page 418 le patriarche 419

- La devant ! Enfin je ne suis pas sûre que ce soit un léopard, il m'a l'air plus gros que ceux que nous avons déjà vus.

- Je vais jeter un oeil, restez-là, ne bougez pas, attendez-moi, gardez mon sac et la nourriture.

Erik laisse son sac et part avant que je n'ai le temps de lui dire qu'il vaudrait mieux que nous restions ensemble. Nous attendons cinq minutes, en silence. Soudain j'aperçois une ombre un peu plus haut sur le flanc de la montagne en avant :

- Mince, regarde, il est en-dessus ! Je vais prévenir Erik, ne bouge pas !

Je laisse aussi mon sac à Naoma et je cours rapidement dans la direction prise par Erik à l'intérieur de la forêt. Je le trouve sans peine à quelques centaines de mètre de là, à l'affût dans un fourré.

- Erik, viens, il est au-dessus, en nous séparant nous le coincerons et l'attraperons sans...

Erik me coupe.

- Où est Naoma !

- Et bien elle est restée derrière, avec les sa...

- Il n'est pas en dessus ! Il faut retourner avec elle ! C'en est un autre, un plus gros, je n'ai jamais vu un truc par...

Nous sommes coupés par un cri. Un cri de Naoma.

- Mon Dieu !

Erik court à toute vitesse, je lui emboîte le pas mais il est plus grand et j'ai du mal à le suivre. Quand nous sortons de la forêt nous n'apercevons plus Naoma, nous accélérons encore, pour, une petite bute passée, voir cette bête, cet immense bête noire, presque de la taille d'un lion, peut-être plus grosse, tirer le corps de Naoma la gorge dans sa bouche. Erik crie, la bête surprise lâche sa proie et se retourne vers nous, prête à se défendre. Mais notre rage et nos cris doivent l'effrayer, elle se recule doucement vers la forêt. Quand je

suis sûr de ne pas pouvoir blesser Naoma, je lui projette ma lance, qui la touche dans la patte arrière. La bête pousse un grognement assourdissant. Erik va directement auprès de Naoma, et je tente moi de tuer ou tout du moins mettre en fuite cette bête. Mais blessée et surprise, elle n'attend pas son reste et bondit dans la forêt. Je la poursuis quelques secondes pour m'assurer qu'elle ne reviendra pas, et je retourne rapidement voir Erik et Naoma.

J'arrive trop tard. Erik est prostrée sur elle. Il se retourne vers moi, les yeux en pleurs.

- Elle est morte... Ses dernières paroles furent : "Désolé, Erik".

Les forces me quittent, je laisse tomber ma hache. Je m'approche d'elle.

- Mais non, mais... Non, elle, on peut sûrement.

Erik m'empêche de m'approcher.

- Non ! Elle est morte, OK ? Morte ! Par ta faute !

Je ne peux rien dire. Je reste là, sans voix, regardant Erik pleurer sur son amour... Naoma...

- Peut-être que, peut-être qu'on peut la mener jusqu'à ce village, peut-être que... Peut-être qu'ils ont des tubes, peut-être qu'ils pourront la sauver, la guérir ?

- Ta gueule ! Tais-toi ! Tais-toi... Casse-toi !

Et le paradis s'est transformé en enfer...