volonté.
Non ! C'en est trop ! Finissons-en ! Corps ! Corps ! Je n'en peux plus d'attendre !
Plus de concentration, plus de chaleur, plus de force. Je bouge plus, plus facilement, plus rapidement. Je respire ce liquide visqueux. Il me brûle. Je tape contre les parois. Je tape de plus en plus, de plus en plus fort, de plus en plus souvent.
La force revient, augmente, me parcourt, je brûle... Une lueur ! il y a une lueur, une lueur bleu-verte. Mes yeux se sont-ils habituées ? Ou plutôt retrouvai-je lentement mes sens, mon toucher, ma vue, mon ouïe. Je sors comme d'un brouillard. Je distingue les parois, mon corps nu.
J'accélère, mes mouvements deviennent plus qu'un supplice, mes membres me brûlent, mes poumons, j'ai besoin d'air, j'ai besoin d'autre chose que cette immonde viscosité en moi !
Cette douleur, cette brûlure, à la fois un martyr et un réconfort. Tout s'emballe, je ne pense plus qu'à une seule chose, sortir, sortir ! Je frappe, toujours, toujours plus vite ou plus fort. Je parviens à me recroqueviller, et alors en cette position exerce une pression sur les parois en tentant de me redresser.
Je ne crois pas avoir jamais été dans un tel état, empli de tant de force et pourtant si proche de la rupture. Mon corps est tendu pendant plusieurs minutes. La sensation de chaleur est terrible. La lumière s'est amplifiée, et le liquide commence presqu'à bouillir. Est-ce que c'est moi ? Est-ce que c'est la pression externe ? Ai-je créé une faille, une aspiration ? Je ne sais, mais qu'importe, j'ai la force de sortir.
Tout ne fais qu'aller de l'avant, comme s'il n'y avait pas de limite, la brûlure, la tension, la force, la volonté.
Les parois cèdent, le tube explose, je me redresse, la tension retombe, je vacille, tombe, percute un objet dur et roule sur le côté.
Je ne reste pas longtemps sans connaissance, je m'étouffe, ce liquide qui remplit mes poumons me fait reprendre conscience. Mais
tout à changé, j'ai tant de mal à faire le moindre geste. Je parviens péniblement à me tourner sur le côté pour cracher, tousser, vomir, éliminé de moi ce liquide jaunâtre, à la fois dans mes poumons et mon ventre. Mon corps est parcouru de hocquets... C'est une longue agonie qui se termine finalement par une profonde et sonore inspiration d'air.
Je me rallonge sur le dos, épuisé... Une faible lueur éclaire la pièce. Je distingue le tube penché d'où je suis tombé, me blessant à la jambe dans ma chute, et un autre tube à ses côtés que j'ai percuté. Le liquide visqueux s'est répandu sur le sol, je nage dedans. Encore d'autres tubes identiques se trouvent de l'autre côté de celui à la paroi déchirée où j'étais enfermé. C'est une grande salle, ronde. Je n'ai pas la force ni la volonté de bouger pour en voir plus.
Quelques minutes passent, j'ai mal partout, je n'ai toujours pas de souvenirs, je ne sais pas comment je suis arrivé là. Je ne me rappelle de rien, rien de mon passé, quelques rêves simplement, sans doute datant de mon sommeil dans ce tube.
Il fait froid. Je reste allongé, à moitié tourné, nu, haletant mon mal, laissant mon esprit s'embrumer. Point de bruit, pesant silence m'entraînant dans un nouveau sommeil...