- La pagaille c'est moi-même qui l'ai mise. Et comme tu disais je devais bien me douter qu'un jour ou l'autre ça finirait par me retomber dessus. Mais ne t'inquiète pas pour moi, au pire ça mettra un peu d'animation et permettra de clarifier un peu tout ces histoires.
- Tu t'ennuies à ce point ? C'est aussi par lassitude que tu as couché avec moi cette nuit ?
Elle se retourne vers moi et me lance un regard triste.
- Ça me blesse que tu dises ça. J'ai couché avec toi, non pas parce que je suis tombée amoureuse de toi, ce serait mentir, mais, enfin, c'est difficile à dire, tu m'attirais voilà tout, j'avais envie d'être dans tes bras. Et je n'ai pas menti quand j'ai voulu rentrer dans ton lit, j'avais vraiment juste envie de me serrer contre toi, et puis, bon...
- Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser. Et je ne regrette pas cette nuit, même si ce sera peut-être la seule.
- Il n'est en effet sûrement pas très prudent de ma part de prendre le risque de me faire attraper par papa, même s'il m'a défendu aujourd'hui, il n'en reste pas moins qu'il y a des intérêts dans cette histoire. Et de plus si je suis d'accord avec toi que je devrais peut-être remettre en cause mon style de vie, ce ne serait que contradiction. De plus tu risques à court terme autant, voire plus, que moi dans cette affaire, mon père n'est pas un tendre.
Elle sourit. C'est toujours un peu blessant de devoir accepter que notre pouvoir de séduction n'est pas sans limite et qu'elle comprend très bien que c'est un peu une bêtise que d'avoir passer la nuit avec moi. Mais c'est mieux pour elle et ma morale, et mon ego s'en trouve amoindri, alors ne nous plaignons pas...
En ville elle me laisse dans les mains expertes de son amie à l'hôpital, et va pendant ce temps faire les courses dont elle a besoin. J'attends quelques instants dans une salle de l'hôpital puis son amie, Lisa, me fait passer entre deux patients pour faire une radio de ma jambe. Bilan, j'ai bien reçu quelque chose à l'intérieur, mais cela n'apparaît que comme plusieurs points minuscules sur la
radio. Elle m'explique qu'il y en a une dizaine et que le plus gros d'entre eux doit faire moins d'un dixième de pouce, ce qui doit faire un peu plus qu'un quart de millimètre. Je dois inventer une nouvelle histoire pour lui expliquer comment je me suis fait une chose pareille. J'ai un peu peur que mon explication n'influence mon verdict, alors je tente de rester proche de la réalité, imaginant un coup de feu tiré par erreur à proximité de ma jambe. Après quelques analyses complémentaires, Lisa m'indique qu'elle ne pense pas qu'il y ait d'infection, et qu'il est pratiquement impossible de les retirer sans faire dix fois plus de dégâts qu'en les laissant où ils sont. Elle précise néanmoins qu'il faudra les surveiller dans les mois qui viennent, pour voir s'ils se déplacent, et pour être sûr qu'ils sont bien acceptés par l'organisme.
Je la remercie grandement et je sors de l'hôpital pour attendre Deborah sur le parking devant celui-ci. À peine plus d'un quart de millimètre, ce ne doivent être vraiment que des éclats pensé-je. Je ne crois pas qu'il puisse exister des émetteurs de cette taille là. Je suis au moins rassuré sur ce point. Mais je reste toutefois dubitatif sur le fait qu'ils m'aient laissé partir sans vérifier que j'étais bien mort. Toutefois je n'ai peut-être pas tous les éléments, peut-être ont-ils découverts qu'ils étaient observés à ce moment là, ou ont-ils eu contre-ordre au dernier moment, quand les cahiers et toutes traces eurent été effacés.
Je patiente une bonne demi-heure avant que Deborah ne revienne. J'essaie de me convaincre que cette histoire est terminée, et que je pourrais peut-être directement prendre un avion pour la France, et reléguer toutes ces aventures au passé. Deborah me retrouve donc assez satisfait, ce qui la rassure aussi. Nous réfléchissons alors que je pourrais finalement passer une semaine ou deux en plus ici, et ne rentrer qu'après en France, pour vraiment pouvoir dire ensuite que j'étais en vacances ici...
Sur le chemin du retour Deborah me demande si cela ne me dérange pas qu'elle fasse un détour par la petite ville pas loin du ranch. Un ami à elle y est barman, et elle lui doit cinquante dollars depuis plusieurs mois, et ne pense jamais à les lui rendre quand elle le croise. De plus voilà bien plus d'un mois qu'elle n'est pas passée leur dire bonjour, à lui et à sa soeur. C'est un ancien copain à elle,