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laisser un gros pourboire. Il se dit qu'il aurait fait un riche digne de ce nom, puis il se ravisa et se dit qu'il pouvait toujours devenir riche, et pour joindre les actes à la paroles il s'arrêta dans un café pour faire une grille de loto.

Il ne devrait rejoindre Carole que le lendemain matin à 10 heures 30 à Orly pour un départ à 11 heures 15, il avait alors presqu'une journée devant lui. Il se dit qu'il pouvait faire une visite à Stéphane, mais il se ravisa et préféra remettre ce projet à son retour du Sud, trop effrayé que Stéphane ne lui demandât de faire quelque chose pour lui. Il eut honte de cette pensée et se dirigea vers le cinéma du coin pour ne plus penser pendant un moment.

Il alla voir "Bruce tout puissant" et en ressortit souriant. Il faisait encore bien jour et il alla faire un tour à Velizy 2 et s'acheta quelques habits et deux nouveaux jeux, toujours sur l'argent de Fabrice. Il se dit qu'après tout ce serait bête de ne pas en profiter, et qu'il lui resterait largement assez pour les quelques jours dans le sud et les différents restaurants où il voudrait emmener Carole. Et puis elle n'avait pas l'air à ses yeux très fan de shopping, et il pourrait sans doute la satisfaire avec quelques fringues et deux trois bijoux.

Il ne voulait pas penser, il ne voulait pas penser à Stéphane, à Mathieu Tournalet, Fabrice Montglomeris, au vieux Théodore, ses mouches et ses incompréhensibles histoires, à ce Ylraw, mort ou ressuscité... Il ne voulait pas penser pourtant il ne se sentait pas las. Il se sentait fort, plein de courage pour résoudre ses énigmes, plein d'une force nouvelle pour démêler cette histoire, trouver qui était Seth, qui était Ylraw, et séduire Carole. Mais en cette fin d'après-midi du lundi 15 septembre, il s'imaginait dans le calme avant la tempête, et voulait profiter un peu de l'opportun répit qu'il pouvait s'accorder. D'autant plus opportun qu'il avait cinq mille euros en poche, ou presque.

Il rentra finalement chez lui, s'ouvrit une canette de coca et s'assit lourdement dans son canapé. Il ne déballa même pas ses deux nouveaux jeux vidéo, il resta là, profitant du calme. Il pensa à cette histoire, à son invraisemblance. Il perçut enfin la justification de tous ces films où il trouvait l'histoire tellement non plausible qu'il ne comprenait pas comment les héros pouvaient l'accepter. Il comprit

qu'on acceptait pas une histoire folle, qu'on la subissait simplement sans y croire, en espérant que tout se termine et retourne à la normale.

Allait-il attendre patiemment la fin, allait-il accepter sa brûlure, la mort de cet Ylraw, la duperie de sa relation avec Seth pendant quatre ans ? Sa brûlure le faisait toujours souffrir mais dorénavant il savait vivre avec cette tension, ou tout du moins le pensait-il. Elle le réveillait toujours la nuit, mais il voulait qu'elle ne soit qu'une marque du passé, qu'un souvenir d'une époque révolue, et surtout pas la marque d'un futur de damné. Pourtant.

Il y avait un dernier rayon de soleil qui traversait la fenêtre sud de son salon ; Thomas alla s'appuyer contre le mur pour en bénéficier. Il ferma les yeux et profita de ces derniers instants de chaleur sur sa peau. Il se dit qu'il devrait peut-être transformer cette fenêtre en baie vitrée pour profiter plus du soleil. Il s'étonna de sa nouvelle attraction par le soleil, de la douce sensation, presque nouvelle, qu'il ressentait une fois sous ses rayons.

Il eut envie, la lumière passant, de sortir pour saisir les toutes dernières faveurs du soleil couchant. Il eut la flemme et se rassit simplement dans le canapé. Mais sa brûlure lui fit mal, et, après dix minutes de patience en espérant que la douleur passe, il sortit finalement, traversa la cours et s'assit sur le petit muret qui lui permit de bénéficier de vingt minutes de Soleil en plus.

Il trouva en définitive cette situation ridicule et il rentra pour jouer à son nouveau jeu vidéo, jugeant avoir bien stupidement attendu jusqu'alors.

Il y passa trois heures, oubliant son appétit, sa fatigue, sa brûlure et surtout cette histoire. Il revint finalement dans la réalité en remettant la télévision et les informations du moment. Il était encore tôt mais il s'endormit.

Il fut surpris de ne se réveiller qu'à 8 heures le lendemain matin. Il expliqua cette nuit longue et reposante par la fatigue accumulée qui avait enfin le dessus sur ses insomnies chroniques. Il eut peur un instant d'être en retard, mais il ne devait être qu'à 10 heures 30 à