il me donne de l'argent, car je considère que je lui ai déjà causé bien des soucis. Malgré tout je suis conscient que j'ai peu