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parlent en leur langue en parlant la mienne. Ils sont surpris de m'entendre et redoublent de plus belle avec ce que je pense être des questions.

- Je m'excuse mais je ne comprends strictement rien à ce que vous me dites, et je vous rappelle que je ne parle pas un mot de votre langue.

Je suis à mon tour surpris de la réponse de l'homme âgé, formulée en français :

- Pourquoi continuer cette mascarade, Ylraw, nous savons très bien qui vous êtes !

- Ah ? Et je suis qui pour vous ? Ça m'intéresse.

Ils semblent tous très énervés. C'est très étrange. Pourtant ils ne parlent pas entre eux, ils me regardent fixement, peut-être avec un peu le regard dans le vide, comme s'ils pensaient à autre chose. Je remarque soudain qu'ils ont tous un bracelet, et que moi-même j'en ai un !

- C'est grotesque ! Vous savez très bien que nous pouvons découvrir ce que vous savez, et que vous êtes démasqué, alors cessez ce jeu !

- Que vous soyez capables de savoir ce que je sais, cela ne fait aucun doute pour moi, je suis prêt à tout vous dire, en effet. Mais je pense que vous vous trompez sur un point. C'est que je ne suis pas celui que vous croyez.

- Et qui êtes-vous alors ? Et que nous voulez-vous ? Pourquoi vous acharner ?

Je suis estomaqué. Moi, m'acharner ! Ils plaisantent j'espère ! Je m'écrie.

- Quoi ! Mais c'est vous qui me courez après depuis le début ! C'est vous qui m'emmenez au Pentagone pour je ne sais quoi, qui me poursuivez jusqu'à Raleigh, qui tuez David, puis détruisez ma voiture, me prenez en chasse vers le Mexique et peut-être aussi vous qui tentez de me tuer là-bas, et maintenant c'est encore vous qui me retenez prisonnier je ne sais où ! Bordel mais c'est vous qui m'avez mis dans ce merdier innommable depuis le début ! Alors à votre tour arrêtez vos salades et expliquez-moi un peu ce qui se passe ici !

L'énervement me réchauffe un peu, et me permet de sentir un peu plus mes membres, qui n'en restent toutefois pas beaucoup moins engourdis. Suite à mon exclamation, une des deux femmes s'exclame.

- Il est très fort !

Les autres se tournent vers elle avec un regard noir. Elle s'excuse.

- Euh... pardon...

Pourquoi parle-t-elle en français, je n'en ai aucune idée.

- Aaaaaaaaaah !

Je pousse un hurlement, une douleur me transperce soudain la tête, la même que j'ai déjà ressentie au Pentagone. Je hurle de toutes mes forces. Ils se lèvent tous les huit et se regardent les uns les autres, d'un air interrogatif. Je suis parcouru par des tremblements. Je râle doucement pour me remettre de la souffrance. Pas pour longtemps car elle recommence au bout de quelques secondes. Je crie encore plus fort que la première fois et tente de me débattre, mais mes membres sont toujours paralysés.

Ils sont à leur tour affolés, comme s'ils ne comprenaient pas ce qu'il m'arrive. Ils parlent entre eux. Je n'entends rien et je ne sais pas si c'est en français ou pas. Je me concentre pour faire face à la douleur. Je réalise alors que la source doit être le bracelet, que c'est lui qui doit me provoquer ces crises. Déjà au Pentagone ce devait être lui. J'enrage de ne pouvoir bouger pour m'en débarrasser. Je pense aussi à ma pierre, ma pierre qui pourrait tant m'aider !

J'ai de nouveau une crise de douleur. Je n'ai jamais été électrocuté, mais j'imagine que la sensation est tout comme. Cette fois-ci à force de tenter de résister en me concentrant je finis par avoir une détente de mes jambes qui me projettent en arrière en basculant la chaise. Les personnes se dirigent vers moi, alors que j'agonise au sol, toujours incapable de bouger. Elles me regardent d'un air très inquiet. Brusquement la douleur recommence. Toujours plus intense. Toujours plus insoutenable. Je hurle.