temps de sommeil, mais il fait encore nuit noire. Il ne doit pas être plus qu'une heure ou deux du matin. Je tire un coup sec sur mes menottes, énervé. J'ai une vive douleur dans l'épaule comme retour de bâton. Si seulement je n'étais pas attaché, je pourrais partir d'ici...
Trente minutes, peut-être une heure, passent. Je suis à l'affût du moindre bruit. Mes yeux ne se sont que difficilement habitués à l'obscurité qui est presque complète ; un store doit empêcher les lumières de la ville de pénétrer dans la pièce. J'entends ou crois entendre une porte qui se ferme. Je retiens ma respiration. Mon coeur tambourine dans ma poitrine et résonne dans mes oreilles. Il y a quelqu'un qui marche doucement dans le couloir, j'en suis presque sûr. Je prends l'initiative de me cacher sous le lit. Je me lève en tentant de faire le moins de bruit possible, mais inévitablement le lit produit quelques grincements. Je descends doucement et me place sous le lit. Je tire le drap de manière à ce qu'il cache la menotte encore attachée et laisse croire que je me suis échappé. Le drap pend et forme une petite tente qui me cache. Je retiens de nouveau ma respiration pour entendre mieux et discerner si les pas sont toujours audibles. Je n'entends rien de quelques secondes. Puis un léger couinement s'échappe de la poignée de ma chambre. Mon coeur s'accélère, quelqu'un est en train de rentrer dans la pièce ! Je serre la seringue dans ma main droite, et tente de faire le moins de bruit possible. Les pas s'approchent, il ne doit y avoir qu'une seule personne, maintenant à quelques dizaines de centimètres seulement de moi. Elle fait le tour du lit, doucement. Je retiens toujours ma respiration. Quelques secondes passent puis elle semble s'éloigner pour quitter la salle. Je dois absolument reprendre mon souffle. J'essaie de le faire le plus doucement possible.
Mais j'échoue. La personne revient abruptement vers le lit et soulève le drap en l'arrachant du lit. Je tente de lui planter l'aiguille dans la jambe mais elle m'attrape le bras et me tire de dessous le lit. Dans le même mouvement elle me lance un coup de pied tellement violent qu'elle me fait décoller du sol et atterrir contre la table de nuit. Tout se renverse dans un fracas terrible. Je lâche ma seringue. Je crie à l'aide de toutes mes forces mais elle me soulève de nouveau par le bras et la jambe et me projette en avant, je voltige jusqu'à ce que la chaîne des menottes se tende et m'arrache des cris de douleur. Je ne peux pas distinguer mon agresseur, mais en
tentant de m'aggriper j'ai pu deviner que c'est un homme, très grand. Je retombe de l'autre côté du lit. Je sens ma blessure s'ouvrir et du sang en sortir, en imbiber le bandage, et couler sur mon torse. J'ai le bras complètement tordu en arrière, je me plie tant bien que mal pour avoir un peu moins mal. Alors qu'il s'approche je m'aide du rebord du lit et lui décoche un puissant coup de pied dans le torse. Il est beaucoup trop grand pour que je parvienne à le toucher au visage. Mon coup de pied le propulse en arrière et il tape dans le mur du fond mais ne semble pas affecté outre mesure car deux secondes plus tard je reçois son tibia dans mon estomac. Il a donné le coup avec une telle force que le lit s'est presque dévissé du sol. Mais je ne me laisse pas faire et rétorque par un coup de poing, qu'il pare et utilise pour me retourner, s'avancer un peu en contournant le lit et me lancer de nouveau en me tirant de toutes ses forces pour me projeter jusqu'à ce que je sois de nouveau écartelé par les menottes et que je m'écrase lamentablement contre le deuxième lit de la pièce. Je sens cependant que la barre de mon lit est en train de céder. Il va falloir qu'elle cède vite si je veux avoir une chance ! Mais je n'ai pas beaucoup le temps de faire des suppositions. Je continue à crier à l'aide quand il me donne de nouveau un coup de pied qui termine de détruire ce qui reste de table de nuit. Dans l'obscurité, je tombe par hasard le genou sur ma seringue, je la récupère et lui donne rapidement plusieurs coups dans la poitrine quand il s'approche de moi. Mais il semble insensible à la douleur, et réussit à me subtiliser mon aiguille en me broyant la main. Je ne sais plus si je crie toujours à l'aide ou si ce ne sont que des hurlements de douleur. Satisfait d'avoir récupéré ma seule arme, il me la plante dans le ventre. La douleur est immédiate et insupportable. Mais il ne s'arrête pas là et me soulève de la même main, en me tenant au bout de son poing avec l'aiguille dans mon ventre. Je pends plié sur ses avant bras, près à tourner de l'oeil. Je pardonne le petit Jésus d'avoir mis le pain à l'envers sur la table...
Mais ce n'est pas nécessaire, la lumière envahit la pièce, et j'entends le gardien crier "mains en l'air". Alors l'homme me lâche, et je retombe lourdement au sol, à moitié tourné, pendouillant au bout de mon bras gauche toujours attaché au lit par les menottes. L'homme saute par-dessus le lit, il y a un coup de feu, et un bruit de bris de glace. Je ne sais pas si c'est la balle qui a brisé la vitre, ou