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payer en fonction de leur travail uniquement. Mais je sais au fond de moi qu'il me reste encore ces valeurs qui remontent à loin. Et je pense que ce serait mentir que de dire que je ne fais pas, parfois, involontairement, des choix qui sont sûrement un peu racistes. Je sais que c'est mal, mais je ne m'en rends pas compte.

- Je comprends tout à fait ce que tu veux dire, j'ai eu exactement le même problème avec la religion, et il m'a fallu très longtemps avant de vraiment me séparer de Dieu, ne plus penser qu'il est là, et être indépendant. Et je comprends que des gens, qui ont été toute leur vie dans un certain milieu, ne puissent pas changer comme ça du jour au lendemain, même si on les persuade qu'ils ont tort.

- Alors, pourquoi est-ce que tu n'as pas de copine ?... Ça te dérange que je te demande ça ?

- Non, non, en fait pour être franc, je suis impuissant, alors ce n'est pas très facile pour moi.

Elle ne sait pas quoi dire, apparemment gênée d'avoir posé la question. Je souris :

- En vérité je ne suis pas impuissant, mais j'ai l'impression que tu n'aimes pas trop les impuissants ?

- Salopard ! Tu te fous de moi !

Elle se jette sur moi, et s'ensuit une bataille dans l'herbe. Elle se débat la bougresse, mais après quelques minutes peuplées d'éclats de rire et de touffes d'herbes dans la bouche, je parviens à la maîtriser.

- Avoue-toi vaincue !

- Jamais ! Sache que jamais un homme ne matera Deborah Brownwood.

Et elle se remue de nouveau avec force, mais je tiens bon.

- Un homme peut-être pas, mais face à un petit rabougri, tu n'as aucune chance !

Avec un peu de mal, j'avoue, je parviens à la caler sur le dos,

moi assis sur son ventre, ses deux bras sous les miens, et mon torse contre sa tête pour la bloquer au sol. Elle remue et tente de se débattre pendant dix bonnes minutes, puis, dépitée, elle cède enfin.

- OK ! OK ! C'est bon on part d'ici, t'es le plus fort...

Je la libère, elle se lève apparemment très énervée. Je reste assis.

- Excuse-moi si j'ai blessé ton orgueil, je n'aurais peut-être pas dû toucher à "l'immatable" Deborah Brownwood, après tout.

Elle me lance des éclairs dans son regard, puis se rend compte alors qu'il est stupide de sa part d'être énervée pour si peu, et que ce n'est sûrement, effectivement, qu'un peu d'orgueil mal placé. Elle revient alors vers moi, me fait lever, m'attrape par le col et se place à quelques centimètres de moi pour me dire doucement d'une voix grave :

- Je te préviens, pied-tendre, si jamais tu t'avises de parler de ça à qui que ce soit, tu vas te réveiller vraiment impuissant un de ces prochains matins...

Sa bouche est à quelques millimètres de la mienne... J'ai des picotements dans le dos, comme une bouffée de chaleur. J'ai tellement envie de la prendre dans mes bras... Je ferme les yeux un instant. Mais je me reprends, je ne tente pas de l'embrasser. J'ai dit que je ne le ferai pas. Elle se rapproche encore, la bouche entr'ouverte, la tête se penchant un peu. Je la repousse.

- Non Deborah... Je... Faire ça ce serait accepter ton style de vie, et je ne le veux pas... De plus je te rappelle que ce soir tu vois Billy.

Cette fois-ci elle est vraiment énervée, et elle me repousse violemment en grognant avant de remonter sur son cheval sans dire un mot. Nous reprenons alors le chemin du ranch. Ted, Peter et Billy sont déjà là. Deborah va se doucher et se changer et part avec Billy. Quant à moi je fais de même mais pars avec Ted et Peter, c'est moins glamour. Nous discutons tout au long de la soirée de ce que je fais, mon travail, ma vie... Ils sont plus intéressants que je ne l'eus