ne soit qu'un voyage d'affaires. Bien sûr il était opposé à l'autre personne quand il m'a retiré mon bracelet et son appartement était presque vide de tout à part cette valise mais il n'était peut-être vraiment que de passage et habite vraiment Dakar. Toutefois il est censé être un employé du Pentagone. Et la somme d'argent en liquide vient épauler l'hypothèse d'un départ pas tout à fait classique, d'autant plus que la destination finale n'est pas anodine. Je pourrais éventuellement trouver des informations complémentaires à l'aéroport, mais je me suis déjà fait avoir une fois à Paris avec une combine de ce genre, à Charles de Gaulle. Peut-être devrais-je tenter de traduire ces cahiers ; ils contiennent certainement des informations intéressantes. Quelques minutes me sont encore nécessaires pour finalement décider de quitter la ville dans un premier temps, trouver une autre ville un peu plus loin et y essayer de faire traduire ces cahiers. S'il n'y a rien de probant je rentrerai alors à Paris, sinon j'aviserai en conséquence pour voir si je vais à L.A. ou Dakar. Concernant la voiture il faudrait que je l'abandonne sur une fausse piste, au cas où ils la recherchent. En attendant je dois avoir quelques heures de tranquillité que je peux passer à rouler vers le Sud, et dans trois heures je chercherai un autre moyen de transport.
Tout se passe plutôt bien, j'arrive à Richmond vers 15 heures 40. Je laisse la voiture en centre ville et pars à la recherche d'un bus. Une autre interrogation me turlupinant est que je ne sais pas quelles villes se trouvent à une distance raisonnable au sud de Richmond. Et puis je pourrais aussi aller vers l'est ou vers l'ouest, après tout quelle importance ? En marchant à la recherche d'une maison de la presse, d'un vendeur de journaux ou de livres auquel je pourrais acheter une carte, je ralentis à une sorte d'arrêt de bus. Un des bus est ouvert avec un chauffeur qui a l'air de ranger ou de faire le tour des sièges pour vérifier que rien n'a été laissé par les passagers. Je monte. Il m'interpelle en anglais :
- Non non monsieur, terminus, ce bus ne va plus nulle part.
- Bonsoir oui excusez-moi, je voudrais juste savoir quel est le prochain départ et quels seront les arrêts ?
- Ah le prochain départ c'est demain matin 6 heures monsieur, et les arrêts sont...
Je ne comprends pas la moitié des villes ou des arrêts qu'il donne et distingue juste plus ou moins le terminus.
- ...et terminus Raleigh.
Raleigh ? Je ne crois pas que je connaisse, pourtant ce nom me dit quelque chose. Mais en repartant pour trouver une carte des USA je me dis qu'au pire je saurais que je peux partir d'ici demain matin avec ce bus. Promenade en centre ville, je trouve finalement un magasin où m'acheter une carte. Raleigh est une ville un peu plus au sud. Elle fera impeccablement l'affaire. Elle a tout l'air de ne pas être si grande, c'est parfait. En attendant je cherche un hôtel pour la nuit, et de quoi faire quelques courses de nourriture pour le soir et le lendemain. Je débourse cinquante dollars dans un hôtel modeste où il faut payer en avance ; pour une nuit il me suffira amplement. De toute façon j'explique au maître d'hôtel que devant partir pour 5 heures le lendemain il est plus judicieux que je le paye en avance. Je retourne par la suite là où j'avais trouvé le bus pour voir s'il faut acheter les billets dès à présent mais tout étant fermé et ne trouvant personne sur place, je remets ce détail pour le lendemain, me promettant d'arriver en avance.
Un peu de tranquillité, enfin. Une bonne douche puis une nuit sans encombre le ventre plein, voilà quelques jours que ça ne m'était pas arrivé... Lundi 4 novembre, lever 5 heures, l'arrêt de bus est à vingt minutes à pied. Je déjeune avec des donuts que j'ai achetés la veille. Départ du bus à 6 heures passées. Je fais le voyage à côté d'un couple bien américain qui me raconte sa vie. Tant mieux plus ils parlent moins j'en dis sur moi. J'invente tout de même une histoire, que je suis à la recherche de mon père, que je viens d'Europe et que j'ai gagné ma carte verte à la loterie machin, bref je baratine en attendant d'arriver à Raleigh. Mais ils ne sont pas très curieux et je n'ai pas besoin de détailler beaucoup. Finalement le nombre d'arrêts n'est pas très important et le trajet est principalement constitué d'autoroute. Il nous faut à peu près quatre heures de route et nous arrivons à Raleigh vers les 10 heures passées. Ce n'est pas gros sur une carte mais c'est quand même une ville assez conséquente. Première étape, recherche d'un hôtel, il faut que j'en choisisse un pour quelques jours cette fois-ci. Ensuite je partirai en quête de