Vendredi 28 janvier 2005, jour 647
Juillet 2001, Virginie vient de le laisser. Il écrit de nouveau.
Ses écrits n'étaient pas très ordonnés, je vous préviens...
Ce n'était pas très ordonné et pourtant, pourtant en quoi une vie qui coule, qui se construit, qui se détruit, n'est-elle pas ordonnée ? C'est le temps qui passe, l'ordre.
Il était une fois. Il était une fois quelques jours, quelques moments. Un peu d'une vie, un peu de désespoir, un peu d'espoir. Comme une quête, une recherche. Jour après jour, en en oubliant certains, trop fatigué, trop occupé. Le monde change, les hommes moins vite, les paradoxes se créent, les incohérences. Les valeurs, la morale, les envies, les vices, les buts, toutes ces questions avec mes réponses. Le mal, le bien, le révoltant, le désespérant...
C'est dans cette période que l'on trouve sans doute la source de mes futures innombrables discussions avec Enavila.
Jeudi 19 juillet 2001
Réveil le matin on n'attend pas trop. Les choses se passent. On se lève. Éventuellement on fait un câlin, éventuellement on écoute les catastrophes du matin aux infos. Tout dépend un peu d'avec qui on est. Seul ou pas. Nous restons seuls de toutes les façons, à bien y réfléchir c'est presque automatique. On mange, on a faim. On ne sait même pas trop si on a faim. En tous les cas cela se passe le matin c'est le matin, à part les infos et le câlin, il n'y a finalement pas beaucoup de marge. Travailler, il le faut. Paraît-il. On part tôt ou on part tard. On a des idées, parfois. Et parfois moins. Les choses
s'accumulent sans notre aide. On rigole. On ne rigole pas. On mange un peu ou beaucoup. On lit ses mails, des centaines de mails qui nous tiennent en vie, presque... La journée se termine sans avoir vraiment commencé. On discute un peu, on parle de choses qui nous tiennent à coeur, parfois. Ou on ne sait pas trop à vrai dire, ce qui nous tient à coeur ou pas. Est-ce le temps ? Les personnes qui partent ? Ou qui arrivent ? Les personnes qui pleurent, les personnes qui sont seules, la bourse qui monte, et la bourse qui descend ? Tout se passe, finalement, presque trop facilement. On gagne un peu d'argent qu'on n'a même pas envie de dépenser. La télé ne sert plus à rien tellement le temps est gris, point de météo qui puisse y changer quoi que ce soit. Et ces livres, ces films, qu'on ne lit et ne regarde pas pour vivre soi-disant plus que de ne rêver. Ne vaut-il mieux pas rêver, parfois, tellement inutiles sont ces jours qui s'accumulent ? Quelques espoirs toutefois, quelques sourires, finalement, quelques rêves, tout compte fait... Mais toujours un matin suivant, un autre réveil, une autre vie. Réveil qui ne sonne même plus tellement il est normal de faire une journée après l'autre. Réveil qui en perd ses bâtons tellement le temps devient inutile. Même plus de fatigue, à croire qu'il n'y a plus rien à retenir, que la mémoire ne sait plus trop ce qu'elle veut et ce qu'elle ne veut pas... Partir pour revenir, quelques vacances là où tout n'est que retards qui s'accumulent, comme les jours, comme les mails, comme les chiffres dans les cahiers, comme si chaque instant avait une importance pour qu'on le garde sur un support, alors que des milliards d'instants s'envolent et passent on ne sait où sans que jamais personne ne s'en inquiète...
Mais où va-t-on ?
19 juillet, 2001, 9 heures 45.
Rien n'est commencé, tout est vierge. Le travail est à faire, la préparation est terminée, il est temps d'être un peu. Plus de jeu, on est ou on n'est pas.
Vendredi 20 juillet 2001
Qu'est ce qu'on peut bien gagner en une journée ? À côté de tout ce que l'on perd. Pourquoi est-on triste certains jours, certains moments ? Pourquoi les choses passent ? Pourquoi n'a-t-on rien qui tienne ? Pourquoi les gens se lassent ? Pourquoi tant de fois à tenter