Malheureusement je ne me suis aperçu qu'à ce moment là que la bouche d'aération était plus petite que je ne l'avais imaginée, et que nous ne nous y glisserions pas si facilement que ça, même si l'option restait envisageable ; Je n'avais guère envie de finir bloqué dans un tuyau à je ne sais pas combien de mètres sous terre. J'ai changé mes intentions et en premier lieu j'ai tenté de m'attaquer à l'une des portes cloisonnées, celle à l'opposé de celle par laquelle nous étions arrivés, elle semblait être la moins bloquée et plus susceptible de constituer un échappatoire. Nous avons poussé à plusieurs reprise un bac rempli contre cette porte, et les barres ont commencé à céder, nous donnant bon espoir. Il nous fallait faire vite nous entendions les hommes eux aussi sans doute en train de projeter par répétition quelque chose contre la porte. J'espérais simplement que ce n'était pas le bac dans lequel ils avaient mis ton corps. Mais dans l'urgence je n'avais pas vraiment le temps pour ce genre de pensée et je redoublais d'efforts. Quand enfin la porte a commencé à céder, une puissante aspiration s'est faite sentir, comme si l'autre côté était dépressurisé. Il a fait rapidement très froid dans la pièce, mais les combinaisons nous protégeaient efficacement. À ce moment j'ai entendu les hommes cesser de taper contre la porte et crier d'affolement sans doute suite à l'aspiration qui a suivi à leur niveau, une fois l'air de notre cellule épuisé. Pas totalement épuisé toutefois car nous pouvions encore respirer, même si la quantité d'oxygène disponible était sans doute bien moindre, à la vue des halètements que nous devions faire. Quand il y a eu assez d'espace pour me laisser glisser une barre de fer entre la porte et la paroi, je m'en suis servi de pivot et j'ai réussi à ménager rapidement assez de place pour que nous pussions nous faufiler Naoma et moi.
Mais nous n'étions pas pour autant sortis d'affaire. La lumière s'échappant par l'ouverture faite nous permettait à peine de distinguer le gouffre devant nous. Il faisait horriblement froid, et il nous était toujours aussi difficile de respirer, nous ne pouvions rester là très longtemps, il nous fallait une issue.
Après quelques dizaines de secondes nos yeux se sont accoutumés un peu plus à l'obscurité, et j'ai distingué alors que nous nous trouvions vraisemblablement dans une ancienne section des locaux sans doute détruite par une explosion ou un effondrement. Cela se présentait
comme un trou conique dont je ne distinguais pas le sommet. Au niveau où nous nous trouvions, le tour était constitué des restes des parois métalliques, et en face il me semblait distinguer la suite du couloir. Nous pouvions faire le tour, il restait suffisamment de sol praticable sur le bord pour arriver jusqu'à l'autre côté. Mais si cette zone était vraiment condamnée, je pensais que nous ne trouverions rien en allant plus avant. D'autant que vues les conditions de froid et de manque d'oxygène, je n'avais aucune idée à combien de centaines de mètres voire de kilomètres nous nous trouvions sous terre.
La température était vraiment glaciale, il devait largement faire en dessous de zéro ; Naoma tremblait de froid. Elle m'a montré du doigt le fond du trou en me demandant de regarder. On n'y distinguait de la lumière à quelques dizaines de mètres en contrebas. Pour arriver là-bas il nous faudrait descendre la paroi, mais les pierres et les rochers éboulés ne devraient pas nous rendre la tâche trop dure. Il nous fallait juste espérer que tous ces gravas n'allaient pas s'effondrer de nouveau sous notre poids.
De toute façon nous ne pouvions pas attendre, et si les hommes semblaient avoir abandonné l'idée de nous poursuivre, c'était sans doute car ils ne donnaient pas cher de notre peau une fois ici. J'ai entraîné Naoma avec moi et nous nous sommes lancés dans la descente, en direction des lumières. Ça a été très dur, j'avais les doigts gelés, un mal fou à respirer. De nombreux cailloux roulaient sous nos pas et dévalaient la pente pour tomber avec fracas au fond de la cavité. Je me forçais à respirer très rapidement pour ne pas perdre connaissance, et malheureusement ce n'a pas été le cas de Naoma, qui s'est évanoui vers le milieu de la pente. Je ne pouvais pas la prendre avec moi, j'avais peur de m'évanouir à mon tour. Elle était juste en dessus de moi et je l'ai secouée vigoureusement pour tenter de la réveiller, mais rien n'y a fait. Soudain j'ai tendu l'oreille, j'ai cru en effet entendre mon nom ! J'ai pensé tout d'abord à une hallucination mais j'ai entendu encore plus clairement quelqu'un criant "Erik" à répétition. Bakorel ! Bien sûr ce ne pouvait être que lui, il avait sans doute entendu le tapage de notre évasion, et connaissant les plans des bâtiments il tentait de nous retrouver. Je criais à mon tour son nom. Il s'est guidé fortuitement grâce à ma voix jusqu'à ce que la sienne devînt claire. Il était juste en dessous de nous. Il a alors crié