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Après la seconde sieste, je quitte Pénoplée pour la laisser accueillir un cousin ou en tous les cas un membre de sa famille ; je n'ai pas encore saisi toutes les variantes des noms consacrés à leur statut familial, dans la mesure où les familles ici comportent plusieurs dizaines de générations entretenant des liens plus ou moins étroits. Cette fin d'après-midi de libre me permet de continuer mon récit dans mon bracelet, j'y consacre plusieurs heures, jusqu'au dîner, que je vais prendre chez un habitant du village avec qui j'avais sympathisé. Cette possibilité d'être resté bloqué pendant trois cents ans me tracasse, et c'est en cherchant dans le bracelet que je découvre qu'il peut tenter de reconstituer des souvenirs anciens. Ce n'est pas parfait mais il retrouve tout de même certaines images, il retrouve beaucoup d'image, surtout, qui vienne de mon aventure sur la Terre, il retrouve Deborah, cette nuit d'amour que nous avons passé, il retrouve tous ces détails que j'avais enfouis dans ma mémoire sans le savoir... Voilà de quoi compléter le récit que j'avais écrit alors, si jamais je le retrouve, ce qui n'est pas encore gagné, surtout s'il est perdu depuis trois siècles...

Comme la nuit précédente, Pénoplée me rejoindra tard pour se glisser dans mes bras. J'aime comme elle est depuis que nous sommes ensemble, j'aime la voir rire plus souvent, et, par dessus tout, j'aime la voir oublier sa lassitude pour retrouver, un peu, sa fougue enfantine. Douce nuit l'un contre l'autre, mais je ne peux m'empêcher de penser à Deborah, si loin, et à toutes ces filles dont j'ai croisé la route... Vous me croyez toutes mort, sans doute, disparu, après ces quatre mois si loin... Nous nous accordons le lendemain matin, cent trente-troisième jour, un petit déjeuner au lit servi par un artificiel. Je découvre à cette occasion la présence de ceux-ci dans l'appartement. Ils sont en fait cachés dans le décors, ou dans un placard, et en sortent au besoin pour accomplir diverses tâches. La plupart ressemblent à des gros insectes, filiformes, aux multiples pattes pour pouvoir agripper, bouger, porter toute sorte de choses :

- Mais, il y en a beaucoup du même genre dans l'appartement ?

Pénoplée est appuyée contre le montant du lit, la couverture, si tant est que l'on puisse appeler ainsi le tissus à la fois chaud, doux et auto-nettoyant qui nous recouvre, seulement jusqu'à sa taille, me

laissant le spectacle agréable de son buste nu, ses deux seins tentant mes yeux plus encore que ses lèvres tentent ma bouche. Elle le sait et en joue, en me répondant comme si de rien était :

- Non, assez peu, en fait la plupart sont générés si besoin, et détruits s'ils ne servent pas pendant un certains temps. Toutefois ils sont présents en permanence. N'as-tu pas remarqué que ton chalet était toujours propre ?

J'effleure son sein de la main, délaissant mon petit pain pour l'embrasser dans le cou :

- Et bien, euh, non, je n'ai pas vraiment fait attention, je pensais être suffisamment précautionneux pour ne pas le salir.

Pénoplée sourit en faisant glisser ma main sur son sein.

- Et bien non, les cheveux que tu perds, les peaux mortes, les saletés, tout est récupéré par de tous petits robots qui recyclent tout ce qui traîne. Je ne veux pas te dégoûter, mais toute la nourriture que tu consommes vient presque exclusivement d'un cercle fermé.

Elle se cambre un peu quand je lui prends plus fermement son sein, mais continue à grignoter son petit pain.

- Tu veux dire que Chalet recycle mes besoins, mes cheveux, mes peaux mortes, tout mes déchets, et avec produit la nourriture ? Mais, je consomme de l'énergie pourtant, il doit y avoir des pertes, ça ne peut pas être un cercle complètement fermé ?

Vexé qu'elle ne délaisse pas son petit-déjeuner, je glisse ma main plus près de points sensibles, je me rassure doublement en découvrant son excitation quand elle écarte un peu les cuisses, pour facilité mon arrogance.

- Non ce n'est complètement fermé car justement le chalet reçoit de l'énergie de la ceinture planétaire, et avec cette énergie et les déchets, resynthétise de la nourriture, de l'eau, des habits, tout ce dont tu as bes... Mmm..

Enfin l'ai-je distraite !